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Présidentielle au Chili: Evelyn Matthei, à droite toute

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C’est un scrutin symboliquement fort qui se joue ce dimanche au Chili, pour le premier tour – et peut-être le seul – de l’élection présidentielle.

Destins croisés

La socialiste Michelle Bachelet, 62 ans, première femme élue à la tête d’un pays sud-américain en 2006, qui jouit d’une grande popularité et part favorite de ce scrutin selon les derniers sondages, affrontera la candidate de droite, Evelyn Matthei, 60 ans, ancienne ministre du Travail et membre du parti conservateur de l’Union démocrate indépendante (UDI).

Si les chemins des deux femmes se sont croisés pendant leur enfance sur la base militaire aérienne de Cerro Moreno, où leurs pères, Alberto Bachelet et Fernando Matthei, étaient tous deux en poste, ils se sont ensuite séparés au moment du coup d’État d’Augusto Pinochet, le 11 septembre 1973. Alberto Bachelet, resté fidèle au président socialiste Salvador Allende, est arrêté, torturé et incarcéré dans la prison même où travaille Fernando Matthei, qui intègre alors la junte militaire du dictateur.

Fille d’un proche de Pinochet

Née le 11 novembre 1953 à Santiago, Evelyn Matthei est la fille d’Elda Fornet Fernandez et de Fernando Matthei Aubel, général à la retraite de l’Armée de l’Air, ancien ministre de la Santé, membre de la junte militaire et commandant en chef de l’armée de l’air chilienne durant le régime militaire d’Augusto Pinochet.

Un passé qui « fait tâche » dans le parcours d’Evelyn Matthei, qui se garde généralement d’évoquer la question gênante de la participation de son père à l’une des pires dictatures qu’ait connue l’Amérique du Sud.

Parcours musical et économique

Après avoir étudié le piano et la musique au Chili, la jeune Evelyn Matthei s’installe en Angleterre où elle poursuit ses études musicales et travaille comme traductrice à l’ambassade du Chili au Royaume-Uni. À son retour, elle rejoint l’Institut d’économie de l’Université catholique du Chili et obtient un diplôme d’économie en 1979.

Parallèlement à ses études universitaires, elle exerce comme assistante de professeur pour des cours de gestion de l’organisation, d’introduction à l’économie et de théorie et politique monétaire. Elle participe également à une étude sur la pauvreté en Amérique latine, sous la direction d’Oscar Altimir et Sebastian Piñera, futur président de la République du Chili.

Après avoir enseigné un temps à l’Institut d’économie de l’Université catholique du Chili, elle travaille pour les Etablissements commerciaux, touristiques et d’assurance Bancard, puis devient conseillère auprès du Conseil économique et social (CES) en 1988.

1988 : l’entrée dans la vie politique

Evelyn Matthei commence en 1988 son parcours politique en entrant dans le parti de centre-droit, le parti de la Renovation nationale (RN). Cette même année, elle vote le « oui » au référendum plébiscitant la poursuite du régime d’Augusto Pinochet.

Un « oui » critiqué pendant la campagne de 2013 pour la présidentielle. La candidate de droite s’est cependant justifiée, déclarant qu’elle n’avait pas défendu Augusto Pinochet, mais le droit pour le Chili de décider seul – sans pression de l’Espagne ou de l’Angleterre – de son avenir.

En 1993, elle démissionne du parti de la Rénovation nationale après avoir appris son implication dans un scandale politique connu sous le nom de « Piñeragate » – un scandale d’écoutes téléphoniques impliquant l’actuel président Sebastian Piñera.

Candidate à l’élection présidentielle

Élue sénatrice en 1997, elle entre finalement dans le parti de droite de l’Union démocrate indépendante en 1999. Réélue sénatrice en 2005 pour la circonscription de la région de Coquimbo, au centre du pays, elle devient présidente de la commission des finances du Sénat en 2009. Elle est la première femme à occuper ce poste. Le 16 janvier 2011, Sebastian Piñera la nomme ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

Après le désistement de Pablo Longueira, Evelyn Matthei est désignée le 20 juillet 2013 comme candidate à l’élection présidentielle chilienne par la Coalition pour le changement, qui regroupe la Rénovation nationale (RN) et l’Union démocrate indépendante (UDI). Elle est la première femme désignée comme candidate des partis de droite à l’élection présidentielle.

Dans son programme, Evelyn Matthei propose une amélioration des salaires et des retraites et la création de nouveaux emplois, notamment pour les femmes, l’ouverture de nouveaux dispensaires de santé publics, un renforcement de la sécurité et de la lutte contre la délinquance dans les villes, des aides supplémentaires pour les écoles publiques, et un soutien financier renforcé aux régions.

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