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Quand la contestation n’attend plus l’appel des syndicats

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Tout a commencé, en septembre 2012, par le réveil des « pigeons ». Craignant que l’alignement de la taxation du capital sur celle du revenu, prévue par le Budget 2013, ne décourage ceux qui voudraient monter leur entreprise, des entrepreneurs ont choisi de fédérer leur contestation sur les réseaux sociaux pour alerter les médias. Le groupe des « pigeons », sur Facebook, et le compte Twitter #geonpi, ont reçu, en quelques semaines, le soutien de milliers d’entrepreneurs. Devenu un large mouvement de défense des entrepreneurs, la contestation a pris une telle ampleur que le gouvernement a été obligé de prendre en compte leurs revendications.

Si la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME) et le Medef ont soutenu le mouvement, les « pigeons » ont bel et bien été une initiative indépendante et spontanée. Un groupe de pression inédit. Une première.

#pioupiou : la colère des auto-entrepreneurs

Etant donné le succès de l’opération des #geonpi, de nouvelles initiatives ont été lancées pour interpeller le gouvernement et les médias. La mobilisation des « Poussins » (#pioupiou sur Twitter), ces auto-entrepreneurs farouchement opposés à tout projet de loi qui viendrait détricoter le statut d’auto-entrepreneuriat en France, a connu, de ce point de vue, un succès certain, cet été.

« Nous avons choisi l’image des Poussins, car ils représentent symboliquement les auto-entrepreneurs : ils sont de petite taille mais ils vont devenir de grands Coqs, ils représentent la croissance de demain », expliquaient les auteurs de la pétition contre le projet de loi visant à réduire la durée du statut auto-entrepreneur, signée par 120 000 personnes. Leurs revendications seront entendues par Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme et Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif mais pas entièrement satisfaites.

Les bonnets rouges

Le bonnet rouge, symbole de la lutte bretonne contre l’écotaxe, a fait son apparition fin octobre. Assemblage hétéroclite de politiques, responsables paysans, syndicaux et de chefs d’entreprises, « les bonnets rouges » n’ont pas été soutenus par la CGT, Solidaires et FSU, car le rassemblement de Quimper, le 26 octobre dernier, réunissait plusieurs organisations patronales. Ce qui n’a pas empêché le mouvement de connaître un immense succès et de faire des émules. Au-delà de l’écotaxe, le bonnet rouge est devenu le symbole de la grogne fiscale.

Cependant, afin d’éviter toute récupération, le mouvement, issu du collectif « Vivre, travailler et décider en Bretagne », a décidé de se doter d’une charte qui repose sur les valeurs d’humanisme, de justice sociale ou d’ouverture. « Même s’il faut relativiser ces récupérations par l’extrême droite de l’emblème du bonnet rouge, nous ne voulons pas, non plus, que ce mouvement échappe à ses organisateurs », a expliqué Christian Troadec, le maire de Carhaix, et chef de file des Bonnets rouges.

« Bricoleurs du dimanche »

Initiative inédite encore : le collectif des « Bricoleurs du dimanche ». Frappés par la justice d’une interdiction de travail dominical, Castorama et Leroy Merlin avaient choisi de continuer à ouvrir certains de leurs magasins en Ile-de-France, et ce malgré la menace d’une astreinte de 120 000 euros par magasin et par dimanche ouvert. A la tête de cette fronde, non pas des patrons, mais des salariés qui revendiquaient le droit de pouvoir travailler. Leur slogan : « Yes, Week-end ! »

Là encore, les syndicats n’ont pas participé à la contestation. « On ne sait plus quoi leur dire aux syndicats, ils nous traitent de tous les noms », avait alors expliqué le porte-parole du collectif à JOL Press. « On aimerait bien qu’ils viennent nous défendre, discuter avec nous, ils sont dans une position complètement dogmatique qui est confortable parce qu’ils nous disent que la loi, ils ne vont pas nous aider à la changer ». « C’est dommage parce qu’en tant que salariés, on aurait voulu trouver une oreille beaucoup plus attentive de la part des syndicats. »

Les autres…

La liste est encore longue des mouvements en colère contre la politique du gouvernement : le collectif des « dindons » pour la refondation de l’école, celui des frontaliers qui « ne veulent pas se faire plumer » et des employés à domicile, les « abeilles » qui regroupent des salariés de compagnies d’assurance, d’entreprises de courtages et de mutuelles, les « moutons » qui dénoncent une hausse de leurs cotisations pour le Régime social des indépendants (RSI), ou encore les « Tondus », petits entrepreneurs qui ont décidé de ne plus payer leurs charges patronales.

Absents de ces initiatives, les syndicats ne devraient-ils pas revoir la gestion d’intérêts qu’ils estiment défendre ?

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