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Remaniement ministériel: François Hollande ne cèdera pas aux pressions

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Selon le député socialiste Jean-Marie Le Guen, François Hollande n’a pas un problème d’ « autorité », mais c’est « un médecin ancienne formule, qui ne veut pas trop dire que la situation est dangereuse pour le malade ». « Il faut une médecine plus moderne », a-t-il déclaré dans une interview au site internet de L’Opinion, mercredi 13 novembre. « Il faut un geste, un nouveau discours politique ». « L’idée du remaniement peut correspondre », a-t-il ajouté.

Politique pas assez assumée

Selon Jean-Marie Le Guen, le véritable problème de l’exécutif c’est que sa politique « n’est pas suffisamment assumée ». « Le gouvernement doit davantage assumer sa politique de redressement productif, qui privilégie la compétitivité de notre industrie, et n’a pas pour objectif de distribuer plus de pouvoir d’achat. Il faut sortir d’une certaine ambiguïté », avait-il expliqué à l’Opinion.

« Par ailleurs, il y a besoin d’une clarification par rapport à une partie du groupe socialiste », avait-il ajouté. « Il y a un gros traumatisme sur la réforme des retraites, qui n’a pas été votée par 17 d’entre nous. Cette attitude a choqué beaucoup de députés socialistes. Il faut un nouveau fonctionnement du groupe, une clarification. » Mais le député de Paris est-il isolé ou son discours trouve-t-il un écho ? le 17 octobre dernier, il publiait avec une dizaine de députés, dont Gérard Collomb, le maire de Lyon, un manifeste invitant la majorité à « sortir d’une certaine ambiguïté ». Ce manifeste, qui avait fortement déplu du côté de l’Elysée, était pourtant révélateur de ce malaise que la majorité traverse.

Solidarité ou demande de remaniement ?

La candidate socialiste à la mairie de Paris Anne Hidalgo conseillait au chef de l’Etat, dimanche, au micro d’Europe 1, d’opter pour « une équipe sûrement plus resserrée, plus à la tâche, plus mobilisée, une vraie équipe politique, dans laquelle les ministres aient réellement un poids sur leur administration ». « Il y a des gens sur le banc de touche et quand on est essoufflé, il faut peut-être changer les hommes », a-t-elle ajouté. Plus violement encore, le député PS de l’Essonne Malek Boutih estimait, lundi 11 novembre, dans un entretien au Parisien, qu’il fallait « remplacer Jean-Marc Ayrault d’urgence ».

« Que l’on fasse rentrer dans le gouvernement ce qu’on appelle des poids lourds en politique, Martine Aubry, Delanoë, des gens d’expérience, ça me paraîtrait une bonne idée », déclarait, la semaine dernière, le député PS, Patrick Mennucci, au Talk Orange-Le Figaro. Et l’idée semble populaire puisque, selon un sondage Ifop-Paris Match publié mardi, 59% des Français seraient favorables à un remaniement ministériel.

Les apôtres de l’unité derrière l’exécutif

La grande majorité des élus socialistes, cependant, préfère se ranger derrière la volonté du chef de l’Etat et jouer la carte de l’unité. Pour Bertrand Delanoë, maire PS de Paris et mentor d’Anne Hidalgo, il ne faut pas critiquer publiquement le gouvernement. « Je suis en règle générale d’accord avec Anne Hidalgo », a-t-il estimé sur Europe 1, mercredi 13 novembre. « Je pense simplement que si j’ai des suggestions à faire au président de la République ou au Premier ministre, je leur ferai à eux. » Et d’ajouter : « Je pense que le président de la République, avec courage, tient bon et il a raison. Et nous tous, on doit faire preuve d’esprit de responsabilité. »

Un avis que partage le député PS, Jean-Christophe Cambadélis. Sur RTL, le 7 novembre dernier, il estimait qu’il était indispensable de défendre la politique gouvernementale. « On ne réagit pas, on est dos au mur comme si notre bilan ne pouvait être défendu devant les Français ». Et de lancer à l’égard de ses camarades socialistes : « Battez-vous, défendez le gouvernement, c’est le vôtre, il agit pour l’avenir de la France ».

Pour lui, la solution est toute trouvée : « Si des dizaines de socialistes se lèvent, si les députes sortent de leur tranchée pour défendre la politique que nous menons – c’est bien le moins, c’est pour ça qu’ils ont été élus – ça va changer. »

Et le chef, que dit-il ?

La ministre déléguée aux personnes âgées, Michèle Delaunay, a expliqué que si elle avait pu décider, Malek Boutih aurait pris la porte : « Je l’aurais immédiatement exclu, ou au minimum suspendu du PS », a-t-elle souligné, dans une série de questions-réponses avec le Lab sur Twitter. Mais François Hollande n’a pas directement réagit. Selon plusieurs sources, le chef de l’Etat n’aurait pas téléphoné à Malek Boutih pour le rappeler à l’ordre. Le mépris plutôt que la confrontation. Ce qui ne veut pas dire, pour autant, que François Hollande n’est pas préoccupé par la situation.

Le remaniement, il y pense, mais ne veut, en aucun cas agir, sous la pression. « Ne jamais céder devant les pressions, d’où qu’elles viennent », lançait-il, le 11 novembre dernier, à Oyonnax. « Ce serait céder à ceux qui sont à l’origine des perturbations du 11 Novembre », explique un ministre, au quotidien Les Echos. Il est donc fort à parier que François Hollande attendra encore avant de changer son équipe. Et ce ne sont pas quelques élus socialistes qui lui feront changer d’avis…

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