Site icon La Revue Internationale

Sida: l’arrivée des autotests en France en 2014

[image:1,l]

JOL Press : La libre circulation des autotests prévue en 2014 est-elle une bonne nouvelle pour la lutte contre le VIH ?
 

Christian Andreo : Clairement oui. A l’heure actuelle, tout ce qui peut contribuer à renforcer l’accès au dépistage du VIH est une bonne chose. Les autotests vont contribuer à améliorer la précocité et la fréquence du dépistage. Il faut savoir que plus le diagnostic de séropositivité est précoce, plus la prise en charge des patients est meilleure.

Sans être une solution miracle, il agit comme un outil complémentaire nécessaire. Il faut tout de même absolument maintenir le travail des centres de dépistage en parallèle. Si on se réfère au modèle des Etats-Unis – où il est en libre commercialisation depuis 1996 -, ce n’est pas l’autotest qui a fait la politique de santé publique. Il est important qu’il s’insère donc dans une politique globale, avec une offre de dépistage pour tout le monde.<!–jolstore–>

JOL Press : Justement quelles sont les personnes qui sont le plus susceptibles d’être attirées par ce nouveau dispositif de dépistage du VIH ?
 

Christian Andreo : Nous ne pensons pas que l’utilisation des autotests va se généraliser et s’automatiser pour chaque personne. Ce dispositif est clairement destiné aux personnes qui ont une vie sexuelle très active, et qui ont très souvent recours à des tests de dépistage.

JOL Press : A quel degré estimez-vous la fiabilité de ce nouveau dispositif ?
 

Christian Andreo : Pour le moment, nous ne connaissons pas exactement les différents produits qui vont entrer sur le marché de la libre-commercialisation. Plusieurs méthodes satisfaisantes sont aujourd’hui disponibles. AIDES, dans ses centres de dépistage, utilise une technique très fiable et facile d’utilisation. Nous prélevons quelques gouttes de sang, qui, mélangées à un réactif, révèlent si la personne est contaminée ou non par le VIH.

Il existe également une autre méthode, les tests salivaires, un peu moins performante, mais tout de même satisfaisante. La principale confusion règne dans le fait que beaucoup de personnes pensent que si on pratique un test salivaire, cela s’explique par le fait que la salive est un liquide où le VIH est présent, et donc devient contaminant. Or, ce n’est absolument pas le cas.

Si les autotests permettent d’obtenir rapidement un résultat sur la présence d’anticorps spécifiques produits en cas d’infection par le VIH, ils ne sont détectables avec fiabilité, que deux à trois mois après la transmission du virus. Par ailleurs, il est nécessaire de confirmer le résultat, s’il est positif, par une analyse de sang.

JOL Press : Pour vous, quelles sont les conditions d’encadrement sine qua non à la mise en libre circulation des autotests ?
 

Christian Andreo : L’encadrement du dispositif est déterminant au succès de la lutte contre le VIH. Il est tout d’abord nécessaire que la personne qui effectue son test, seule à son domicile, puisse disposer d’un soutien moral immédiat. Aux Etats-Unis, il existe une hotline disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. En plus de cet accompagnement psychologique, la personne doit être guidée sur la marche à suivre pour obtenir des soins et mise en contact avec des associations compétentes.  A ce sujet, les notices d’explications doivent être également très claires et aborder toutes les questions, de la plus simple à la plus sensible.

Deuxièmement, le financement du dispositif doit être éclairé. Il serait logique que l’industrie des producteurs de tests appuie financièrement le processus de fabrication des autotests de dépistage du VIH qu’elle vend par la suite.  Par ailleurs, les tests ne doivent pas conduire à une sélection « par argent » : il faut déterminer la part de prise en charge par l’Etat, et son prix ne doit en aucun cas être un obstacle à son achat.

Propos recueillis par Carole Sauvage pour JOL Press

Selon l’InVS, en 2012, 6 100 personnes ont découvert leur séropositivité. On estime à 50 000 personnes le nombre de personnes qui vivent avec le VIH et l’ignorent.

Quitter la version mobile