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Vers un génocide en Centrafrique?

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La République centrafricaine vit dans le chaos le plus total depuis la chute du président François Bozizé, en mars dernier. La situation ne va pas en s’améliorant et pourrait même se détériorer de nouveau. C’est en ces termes qu’un responsable de l’ONU a voulu alerter la communauté internationale, parlant même de génocide.

Les rebelles ont bouleversé l’ordre établi en République centrafricaine

« Certains groupes armés tuent sous couvert de leur religion. Mon sentiment est que les communautés chrétiennes et musulmanes vont finir par s’entretuer », a ainsi déclaré Adama Dieng, chargé de la prévention des génocides aux Nations Unies, vendredi 1er novembre. « Si nous n’agissons pas maintenant promptement, je n’exclus pas l’éventualité qu’un génocide ait lieu en République centrafricaine », a-t-il ajouté, alors qu’il sortait d’une réunion informelle du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Centrafrique.

Si le chaos en République centrafricaine n’est pas nouveau, c’est bien depuis le départ de l’ancien président que la situation a commencé à se dégrader. Dès le mois de décembre 2012, une rébellion appelée « Séléka » a commencé à conquérir tout le pays, se dirigeant vers la capitale, Bangui. En janvier, des forces françaises avaient d’ailleurs été déployées sur place afin de venir en aide aux quelques mille ressortissants français vivant sur place.

En mars, cette rébellion avait fini par prendre le pouvoir, en renversant le président Bozizé. Depuis, c’est le chef de la Séléka, Michel Djotodia, qui tient lieu de président de transition, avant des élections qui, selon de récentes annonces, devraient se tenir courant 2015.

Chrétiens et musulmans s’entretuent

Si chrétiens et musulmans ont toujours vécu en bonne intelligence en République centrafricaine, ces événements ont pourtant mis ces deux communautés face à face et les affrontements se sont alors succédés.

« Une fracture s’est faite », explique ainsi, Ilhame Taoufiqi, reporter à TV5Monde, dans une interview retranscrit sur le site de la chaîne d’information. « Quand la Séléka est arrivée à Bangui, c’étaient les missions catholiques et les quartiers chrétiens qui étaient pillés », explique-t-elle, estimant qu’à l’origine ces pillages étaient d’ordre purement économique.

Cependant, « la Séléka est en grande majorité composée de musulmans » qui « ne vont pas forcement piller leur coreligionnaires ».

Mais aujourd’hui la donne a changé. « Tous les musulmans sont apparentés à des collabos, à des soutiens de la Séléka », estime cette journaliste.

La Séléka « est considérée comme une force d’occupation et de l’autre côté, ces anti-Balakas se sont constitués en milice d’autodéfense ».

« Nous sommes dans cette rhétorique-là : des résistants, des forces d’occupation. Ils s’en prennent aux musulmans qu’ils considèrent comme des collabos. Les Sélékas s’en prennent aux chrétiens. Et on en arrive à une guerre confessionnelle mais non pour des motifs religieux, des raisons de foi mais plutôt pour des motifs politiques », conclut alors Ilhame Taoufiqi.

La CPI va examiner le cas de la Centrafrique

En attendant la prochaine échéance électorale, une force panafricaine est présente sur place pour aider au retour à l’ordre. Cependant, force est de constater que cette force, qui devrait d’ailleurs être renforcée par un contingent français, ne parvient pas à remettre de l’ordre dans le pays.

Selon  Adama Dieng, il faut également mettre en place une mission de maintien de la paix, menée par l’ONU, pour permettre d’agir en faveur du retour à l’ordre constitutionnel en Centrafrique. C’est en ces termes que ce responsable de l’ONU s’est exprimé, ainsi que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a rendu visite au président Djotodia au mois d’octobre.

La force de l’ONU pourrait, si une résolution est votée au Conseil de sécurité, comprendre 8 000 à 10 000 hommes et être déployée rapidement, dans le courant du mois de novembre.

En parallèle, c’est la Cour pénale internationale qui devrait être mise à contribution afin de juger « les responsables » des « crimes atroces » qui ont été commis tant par des chrétiens que des musulmans, depuis ces derniers mois.

La CPI a d’ores et déjà entendu l’appel de l’ONU puisque la procureure générale, Fatou Bensouda, a assuré que la justice internationale examinerait « le cas de la République centrafricaine ».

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