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A Drancy, Bahreïn rend hommage aux martyrs de la Shoah… Une main tendue?

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Ce lundi 9 décembre à 17h30, l’Ambassadeur du Royaume de Bahreïn, son Excellence Naser Mohammad al-Belooshi, accompagné d’une dizaine de personnalités arabes, visitera le Mémorial de la Shoah de Drancy et déposera une gerbe au nom de son gouvernement devant le fameux wagon, symbole de la déportation des Juifs.

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A ses côtés, son Excellence l’Ambassadeur pourra compter sur la présence d’Hassen Chalghoumi, l’iman de Drancy, et de Marek Halter, « le guide de ce voyage improbable dans la mémoire ».

Une image, un symbole…

Bahreïn est un pays musulman très proche de l’Arabie Saoudite et  certains ne manqueront pas de s’étonner de voir son représentant en France tendre la main de manière aussi symbolique au Peuple juif. On pourrait s’en étonner, s’en étonner pour mieux s’en féliciter. Oui,  une image forte pour un symbole fort face à une réalité bien difficile.

Comme une histoire alternative…

Cela ne suffira à faire disparaître une triste réalité que certains feignent parfois d’ignorer, la prolifération du négationnisme au sein de l’opinion publique arabe, dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Une triste réalité mais une réalité.

Dans ce contexte, tout ce qui adresse un message clair et fort ne saurait qu’encourager la connaissance et le respect mutuel entre Musulmans et Juifs. Ce n’est pas la première fois que le Bahreïn prendra sa part dans ce mouvement de l’Histoire vers la compréhension et le respect inter-religieux. En 2009, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah lançait le projet Aladin visant à produire des informations historiquement fiables sur la Shoah en arabe, en persan et en turc. Son Altesse Royale la Princesse Haya Rashid Al-Khalifa du Bahreïn avait assisté à la présentation de ce projet à la Maison de l’UNESCO, manifestant la bienveillance des autorités de son pays.

Une affaire interne…

Malgré le symbole fort, les esprits cyniques chercheront forcément à trouver des justifications autres qu’angéliques, plus géopolitiques, à l’intérêt des représentants de Bahreïn à tendre la main aux représentants du Peuple juif.

Et, forcément, au-delà de l’Hommage aux martyrs de la Shoah et au geste d’espoir, préfiguration d’une coexistence entre Juifs et Musulmans, c’est le contexte, tout aussi intemporel, des divisions au sein de l’Islam, entre Sunnites et Chiites, qui s’immisce dans ce débat, dans l’analyse du symbole.

Que Bahreïn, satellite de l’Arabie Saoudite où une minorité sunnite conserve par la force le pouvoir devant une majorité chiite prête à en appeler à Téhéran, puisse, à travers son représentant au Peuple juif, à Israël, ce n’est forcément pas anodin. Comme n’étaient pas anodins la révélation, dans le cadre de l’affaire Wikileaks, de collaboration au niveau des services secrets entre Bahreïn et Israël – dès 2005.

Au-delà du cynisme et de la Realpolitik, il n’en reste pas moins que l’image de Son Excellence l’Ambassadeur du Royaume de Bahreïn en France devant le wagon symbole de la déportation de Juifs de France, à Drancy, est une image forte, une image d’espoir. Comme celles des Imams de France en Israël ou au Vatican.    

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