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A Madagascar, deux marionnettes en lice pour la présidentielle

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Les Malgaches sont appelés à élire leur président, vendredi 20 décembre, à l’occasion du deuxième tour du scrutin durant lequel les électeurs seront également appelés à élire les membres de leur Parlement. Deux scrutins en un pour un résultat difficile à anticiper tant les données l’entourant sont complexes.

Deux candidats pour en représenter deux autres

En effet, le deuxième tour de l’élection présidentielle malgache est sans doute un des rares scrutins de l’histoire où les candidats ne se présentent pas vraiment pour leur propre compte.

Lors du premier tour, ils étaient une trentaine en lice. Après décompte des voix, Jean-Louis Robinson et Hery Rajaonarimampianina sont restés seuls en course. Une campagne acharnée s’est alors mise en place entre les deux hommes. Une campagne par procuration pour leurs deux mentors, deux acteurs politiques de premier plan de ces dernières années qui, sous la pression internationale, ont renoncé à se présenter.

L’un d’eux est Marc Ravalomanana. Ancien président, accusé d’incompétence, il s’est mis à dos la population qui a montré son mécontentement par des manifestations violemment réprimées. En 2009, il a été renversé par un coup d’Etat.

L’autre mentor est justement l’auteur de ce coup d’Etat. Andry Rajoelina, ancien disc-jokey, maire de la capitale malgache, a été placé à la tête du pays en tant que président de transition et s’est illustré en gouvernant comme un dictateur.

Jean-Louis Robinson, un candidat franco-malgache

C’est pour Marc Ravalomanana que le candidat Jean-Louis Robinson a fait campagne. À 61 ans, le docteur Jean-Louis Robinson Richard se présente pour le parti Antoko ny Vahoaka Aloha No Andrianina (AVANA).

Il défend les couleurs cet ancien président dont il a été ministre à deux reprises, à la Santé publique, au Planning familial et à la Protection sociale de 2004 à 2008 et aux Sports et à la Culture en 2009.

Actuellement, Jean-Louis Robinson est expert médical auprès des tribunaux de Madagascar, médecin agréé des Nations Unies et membre de la Société Française de Médecine Aérospatiale, en tant qu’expert.

S’il a certaines chances, certains électeurs lui reprochent également sa double-nationalité française et son appartenance au parti socialiste français.

Hery Rajaonarimampianina, le candidat du président

Face à lui, Hery Rajaonarimampianina, plus simplement appelé « Hery » et soutenu par Andry Rajoelina. Né en 1958 à Antsofonondry dans la banlieue nord d’Antananarivo, « Hery » est diplômé en économie à l’université d’Antananarivo, puis en finance et comptabilité à l’université de Trois-Rivières, au Québec.

D’abord directeur d’études à l’Institut national de sciences comptables et de l’administration d’entreprise, puis créateur d’un cabinet d’expertise comptable et commissariat aux comptes, Hery Rajaonarimampianina devient ministre des Finances et du Budget du gouvernement de la Transition mené par Andry Rajoelina qui le soutient directement pour ce scrutin.

La crise sera le grand vainqueur

Bien que les résultats de ce scrutin soient difficiles à anticiper, les spécialistes sont unanimes pour affirmer que de cette élection présidentielle ne viendra pas la stabilité. « À Madagascar, le pouvoir donne tout. D’énormes dépenses électorales sont faites pour soudoyer les électeurs et les candidats ont procédé à un investissement important à l’occasion de ces élections, pour s’exposer, ils n’ont pas l’intention de perdre leur mise », expliquait Jean Frémigacci, historien et spécialiste de Madagascar à l’occasion du premier tour de l’élection.

« Sans être pessimiste, simplement réaliste, ce scrutin sera entouré de fraudes et c’est un des candidats d’Etat qui va remporter l’élection et par-dessus tout, c’est la crise et l’instabilité qui gagneront », commentait de son côté  Solofo Randrianja, professeur d’histoire politique contemporaine à l’Université de Tamatave, à Madagascar. « Le résultat n’est donc pas difficile à prévoir. »

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