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Au Kivu, après le M23, les islamistes de l’ADF-Nalu font régner la terreur

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Il y a quelques jours, jeudi 12 décembre, les autorités congolaises et les rebelles du M23 signaient un accord de paix historique pour rétablir la paix dans le Nord-Kivu. Après des mois de conflit dans cette région et un bilan humanitaire désastreux, la population pouvait espérer un retour au calme. Les événements ont prouvé le contraire.

Nouveau massacre en République démocratique du Congo

Dès le lendemain de la signature de ces accords, la région a été le théâtre d’un massacre perpétré par un nouveau groupe en provenance d’Ouganda. Au cours de ce massacre, au moins 21 personnes auraient été tuées, a ainsi annoncé la Mission de l’ONU sur place (Monusco), dans un communiqué.

Ces personnes, dont de nombreuses femmes et enfants, « auraient été tuées à l’arme blanche », indique encore le communiqué de la Mosnusco, publié lundi 16 décembre.

Outre les meurtres, les membres de ce groupe de rebelles seraient également coupables du viol et de la décapitation de trois jeunes filles mineures. Un enfant aurait par ailleurs été mutilé et démembré. Son corps a été retrouvé sur un arbre.

Martin Kobler, chef de la Monusco a fait part de son « profond dégoût » face à ce massacre.

Des atrocités qui « ne resteront pas impunies »

Dans son communiqué, la Monusco ne fait pas allusion à un groupe rebelle en particulier. Cependant, les rebelles d’un groupe en provenance d’Ouganda, l’ADF-Nalu ou Forces alliées démocratiques – Armée nationale pour la libération de l’Ouganda sont soupçonnés d’être à l’origine de cette attaque.

A la demande de la Monusco, une enquête devrait être ouverte « dans les plus brefs délais ». Des troupes ont été déployées sur le terrain et « tous les moyens nécessaires pour assurer la protection des populations », a indiqué le communiqué. « Ces atrocités ne resteront pas impunies, les auteurs ne connaîtront pas de répit, tant qu’ils n’auront pas répondu de leurs actes devant la justice ».

Jusqu’à présent, seuls les rebelles du Mouvement du 23 Mars faisaient réellement parler d’eux dans la région, bien que l’ADF-Nalu soit présent dans la région depuis plusieurs années. Soupçonnés d’être la main armée du Rwanda dans cette riche région dont Kampala aimerait bien s’approprier quelques ressources, les rebelles du M23 sont accusés de nombreuses exactions dans la région.

Quelques centaines de militants

La création de l’ADF-Nalu date des années 90. Le groupe est issu de la fusion de deux groupes d’opposition au président Yoweri Museveni, arrivé au pouvoir en 1986.

Dirigé depuis 2007 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l’islam, ce groupe composé de plusieurs centaines de personnes s’est radicalisé et depuis, on soupçonne ses dirigeants d’être en lien avec les Shebab somaliens, autre groupe djihadiste affilié à Al-Qaïda.

Malgré de nombreuses défaites militaires infligées par l’armée ougandaise, les rebelles de l’ADF-Nalu sont aujourd’hui toujours actifs dans la région. En outre, le groupe islamiste a été placé sur la liste des organisations terroristes des Etats-Unis en 2001. Le chef, Jamil Mukulu est par ailleurs poursuivi par l’ONU depuis 2011 et par l’Union européenne depuis 2012.

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