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Ce que veut François Hollande pour l’Afrique

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En janvier 2013, François Hollande lançait l’opération Serval au Mali. Près d’un an plus tard, c’est en République centrafricaine que les troupes du président se rendent pour rétablir la paix et la sécurité dans un pays sombré dans le chaos. Et c’est justement de paix et de sécurité dont il sera question à l’Elysée, vendredi 6 et samedi 7 décembre à l’Elysée, alors que le président reçoit de nombreux présidents africains pour un Sommet inédit.

200 000 emplois en cinq ans

Quelques jours plus tôt, plus de 600 personnalités étaient réunies à Paris pour parler de partenariats économiques, industriels et financiers avec le continent africain. Plus que jamais, l’Afrique est au cœur des ambitions françaises et il semble que François Hollande ait décidé de faire de ce continent la réussite de son mandat. C’est en tout cas ainsi que le jugent de nombreux observateurs.

En termes économiques, les cartes françaises ont été posées. « La France doit doubler ses échanges avec l’Afrique », a ainsi exposé François Hollande à l’occasion de la clôture d’un forum d’entreprises africaines françaises à Bercy et en annonçant la création d’une « fondation franco-africaine pour la croissance ».

« Je retiens cet objectif: la France doit doubler ses échanges avec l’Afrique, dans les deux sens, exportations et importations », a-t-il encore déclaré jugeant qu’en cinq ans, la France pourrait ainsi créer près de 200 000 emplois sur son territoire.

Le pari des investissements en Afrique

Pour parvenir à ces résultats, la France s’inspirera des recommandations du rapport Védrine-Zinsou-Thiam-Sévérino-El Karaoui intitulé « Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France ».

De ces propositions, on retient, en vrac, le soutien du financement des infrastructures en Afrique, la contribution au renforcement des capacités de financement de l’économie africaine, l’accompagnement de l’intégration régionale de l’Afrique, le renforcement de l’influence française sur le continent etc.

Autant d’engagements censés, à terme, résonner sur l’économie française, tel que l’a expliqué le ministre de l’Economie Pierre Moscovici durant ce forum. « Il faut tenir un langage de vérité: la croissance de l’Afrique nous entraîne, son dynamisme nous soutient, sa vitalité nous stimule. La France a besoin, pour soutenir son économie, de l’Afrique, dont la croissance a dépassé 5% ces dix dernières années ».

Le retour de la Françafrique ?

Mais à l’heure où la France envoie ses troupes en Centrafrique, les investissements économiques de l’Etat français ont un arrière-goût de « Françafrique », ce terme utilisé dès qu’un président français met le pied sur le sol africain.

La France ferait-elle preuve de néo-colonialisme en s’engageant autant sur ce continent ? Ce n’est pas ce qui ressort des projets franco-africains révélés ces derniers jours. « Il s’agit de sortir de la logique d’aide au développement et d’admettre que la France vise l’Afrique pour faire des affaires. Ce dans le cadre d’un partenariat fort, équitable et sans complexe », a ainsi déclaré Jean-Kacou Diagou, président des fédérations patronales d’Afrique de l’ouest durant ce forum.

Alors que la Chine, la Russie, l’Inde et tant de pays en développement ont fait de l’Afrique leur nouveau terrain de jeu et de réussite, la France semble aujourd’hui faire pâle figure sur le continent. Plus de néo-colonialisme, mais du commerce, pur et simple. Ce n’est pas à la poursuite d’un territoire que la France semble s’être lancée, mais bel et bien à la recherche de parts de marchés, avant que celles-ci ne passent entre d’autres mains.

Une place dans la ruche africaine

La France serait-elle devenue alors un acteur comme un autre dans ce vivier d’entreprises potentielles que représentent les pays africains en développement ? Sans doute pas. Et les interventions françaises sur place en sont les premiers témoins.

François Hollande l’a bien compris depuis ces derniers mois, s’il y a un problème à régler en Afrique, c’est lui que les présidents des anciennes colonies appelleront. Cela a été le cas au Mali, en janvier 2013, alors que Dioncounda Traoré suppliait son d’intervenir pour chasser l’invasion djihadiste au nord du pays. Cela a également été le cas au même moment en République Centrafricaine alors que le président François Bozizé, aujourd’hui déchu, demandait également à la France d’intervenir. La France a définitivement un rôle à jouer en Afrique.

Au Mali, comme en Centrafrique, la France affirme ne défendre d’autres intérêts que ceux de la paix et de la sécurité dans la région. Des intérêts qui ne rapportent donc rien. Cependant, François Hollande en est certain, l’Afrique est plus que jamais l’opportunité de son mandat. Et dans ce cas, histoire coloniale, sécurité, investissements économiques, paix et interventions militaires doivent s’associer pour parvenir à se faire une place sur un continent très prisé.

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