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Un élève sur dix est harcelé à l’école ou au collège. Et 6 % d’entre eux le sont de manière très sévère selon le ministère de l’Education nationale. Vincent Peillon a lancé une campagne, mardi 26 novembre, pour lutter contre ce phénomène de société. Un fléau en plein essor avec notamment le développement de la cyberviolence.
Ce dernier, plus pernicieux, se glisse jusque sous la couette des écoliers, seuls dans leurs chambres. Rumeurs, insultes, usurpation d’identité, piratage de comptes, publication de photos où la victime est en mauvaise posture. Tout est démultiplié sur les réseaux sociaux aujourd’hui.
Peillon veut briser la loi du silence
Ont été énoncées plusieurs mesures, dont une campagne télévisée, dix dessins animés, et un plan de formation du personnel enseignant. Les élèves et les familles pourront également glaner des conseils sur le site du ministère de l’Education Nationale Agir contre le harcèlement à l’école.
Voici deux clips, de une minute chacun, qui seront diffusés dans les classes afin de sensibiliser les écoliers.
Deux personnalités, Christophe Lemaître, champion d’Europe du 100 mètres, et la chanteuse Chimène Badi, participent à la campagne, en témoignant dans des clips, qui circulent sur la Toile, avoir été également victimes de harcèlement scolaire.
En France et à l’étranger, des adolescents, victimes de harcèlement se sont déjà donnés la mort. Ces tragiques histoires ont participé au déliement des langues et à une prise de conscience internationale sur le sujet.
Amanda Todd, 15 ans, la canadienne harcelée sur Internet
« Je n’ai personne et j’ai besoin de quelqu’un ». Face caméra, sans un mot, Amanda Todd, 15 ans, fait défiler sur des feuilles blanches sa descente aux enfers, diffusée sur YouTube, le 7 septembre 2012. Page après page, la jeune Canadienne raconte son calvaire.
A douze ans, elle rencontre un homme, par webcam interposée, qui la force à lui montrer ses seins nus. Très rapidement les images se retrouvent les réseaux sociaux. Devenue la risée de ses camarades, sa vie tourne au cauchemar. Elle plonge dans la dépression, puis dans l’alcool et la drogue.
Elle a préféré mettre fin à ses jours le 11 octobre 2012, plutôt que de continuer à subir ce harcèlement. Ce suicide a suscité une vague d’émotion puissante sur la Toile, bien au-delà des frontières canadiennes.
Rehtaeh Parsons, 17 ans, coupable d’avoir été violée
En novembre 2011, lors d’une soirée entre amis, Rehtaeh Parsons, 17 ans, ivre, est abusée sexuellement par quatre garçons. L’un des agresseurs prend en photo la scène et le cliché circule rapidement sur les réseaux sociaux.
Traitée de « pute » par ses camarades, elle se retrouve piégée et anéantie. Ses parents ont essayé de l’aider en déménageant et en la changeant d’école. En vain. Pour mettre fin à la honte et aux moqueries qu’elle continuait de subir sur Internet, elle s’est pendue dans la salle de bain de son domicile.
Gauthier, 18 ans, piégé sur le Net
Gauthier, 18 ans entre en contact avec une jeunne femme sur le site de rencontre Chatroulette. Cette dernière lui propose de continuer la conversation sur Facebook. Sans doute pour avoir accès à sa liste d’amis. Par webcam interposée, ils se sont livrés à des jeux érotiques, jusqu’au moment où elle coupe court à l’échange par ces mots : « J’ai maintenant une vidéo porno de toi. Si tu ne me donnes pas 200 euros, je vais détruire ta vie en diffusant la vidéo à tous tes amis ».
Honteux, l’adolescent brestois écrit un message à ses parents, s’accusant « Tout est de ma faute ». Une demie heure plus tard, il est retrouvé pendu au fond du jardin familial.
Marion, 13 ans, la brillante élève à qui « on veut crever les yeux »
Harcelée par des élèves de son collège, Marion, 13 ans, s’est pendue chez elle, à Vaugrigneuse, dans l’Essonne en février dernier. Décrite comme une brillante élève, artiste et sensible, elle a était prise pour cible par ses camarades qui l’humilient, la menacent, en plein cours jusqu’au soir, sous la couette, sur Facebook. Insultée de « boloss », de « mongole » et « d’autiste », par ses bourreaux, elle reçoit des messages à l’orthographe douteuse « Tu revien on te creve les yeux », « tu vas ressevoir plein dans la gueule ».
Malgré les multiples alertes lancées par sa mère, le directeur refuse de la changer de classe et refuse d’organiser des conseils de discipline. Aujourd’hui, la mère de la jeune fille, Nora Fraisse, se bat pour faire éclater la vérité et condamner les responsables, adultes comme élèves.
Hanna Smith, 14 ans, victime du déchaînement inhumain de la Toile
Agée de 14 ans, Hanna Smith s’est inscrite sur le réseau social Ask.fm, afin d’y trouver de simple conseils pour soigner son eczéma. Mais rapidement, cette jeune Anglaise reçoit des messages de haine « l’incitant à mourir ». « Tu es moche, meurt et tout le monde sera content », « Va te suicider », « Avale de l’eau de Javel » lui ont envoyé des anonymes. Certains sont mêmes allés jusqu’à menacer de s’en prendre à sa famille. A bout de force, l’adolescente s’est pendue dans sa chambre, le 2 août dernier.
Jonathan Destin, immolé par le feu veut briser la loi du silence
Jonathan Destin a tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant par le feu, à 16 ans. Moqué pour son nom, son surpoids et ses problèmes de dyslexie, cet adolescent français a vécu un calvaire durant six longues années. Après les coups et les insultes, le racket commence en classe de 4ème. Il a été jusqu’à voler dans le porte-monnaie de sa mère.
Et puis le 7 février 2011, tout dérape. Menacé avec une arme, ses agresseurs lui demandent de leur ramener 100 euros, au prix de sa vie. Terrorisé, il préfère en finir avec la vie, s’aspergeant d’alcool et en y mettant feu. Pourtant, poussé par un dernier instinct de survie, il saute dans le Canal de la Deûle et est secouru.
Aujourd’hui, brûlé aux deux tiers de son corps, il a écrit un livre « Condamnés à me tuer », dans lequel il incite les adolescents, victimes de harcèlement, à briser la loi du silence.
Voir son intervention dans Salut les Terriens à partir de 7 minutes :