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Comment Nicolas Maduro peut-il s’affranchir de l’héritage de Chavez?

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Les élections municipales ont conforté Nicolas Maduro à la tête du Venezuela. Pourtant, quelques jours à peine avant le scrutin, toutes les hypothèses étaient permises. Fort de quelques mois de pouvoir, dont plusieurs semaines par intérim, le dauphin du leader défunt Hugo Chavez a eu quelques difficultés pour asseoir son pouvoir.

Lourd héritage pour Nicolas Maduro

Déjà, lors de l’élection présidentielle de mars dernier, la société vénézuélienne avait une fois de plus prouvé sa division. Nicolas Maduro remportait alors le scrutin avec 50,66% des voix contre 49,07% pour l’opposant au parti au pouvoir, Henrique Capriles, qui recueillait 49,07%.

En remportant les élections municipales avec 54% des voix contre 44% pour l’opposition, Nicolas Maduro est parvenu à franchir une nouvelle étape, non sans mal. Pourtant, l’héritage d’Hugo Chavez est toujours lourd à porter et les épaules du nouveau président paraissent faiblir. La crise économique qui frappe le pays de plein fouet n’y est pas pour rien et pour faire face à cette épreuve, Nicolas Maduro a décidé de jouer la carte de la fermeté.

« Les problèmes de pénurie ont été réglés de façon assez musclée, le gouvernement a envoyé l’armée dans les magasins pour obliger les commerçants à déstocker car il semblerait qu’un certain nombre d’entre eux aient provoqué des phénomènes de hausse des prix artificielle en retenant la vente de produits », explique ainsi Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Amérique centrale et latine. « Cela a permis de donner un peu d’air à la consommation et aux consommateurs ».

Les Vénézuéliens fatigués de cette éternelle guerre politique

En 2014, Nicolas Maduro devra pourtant tenter d’asseoir son pouvoir car s’il est parvenu à garder l’électorat d’Hugo Chavez lors de ces deux précédents scrutins, il semble que le président demeure encore le dauphin d’Hugo Chavez plutôt que son successeur, comme le souligne Jessica Some, sur le site Les Yeux du Monde.

« Derrière une volonté affichée de vaste débat national pour 2014, maintenant les échéances électorales passées, Nicolas Maduro demeure l’héritier plus que le successeur d’Hugo Chavez », écrit-elle. « La poursuite de sa politique économique et sociale, et des méthodes populistes, faisant fi des revendications accrues d’une partie grandissante du peuple, que l’opposition peine à fédérer, pourrait fragiliser sur le long terme le pays », ajoute-t-elle.

D’autre part, la polarisation constante de la population vénézuélienne semble lasser désormais une partie de l’électorat traditionnel des deux grands partis. Ces derniers sont en fuite et pourraient à terme former un troisième bloc, multipliant les voix pour les Vénézuéliens.

« Il semblerait qu’un certain nombre de Vénézuéliens se fatiguent de ces affrontements qui durent depuis des années », note ainsi Jean-Jacques Kourliandsky. « Lors des dernières élections municipales, il y a quelques jours, on a assisté à une recrudescence de candidatures indépendantes, qui ne se veulent ni d’un côté ni de l’autre ».

Une chose est sûre, l’héritage qu’a fièrement porté pendant sa campagne Nicolas Maduro, est lourd de responsabilités et pourtant plein d’enjeux car le bolivarisme à la Chavez est en jeu. Et en Amérique du sud, en Bolivie ou en Equateur notamment, certains dirigeants sont tout prêts à reprendre le flambeau si Nicolas Maduro faiblit.

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