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Trois anciens candidats aux municipales sont entendus devant la commission de discipline du Front national, ce mardi 3 décembre. Dans un reportage de l’émission « Envoyé spécial », diffusé jeudi 17 octobre, sur France 2, Anne-Sophie Leclère investie dans les Ardennes avait tenu des propos racistes à l’égard de Christiane Taubira : « A la limite, je préfère la voir dans un arbre après les branches que la voir au gouvernement comme ça », avait-elle lancé. « Franchement, c’est une sauvage, arrivant à la télé avec un sourire du diable », avait-elle ajouté, convaincue de ne pas tenir de propos racistes. « Un singe c’est un animal, un Noir ça reste un être humain », avait-elle conclu.
Réaction immédiate du FN
Très vite, dans un communiqué, le secrétaire général du FN, Steeve Briois indiquait qu’Anne-Sophie Leclère elle était « convoquée devant les instances disciplinaires du Front National ». « La présidente la suspend de son adhésion au Front national et de son investiture à titre provisoire », avait expliqué Wallerand de Saint-Just, dont le service assure le secrétariat de la commission de discipline. « Ensuite, la commission de discipline la convoquera en observant un délai minimum de quinze jours et en lui faisant connaître les motifs de sa convocation. Ensuite, cette commission donnera un avis à la présidente qui prendra la décision finale », avait-il ajouté.
« Je n’ai aucun problème pour dire que ce sont des propos racistes », avait réagi de son côté Florent Philippot, vice-président du Front national. « Ils ne sont évidemment pas admissibles et nous avons tout de suite décidé de suspendre sa candidature pour les municipales pour qu’elle soit convoquée en conseil de discipline. Elle risque évidemment de ne plus être investie par le Front national pour les élections municipales et elle risque d’être exclue de son statut d’adhérente. C’est une erreur de casting sur 713 têtes de liste investies. »
François Chatelain antisémite ?
François Chatelain, candidat aux municipales de Neuville-en-Ferrain, avait été suspendu par le FN après la publication d’images à caractère antisémites sur sa page Facebook. « Les images et les propos publiés par François Chatelain sont en totale contradiction avec la ligne politique du Front National », avait fait savoir la direction du parti. « Par conséquent, Monsieur Chatelain est suspendu du Front National et son investiture aux élections municipales lui a été retirée », avait-elle ajouté dans un communiqué.
« Concernant l’image du drapeau Israélien en feu, elle vise la politique d’un État, et non la communauté juive, ni même la religion juive », s’était défendu l’ancien candidat dans un communiqué. « Je suis gêné que toute cette affaire ait été instrumentalisée, non pas pour me nuire, mais pour nuire à l’image du Front National. Elle était aussi un moyen de se débarrasser d’un candidat aux futures élections municipales, dont j’attendais l’investiture. Je présente mes plus sincères excuses à toute personne ayant pu se sentir insultée ou choquée, ainsi qu’à la communauté juive qui se serait sentie visée, alors que telle n’était pas mon intention. » Cette faute avouée sera-t-elle pardonnée ?
Joris Hanser se lâche sur les réseaux sociaux
La dernière audition concerne Joris Hanser. Début novembre, ce jeune candidat du FN aux municipales à Rixheim était suspendu, début novembre, après avoir dérapé à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. « A Brignoles, ce matin, die Ausweise (papiers d’identité) étaient à retirer en sous-préfecture », avait-il écrit sur Twitter, au lendemain de la cantonale partielle de Brignoles (Var). Une évocation de l’Occupation remarquée par certains. « Joyeux anniversaire à ce grand monsieur Vladimir Poutine ! », lançait Joris Hanser, en octobre 2012, sur Facebook.
Il avait aussi soutenu, entre autres, sur Facebook que la colonisation avait été « une chance » pour l’Algérie et avait affiché son soutien sur Facebook à l’ancien président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, jugé par le Tribunal pénal international pour génocide et notamment le massacre de Srebrenica en juillet 1995.
Anciennes exclusions
Depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, ils ont été nombreux à quitter le FN, volontairement ou par exclusion, ces nostalgique de l’époque où le parti était dirigé par un homme qui n’hésitait pas, lui aussi, à provoquer jusqu’à se faire condamner pour« contestation de crime contre l’humanité ».
En avril 2011, Alexandre Gabriac, conseiller régional en Rhône-Alpes, avait été épinglé pour avoir fait le salut nazi. « Je serais ferme et brutale s’il le faut, parce que nous en avons soupé de ce type d’agissement », avait lancé la présidente du FN. Autre exemple : en juillet 2011, Yvan Benedetti, conseiller municipal de Vénissieux et bras droit de Bruno Gollnisch à Lyon, était exclu du parti pour ces propos rapportés par le site Trans-Europe-Extrême : « Je suis anti-sionniste, antisémite, anti-juif ».
Indispensable fermeté
Si on ignore encore quelle sera la décision de Marine Le Pen, tout laisse à penser que la présidente du Front national va vouloir se montrer ferme et exiger de ses candidats aux municipales une extrême prudence dans les médias et sur les réseaux sociaux. En condamnant la Une de l’hebdomadaire Minute sur Christiane Taubira, Marine Le Pen a tenu à montrer aux Français, mais avant tout à sa famille politique, que toute allusion raciste n’avait pas sa place au FN.
« Etre candidat, ce n’est pas une responsabilité par rapport à soi-même, mais par rapport aux autres », a expliqué le vice-président du Front national, Louis Aliot. Selon lui, le dérapage d’Anne-Sophie Leclère est « d’autant plus incroyable que nos candidats savent sur quelle ligne Marine Le Pen a été élue présidente du FN, ils savent que la marraine de la plus jeune fille de Marine est Huguette Fatna » (une femme d’origine martiniquaise). Mais les cadres du parti vont-ils réussir à vérifier la probité de chacun des candidats ? C’est l’objectif fixé, d’ici mars 2014…