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Destitution du maire de Bogotá: «les indignés» colombiens se mobilisent

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Depuis lundi 9 décembre, les Colombiens se réunissent en masse sur la place Bolivar à Bogota, pour protester contre la destitution du maire Gustavo Petro, qu’ils jugent injuste et considèrent comme une « atteinte à la démocratie »

A quelques mois de l’élection présidentielle, le maire de la capitale colombienne, Gustavo Petro, a été privé de ses fonctions et a été rendu inéligible pendant 15 ans par le procureur général de Colombie, Alejandro Ordoñez, proche de l’ancien président Alvaro Uribe, qui lui reproche des « erreurs administratives » dans la gestion des services d’assainissement de la capitale en décembre 2012. Le procureur ultra-conservateur l’accuse plus précisément d’avoir violé les principes constitutionnels de la libre concurrence en retirant la concession du ramassage d’ordures à des entreprises privées en la confiant à la compagnie publique des eaux. 

Destitutions à répétition

Ce n’est pas la première fois qu’Alejandro Ordonez, farouchement opposé aux négociations de paix entre le gouvernement et les FARC, prive un élu de ses fonctions. Déjà en 2010, il avait accusé la sénatrice de l’opposition Piedad Córdoba d’avoir collaboré avec la guérilla. Médiatrice dans plusieurs libérations d’otages de la rebellion marxiste, elle avait été destituée de ses fonctions en septembre 2010 et déclarée inéligible pendant dix-huit ans. La liste des élus écartés est longue, et les motifs de leur destitution souvent troubles.

Gustavo Petro, un ex-guerillero reconverti en politique

Figure de la gauche en Colombie, Gustavo Petro a été élu maire de Bogota en octobre 2011. Ancien membre de la guérilla urbaine M-19, il s’est reconverti avec succès en politique, faisant de la lutte contre la corruption et son aide pour les plus démunis son cheval de bataille. Amnistié après la dissolution du M-19 en 1990, il a été le premier ex-guérillero à occuper un poste d’une telle importance dans la vie politique colombienne. « Le  mouvement de guérilla urbaine M-19 s’est très bien réintégré en créant un parti – parti Alianza Democrática M-19et en se présentant aux élections – ils ont fait 20% – en faisant voter une nouvelle constitution, toujours en vigueur,  au début des années 1990 » expliquait récemment à JOL Press, Michel Gandilhon, chargé d’études à l’OFDT.

Un frein pour les accords de paix? 

Sa destitution pourrait avoir un impact dans le processus de paix entamé entre le gouvernement et les FARC. Alors que les deux parties viennent justement de conclure un accord partiel sur la réintégration des anciens guérilleros dans la vie politique – le deuxième des six points des négociations qui se déroulent à La Havane –  la mise à pied de Gustavo Petro pourrait compliquer et freiner la suite des pourparlers. 

Mouvements de protestation 

Cette décision de justice a provoqué un tollé général en Colombie. Depuis lundi, des dizaines de milliers de manifestants se réunissent sur la place Bolivar de Bogota pour soutenir Gustavo Petro. « Petro ne part pas », peut-on lire sur les pancartes des protestataires. Après l’annonce de sa destitution, le maire a dénoncé un « coup d’Etat » et a appelé sur son compte Twitter à une « mobilisation populaire pacifique ».

« Le « mouvement des indignés » colombiens est né ce 9 décembre » a lancé le maire limogé. « Tant que vous restez là, je reste maire », a-t-il également promis du haut du balcon de la mairie, appelant à une grande mobilisation nationale vendredi 13 décembre.

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