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Deuxième tour des législatives: les Maliens rechignent à aller voter

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C’est la dernière étape d’un long processus institutionnel au Mali. Après l’élection présidentielle de juillet dernier qui a porté Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir, le premier tour des élections législatives le 24 novembre dernier, les électeurs maliens sont désormais attendus aux urnes pour élire définitivement leurs représentants à l’Assemblée nationale, lors du second tour du scrutin, dimanche 15 décembre.

Les Maliens se mobiliseront-ils ?

C’est la bataille finale, comme on peut le lire dans certains médias africains. Et pourtant, cette bataille ne semble pas mobiliser les foules, tant du côté des candidats que des électeurs.

Déjà, lors du premier tour, le taux de participation de la population, dans certaines zones du Mali, n’avait pas satisfait les espérances du pouvoir et de la communauté internationale désireuse d’instaurer un régime démocratique solide au Mali. Mais les électeurs ne sont pas les seuls à regarder ce second tour avec beaucoup de distance.

A quelques jours du scrutin, la campagne électorale est quasiment inexistante, comme le soulignent de nombreux journaux. Les candidats ne semblent pas décidés à mettre toutes les chances de leur côté pour remporter leur place au parlement. La plupart sont d’ailleurs inconnus, même dans leur circonscription, incitant encore plus les Maliens à rester chez eux plutôt que de se rendre aux bureaux de vote.

« Je suis restée à la maison pour faire le ménage au lieu d’aller voter pour des gens que je ne connais pas », expliquait ainsi ne femme interrogée par l’Office de Radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), après le premier tour du scrutin. « Je ne peux pas voter pour une personne que je ne connais pas, à plus forte raison son programme », ajoutait-elle encore, selon des propos retranscris par le Journal du Mali.

D’étranges alliances

Au niveau politique, il semble également que les Maliens soient quelque peu intrigués, voire effrayés, par le deuxième tour qui se dessine aujourd’hui. Pour s’assurer une place au soleil, certains candidats ont dû jouer le jeu des alliances, mais il semblerait que ces alliances ne soient pas du goût des électeurs qui ne comprennent pas les stratégies politiques de leurs candidats.

« Les partis et candidats doivent se faire forts également pour convaincre les électeurs sur le bien-fondé des alliances contre nature qui leur donnent la confirmation de l’image galvaudée de la pratique politique », peut-on lire dans le Journal du Mali. « De l’aveu même de certains citoyens, les alliances nouées pendant ces législatives sont la preuve qu’ils sont les dindons de la farce politicienne », écrit encore le site internet.

La communauté internationale se mobilise

Alors pour motiver les électeurs maliens, la communauté internationale a également dû s’investir. C’est ainsi que le 25 novembre dernier, le chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, Louis Michel, enjoignait les Maliens à se rendre aux urnes pour accomplir, non seulement un droit, mais un devoir civique.

« La démocratie n’existe que si les populations se mobilisent », déclarait-il à l’occasion de la présentation de la déclaration préliminaire de la MOE UE. « Je suis dans l’obligation morale de demander à tous les Maliens et Maliennes de se mobiliser pour le second tour », ajoutait encore cet ancien ministre des Affaires étrangères belge.

Par l’intermédiaire de leur ambassadeur au mali, les Etats-Unis ont également participé à cette grande mobilisation. Dans une déclaration, les Etats-Unis ont ainsi salué « la proclamation des résultats du premier tour des élections législatives » comme étant « une étape importante dans le bon fondement de la démocratie au Mali ».

Dans cette déclaration, les Etats-Unis notent néanmoins, durant ce premier tour, « une faible affluence de citoyens par certains endroits ».

« Nous encourageons les Maliens à travers l’étendue du territoire à se rendre massivement aux urnes ce dimanche avec le même esprit d’enthousiasme et d’engagement constaté lors des présidentielles en juillet et en août », poursuit ainsi l’ambassadeur dans sa déclaration. « Il est important que chacun exerce son droit de vote afin que l’Assemblée nationale jouisse de la plaine confiance du peuple pour décider des nombreux problèmes auxquels le Mali est confronté ».

A la suite de ce scrutin et de la proclamation des résultats qui suivra, 127 députés devront prendre leur place au Parlement malien.

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