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Honduras: Le Tribunal suprême électoral réexamine les résultats

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Il s’agissait des élections « les plus surveillées de l’histoire démocratique du pays », selon Enrique Ortez Sequeira, magistrat du Tribunal suprême électoral (TSE). Au total, 750 observateurs internationaux ont été envoyés au Honduras pour encadrer les élections présidentielle et législative du 24 novembre dernier, dont est sorti vainqueur le candidat du parti de droite, Juan Orlando Hernandez, avec près de 37% des suffrages, soit 8 point d’avance que son adversaire de gauche Xiomara Castro.

L’épouse de l’ex-président hondurien Manuel Zelaya a contesté ces résultats, réclamant un recompte des votes, ce que Tribunal suprême électoral a accepté« Faisons-le de façon publique afin qu’il ne reste aucun doute », a lancé le président du TSE, David Matamoros, lundi 2 décembre.

Fraude

Maria José Fajardo, du collectif Alerte Honduras – créé en 2009 au lendemain du Coup d’Etat – est catégorique : « il y a belle et bien eu fraude ».  Pour prouver cette tromperie, le collectif s’appuie sur le témoignage de nombreux observateurs dont Leo Gabriel, membre de la Mission d’Observation Electorale de l’UE « qui s’est désolidarisé des conclusions du rapport préliminaire de sa mission publié le 26 novembre et a déclaré qu’il ne reflétait pas les constats réels de leur mission » explique-t-elle. 

« Alors que ce rapport parle de « transparence « , M. Gabriel donne des exemples concrets d’irrégularités : des personnes n’ayant pas pu voter car elles apparaissaient comme décédées sur les registres, des personnes décédées marquées comme ayant voté, l’achat de votes et d’accréditations par le Parti national et l’occultation de 20% des « actas » (procès verbaux des bureaux de vote) par le TSE », poursuit Maria José Fajardo.

Mobilisation

Les résultats des élections ont susité une vague d’indignation: quelque 5000 manifestants sont descendus dans la rue dimanche 1er décembre pour s’opposer aux résultats et exiger un recompte des bulletins de vote. La mobilisation ne concerne pas uniquement les partisans de Xiomara Castro « Le mouvement anti-fraude actuel rassemble des personnes de divers partis politiques: le parti Libre et le parti Anti-Corruption bien sûr, mais également des personnes du Parti Libéral et même certaines du Parti National, et surtout de nombreuses organisations de la société civile et de défenseurs des Droits de l’Homme comme le FNRP, le COPINH, le COFADEH pour n’en citer que quelques-uns », rappelle la membre du collectif Alerte Honduras. 

« La fin du bipartisme »

Bien que contestés, les résultats de ces élections ont fait émerger de nouvelles forces politiques dans ce pays d’Amérique centrale gouverné depuis des années par deux partis traditionnels: le Parti national (PN) et le Parti libéral (PL). « Malgré les fraudes et les violations aux Droits de l’Homme, le peuple hondurien a atteint l’un des objectifs autour desquels il se mobilise depuis le coup d’Etat : celui de mettre fin au bipartisme », estime Maria José Fajardo.

« Les scores du parti Libre et du parti Anti-Corruption (PAC) ont été tels que même la manipulation des chiffres n’a pas pu occulter totalement cette tendance. Nous avons désormais quatre forces politiques au Honduras et non deux. Même selon le TSE, le Parti national n’a pas atteint la majorité au Congrès avec 48 sièges sur 128. Libre concentre quant à lui 39 sièges, le parti Libéral 25 et le PAC 13 », explique-t-elle.

 

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