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Immigration et sécurité au cœur des municipales de 2014

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Pas question de laisser les questions d’immigration et de sécurité au Front national. A trois mois des municipales, le gouvernement, par la voix de son ministre de l’Intérieur, et l’UMP se mettent activement au travail pour affirmer que sur ces questions, ils ont des réponses à apporter. Jeudi 12 décembre, Manuel Valls s’est rendu à Calais où la mairie réclame des policiers supplémentaires face à l’afflux de migrants, et l’UMP a fait des propositions sur l’immigration.

Après avoir rencontré la police aux frontières, Manuel Valls s’est entretenu avec la sénatrice-maire de Calais, Natacha Bouchart (UMP) : « On espère que la ville de Calais sera classée en zone de sécurité prioritaire, sachant qu’une ZSP, ça veut dire que le territoire a un traitement spécifique avec notamment des renforts de police », indiquait son cabinet, la veille de cette rencontre.

« Il n’y a pas de solution magique »

Lors de son déplacement, le ministre de l’Intérieur annoncé « un ajustement et une réorganisation pour mieux s’adapter à la situation ». « Les missions de sécurité publique seront confiées à une unité de CRS stabilisée, permettant aux policiers de la police aux frontières de se recentrer sur leur mission dans l’ensemble du département et dans le port de Calais », a-t-il ajouté. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 300 à 350 migrants clandestins à Calais tentent de passer en permanence en Angleterre, située à 38 km, de l’autre côté de la Manche.

Si Calais ne sera pas classé ZSP, « la porte ne semble pas fermée », a souligné Natacha Bouchart, après son entrevue avec Manuel Valls. « Il n’y a pas de solution magique, il faut évidemment être très pragmatique, ne céder à aucune démagogie, être volontariste bien sûr, mais avec humilité car cela fait des années que les problèmes durent et ma préoccupation est d’agir avec fermeté et humanité et de répondre aux attentes et aux craintes de la population de Calais et du Calaisis », a affirmé le ministre. Sa ligne « ferme mais juste » est très appréciée par les Français. Manuel Valls fait partie des personnalités politiques préférées des Français.

Manuel Valls attaqué par l’UMP

Cette popularité est loin de plaire à l’UMP qui cherche, elle aussi, à se faire entendre sur les questions d’immigration et de sécurité. Jeudi 12 décembre, le parti présentait son « plan pour une nouvelle politique de l’immigration ». Une occasion pour l’opposition de fustiger l’action du ministre de l’Intérieur qui a « ouvert les vannes de l’immigration ». « Avec les circulaires Valls », le pays « devient le pays le plus laxiste parmi ses comparables européens », dénoncent-ils, dans un document de travail d’une trentaine de pages. « La question que chacun doit se poser, c’est quel est le but recherché par Manuel Valls alors que la France est en pleine crise économique ? »

« Manuel Valls n’ose pas vraiment réformer le droit d’asile car il est trop dépendant des associations de défense des droits de l’homme, il craint de fâcher trop de monde dans son camp », accuse Hervé Mariton, le délégué général au projet de l’UMP qui a piloté la convention, dans les colonnes du Monde. « Nous, au contraire, nous n’avons pas ce problème. Nous sommes plus précis, plus rapides et plus réformateurs que lui. » « Valls porte un discours de fermeté mais il ne se donne pas les moyens d’aller jusqu’aux conséquences opérationnelles de ses analyses », affirme de son côté Hervé Mariton.

Ce que propose l’UMP

Mais que propose justement l’UMP ? « Nous refusons l’angélisme de ceux qui refusent de voir tous les malheurs d’une immigration sans contrôle », explique l’UMP dans son texte, précisant immédiatement après qu’elle refuse « tout autant la vision de ceux qui voient dans l’étranger une menace systématique ». Trouver sa place entre un ministre de l’Intérieur populaire et un Front national de plus en plus écouté, voilà la gageure de l’UMP. Le groupe de travail coordonné par Hervé Mariton a donc exposé des propositions « concrètes, fermes et justes, inspirées des meilleures pratiques des grandes démocraties occidentales ».

Parmi les principales propositions, l’UMP propose de : réduire les délais du droit d’asile, modifier le Code de l’entrée et du séjour des étrangers, conditionner le versement d’une allocation au respect de l’ordre public, créer une conférence nationale sur l’immigration tous les ans, expérimenter un système à points pour l’immigration de travail et l’immigration étudiante, supprimer les aides au logement systématiques pour les étudiants étrangers, supprimer l’AME, sauf pour les cas d’urgence humanitaire, ou encore le refus du droit du sol pour les enfants nés de parents entrés ou séjournant illégalement en France. Des propositions nouvelles mais qui n’ont pas été mises en place quand l’UMP était au pouvoir, dira-t-on dans les rangs du FN…

 

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