Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a appelé à une « marche pour une révolution fiscale », ce 1er décembre, pour protester notamment contre la hausse de la TVA prévue au 1er janvier 2014, de 7 à 10% pour le taux intermédiaire et de 19,6 à 20% pour le taux normal. « Il faut une révolution fiscale dans ce pays », a-t-il déclaré. La « révolution » fait partie de son vocabulaire, mais ce n’est pas la seule référence historique dont il aime s’inspirer. Décryptage.
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Le co-président du Parti de Gauche, qui organise, ce dimanche 1er décembre, « une marche pour la révolution fiscale », aime s’inspirer de l’histoire. « J’ai le sentiment qu’on est en 1788 », a-t-il lancé sur France 3 en novembre. « Il y a une catégorie sociale qui porte tous les efforts sur son dos et qui n’en peut plus et à qui on répond par de bonnes paroles et de mauvais traitements ».
Et d’ajouter quelques jours plus tard sur BFM : si nous étions en 1788 « ce serait le bonheur, car 1789 c’était la liberté, dans le tumulte ». Au fil des phrases, les expressions comme « enragés » ou « tête sur le billot » donnent à sa rhétorique un élan révolutionnaire. Quelles sont donc ces références ?
Les Lumières et Robespierre
En 2007, Mélenchon dénonçait le discours de Nicolas Sarkozy en déclarant sur France Inter : « Lui, il va au Vatican, moi au siège du Grand-Orient et je pense que le tableau est bien en place de la lutte qui nous sépare depuis deux siècle. » Et plus loin : « La Maçonnerie est fondamentale dans la défense de la République, j’appartiens philosophiquement au courant des Lumières, c’est ma référence ultime ».
Le 21 septembre 2012, Jean-Luc Mélenchon célébrait le 220e anniversaire de la République, devant le Panthéon, à Paris. Il y stigmatisait les « contre-révolutionnaires » et les « ennemis de la Révolution » et mettait à l’honneur Robespierre « notre libérateur », « un exemple et une source d’inspiration » pour lui.
Enfin la Bastille, sa place de prédilection, ultime symbole de la Révolution : « Cette place où tout commence toujours et qui est le point de départ de toutes nos révolutions, et d’abord de la première, celle qui se fit en 1789 en abattant la citadelle des tyrans », lançait-il en avril 2012. « Celle qui se fit, avec des mots et des principes si grands qu’ils rendaient possible ce fait que, depuis, il est possible d’être français où que l’on soit dans le monde et ici même en France, que ses parents l’aient été ou non, du moment qu’on s’accorde pour dire et reconnaître comme égal quiconque, comme nous, dit : ‘Liberté, égalité, fraternité’ ! »
Jean Jaurès
Mélenchon se veut le continuateur du socialisme historique face à une sociale-démocratie que représente, à ses yeux, François Hollande. « Je fais Jaurès », explique-t-il à Lilian Alemagna et Stéphane Allies, auteurs de Mélenchon le plébéien.
« A l’heure de la commémoration, par respect pour les immenses sacrifices et souffrances endurées, nous célébrons la mémoire du député Jean Jaurès », écrivait-il sur son blog, le 10 novembre dernier. « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? Il fut assassiné par l’extrême droite parce qu’il s’arc-boutait contre la guerre et dénonçait cru et dru ses causes. Il fut en quelque sorte le premier fusillé pour l’exemple. Nous continuons à partager son diagnostic : « le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage ! ».
En avril 2012, le rédacteur en chef de La Voix du Nord, Jean-Michel Bretonnier, écrivait cependant : « Il a plus de culture que Marchais, mais moins que Jaurès, moins de culot que Marchais mais plus que Jaurès ; il rêve mieux que Marchais, mais moins bien que Jaurès. »
François Mitterrand
Mélenchon voue aussi une admiration sans borne à François Mitterrand : « Oui, j’ai été mitterrandiste, mais les gens ne savent plus ce que recouvre ce terme », a-t-il estimé dans les Inrocks, en 2012. « Comme tout homme, Mitterrand avait une part de lumière et une part d’ombre, mais, globalement, ce qu’il a accompli nous a instruits. Je crois à la fidélité et à la loyauté de la mémoire. Je n’ai pas une affection aveugle pour Mitterrand, mais je viens du rang et je suis heureux d’avoir connu le président de mon pays. Mitterrand, c’est l’homme qui a nationalisé les banques et l’industrie et leur a foutu la pétoche. »
Pour lui, ce qu’il faut retenir de François Mitterrand, c’est le Programme commun, « les 110 propositions, notamment la proposition n°38 qui préconise un référendum sur le nucléaire ». « Ça n’a pas été fait. C’est le moment de le faire », a-t-il déclaré sur France 3, en novembre 2011. « Il a uni la gauche : les communistes, les socialistes, les écologistes. C’est ce que l’on fait au Front de gauche, non ? Bienvenue au Front de gauche ! Tâchons de faire aussi bien que François Mitterrand et même mieux ! »