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Si Jean-Marc Ayrault, semble de plus en plus à l’aise dans son costume de Premier ministre, son action n’en est pas pour autant reconnue par les Français et les membres de son gouvernement. Certes, certains ministres semblent apprécier l’affirmation de son autorité mais d’autres ne lui pardonnent pas son offensive fiscale, lancée sans consultation des ministres concernés et du président de la République lui-même. Et il semblerait que cet agacement soit partagé par les Français.
Plus impopulaire que Dominique de Villepin et Édith Cresson
Selon le baromètre mensuel CSA-Les Echos, publié jeudi 5 décembre, Jean-Marc Ayrault atteint un record d’impopularité, avec seulement 22 % des sondés qui approuvent son action. Selon le CSA, il s’agit « d’un score jamais observé depuis la création du baromètre en 1993 » pour un Premier ministre. « Le précédent record était détenu par Dominique de Villepin (23 % en mai 2006) », après la crise du contrat première embauche (CPE). Depuis septembre, il a perdu dix points alors que François Hollande n’en a perdu que six.
Même constat selon un sondage TNS Sofres pour Le Figaro : avec une cote de confiance à 18 %, Jean-Marc Ayrault devient le Premier ministre le plus impopulaire de la Ve République. Selon ce baromètre, 27% n’ont « plutôt pas confiance » dans le chef du gouvernement, tandis que 45% assurent n’avoir « pas du tout confiance » en lui pour « résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement ». Édith Cresson, Premier ministre de mai 1991 à avril 1992, était à 22 % quand François Mitterrand décidait de la remplacer par Pierre Bérégovoy.
Rififi au gouvernement
Mardi 19 novembre, Jean-Marc Ayrault estimait qu’il fallait « une remise à plat de la fiscalité ». Une décision qui en a surpris plus d’un, notamment le président de la République et le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, qui n’avaient pas été avertis. Selon Europe 1, le président de la République aurait découvert la décision de son Premier ministre dans l’avion qui l’amenait à Rome, le 20 novembre, en ouvrant Le Monde, en présence de Pierre Moscovici, Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius. Le chef de l’Etat aurait alors demandé au ministre des Finances : « Tu étais au courant, toi ? » Pierre Moscovici aurait fait non de la tête et François Hollande aurait lancé : « Moi, j’aurais bien aimé être informé. »
Depuis, une sorte de malaise semble s’être installé entre le Président, certains ministres et Jean-Marc Ayrault. Le Figaro raconte que, le 27 novembre dernier, lors du déplacement à Madrid de François Hollande, pour le sommet France-Espagne, les ministres présents, Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Thierry Repentin, Philippe Martin et Benoît Hamon se faisaient des blagues et s’amusaient jusqu’à l’arrivée du Premier ministre : « Jean-Marc Ayrault, qui arrive un peu plus tard, s’assoit à l’autre bout de la rangée. Droit comme un ‘i’, il n’échange pas un mot avec ses ministres. » Ambiance électrique au gouvernement.
Comment peut faire Ayrault pour s’en sortir ?
Jean-Marc Ayrault n’est pas dupe des tensions qui règnent au sein de son gouvernement, aussi a-t-il invité la totalité de ses ministres, en deux fois, la semaine passée. Une manière pour lui de se montrer en chef fédérateur, au-dessus des querelles de personne. Et ça marche ! Le remaniement envisagé par François Hollande à la mi-décembre a été reporté après les Européennes. « Ça a changé l’ambiance, ça a changé le calendrier, c’est tout à fait clair », a confié le conseiller d’un ministre au Figaro. « Le président a beaucoup consulté et laissé dire… Beaucoup s’attendaient à des changements rapides. Il n’y a pas eu, il n’y en aura plus.»
Par ailleurs le Canard enchaîné a publié un document selon lequel Jean-Marc Ayrault aurait prévu un budget de 20 millions d’euros en primes reversées aux membres des différents ministères, soit une augmentation de 3% par rapport à l’année dernière. Reste juste à reconquérir les Français. Des nouvelles sur le front de l’emploi monsieur le Premier ministre ?