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La «conférence des citoyens», version «réunion tupperware» de la démocratie «sondagière»

La conférence citoyenne favorable au suicide médicalement assisté, titre l’un, repris par le plus grand nombre.

La « conférence des citoyens » préconise la « légalisation du suicide médicalement assisté », nuance l’autre…

La « conférence des citoyens », la « conférence citoyenne »… Mais, kezako que cet O.D.N.I – objet non identifié que l’on imagine démocratique – inédit ? Un progrès à n’en pas douter, et, mieux encore, une avancée déterminante vers un avenir, forcément, radieux… On rêve.

La démocratie représentative est en crise

L’année 2013 aura été marquée par une remise en cause, avec une violence rare et répétée, d’un des principes fondamentaux de notre démocratie, la représentativité des élus et leur autorité à incarner l’intérêt collectif au cours de leur mandat, de l’intégralité de leur mandat. Ainsi, parmi tous leurs arguments, les manifestants opposés au Mariage pour tous n’ont-ils pas dénoncé – et ne dénoncent-ils pas toujours, à n’en pas douter, dans le secret de leurs conclaves – l’illégitimité du pouvoir en général, du président de la République comme de la majorité des 577 députés, d’intervenir sur des questions, à leurs yeux, si essentielles, si vitales – comme sur tous les sujets d’ailleurs, à y bien regarder. Et c’est pour ce motif, précisément, que des appels à l’organisation d’un référendum ont alors été lancés : aux peuples, aux citoyens de décider et certainement pas aux autorités élues pour les représenter.

Pourtant, l’ouverture du droit au mariage civil pour les homosexuels avait été promis par le candidat François Hollande et donc une majorité de citoyens français s’étaient déjà prononcés pour ou, pour le moins, n’avaient pas jugé la perspective d’une égalité de droit entre hétérosexuels et homosexuels, en la matière, suffisamment rebutante pour lui préférer un autre candidat.

Laissons le fond de côté. Sur la forme, c’est la représentativité des élus qui, essentiellement, s’est trouvée contestée. 

Bis repetita…

Un autre débat sur une question de société, le débat sur la fin de vie ou l’euthanasie – pour être plus clair – est en passe de s’ouvrir. Il promet d’être tout aussi clivant, tout aussi explosif, tout aussi traumatisant pour une société française dont on pourrait penser qu’elle a bien d’autres soucis, bien d’autres priorités. Il promet aussi d’interroger la représentativité, la légitimité des élus de la Nation.

Alors, l’apparition en ouverture de ce débat d’une « conférence des citoyens », la « conférence citoyenne », semblait être de bon augure, voire relever du miracle. Échaudé par le précédent, on pouvait imaginer que le « pouvoir » aurait su habilement prendre les devants et mettre en place les conditions d’un débat moins passionné et à la légitimité indiscutable, même par les plus radicaux.

Le miracle n’était qu’un mirage

A l’époque du « tout buzz », la « conférence citoyenne » s’est révélée n’être qu’un gadget, un gadget qu’on a presque envie de considérer comme méprisant…

A lire sous les gros titres et derrière les lignes, on apprend que ces « citoyens » réunis en conférence n’étaient en fait que 18 hommes et femmes, qui tenaient leur caractère représentatif d’un institut de sondage, l’IFOP en l’occurrence. 18 citoyens qui se réunissent, qui préconisent, qui arbitrent…

Dix-huit, deux fois neuf, trois fois six…. 1 « citoyen » pour 3 500 000 Français. Tout est dit…

Alors, maladresse, erreur, faute ?

L’IFOP n’est pas à proprement en cause. Nul ne saurait mettre en cause son expérience, sa compétence et, encore moins, sa capacité à constituer des panels incontestables pour ses enquêtes d’opinion – même si 18, c’est fort peu…

Mieux vaut sans doute chercher du côté du Conseil constitutif national d’éthique, d’abord. Que le CCNE procède à des enquêtes, prenne le pouls de l’opinion, il n’y a rien à dire. En revanche, que cette démarche soit dévoilée puis mise en scène comme pour lancer et clore simultanément un débat qui concerne et touche 65 millions de citoyens, c’est scandaleux.

La responsabilité en revient sans doute au CCNE, un conseil consultatif – d’experts – que, déjà, fourbissant leurs armes, certains opposants accusaient d’être « aux ordres », remodelé même pour la circonstance…

Une erreur de comm’ du « pouvoir » dans son ensemble et des titres précipités des « médias », certains médias. 

Voilà encore un débat qui promet… 

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