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La Croatie modifie sa constitution pour empêcher le mariage homosexuel

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Un référendum a-t-il un sens si seulement 38% du corps électoral se déplace pour donner son avis sur la problématique traitée ? A priori, non, pourtant, la Constitution sera bien modifiée en Croatie, suite aux résultats du référendum sur le mariage.

Une imprécision dans la Constitution croate à l’origine de l’initiative référendaire

Une imprécision demeurait dans la Constitution croate à propos du mariage, dans la mesure où le sexe des personnes n’était pas évoqué. S’agissait-il nécessairement de l’union entre un homme et une femme ou fallait-il y voir une possibilité pour les homosexuels ?

Pour supprimer toute ambiguïté, plusieurs ONG conservatrices, avec en premier lieu, le collectif « Au nom de la famille », ont lancé une pétition pour la redéfinition du mariage, dans la Constitution, comme « l’union d’un homme et d’une femme ». Le but étant, même si le mariage homosexuel n’est pour l’heure pas autorisé, d’éviter toute possibilité pour ses militants de s’engouffrer dans la brèche et demander une modification des lois dans leur sens avec l’appui de la Constitution.

700 000 signatures ayant été récoltées, en vertu de la loi croate, un référendum sur la question a été organisé.

L’église catholique manifeste son soutien au projet d’amendement de la Constitution

Il est important de souligner, qu’en Coatie (nouveau membre de l’Union européenne depuis juillet), l’église catholique est très influente. Cette dernière a très certainement influé sur le résultat en se prononçant clairement pour l’amendement de la Constitution. Lors des messes, par exemple, les prêtres du pays n’ont pas hésité à inciter leurs fidèles à aller voter « oui » au projet initié par le collectif « Au nom de la famille ».

Pour le président de l’organisation à l’origine du référendum, Zeljka Markic, le peuple est en droit de se prononcer sur le sujet : « Le mariage est le fondement de la famille et de la société. Les Croates ont le droit de dire si pour eux le mariage est l’union entre un homme et une femme ».

A noter également la mobilisation du principal parti d’opposition, l’Union démocratique croate (HDZ) dont le chef de fil, Tomislav Karamarko, a précisé : « Il ne s’agit pas de menacer les droits des autres, mais de maintenir notre droit d’être ce que nous sommes. Malheureusement, nous devons, pour ce faire, introduire dans la Constitution quelque chose qui est naturel »,

« Un référendum triste et insensé » pour le Premier ministre Zoran Milanovic

L’initiative du collectif « Au nom de la famille » a naturellement été dénoncée par les militants des droits de l’Homme, mais également par le gouvernement de centre gauche. Le Premier ministre Zoran Milanovic a estimé qu’il s’agissait d’un référendum « triste et insensé, alors que le président Ivo Josipović a lui aussi appelé ses conpatriotes à voter « non ».           

Le mariage sera désormais défini comme « l’union d’un homme et d’une femme

Les appels du gouvernement n’ont manifestement pas suffi puisque près de 66% des votants se sont prononcés pour l’amendement de la Constitution. Les homosexuels sont désormais, de fait, exclus du mariage, qui devient « l’union entre un homme et une femme ».

A noter que malgré l’ampleur des débats ces dernières semaines, le taux de participation a été faible, 38% seulement des 3,8 millions d’électeur s’étant déplacés. Une faible participation qui ne remet pas en cause les résultats, selon la loi croate.

La limite des référendums de ce type

Le vote de dimanche ne pose pas uniquement la question de la place des homosexuels dans la société croate, mais également celle du rôle des citoyens dans les décisions de pays. Et au regard des réactions suite à l’annonce des résultats du vote, un changement du mécanisme permettant l’organisation d’un référendum lorsqu’une pétition recueille suffisamment de voix, quel que soit le sujet, n’est pas à exclure.

Ainsi, le Premier ministre Zoran Milanovic a estimé que « la Constitution devrait préciser quelles sont les questions qui peuvent être soumises à un référendum et celles qui ne devraient pas en faire l’objet, qui représentent l’intimité de la famille ».

Même son de cloche du côté du quotidian Jutarnji List, qui souligne que « le résultat honteux du référendum dévoile les grands dysfonctionnements de l’Etat et de la société croates, ainsi que son instabilité, ce qui doit être changer au plus vite » (traduction Courier international).

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