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Les emplois aidés, de vrais emplois?

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La question de l’insertion durable sur le marché du travail des personnes bénéficiant d’emplois aidés se pose actuellement. Et naturellement, la gauche et la droite s’affrontent sur ce point. Illustrant à lui seul la position de l’UMP, Guillaume Larrivé, député et secrétaire national du parti, déclarait en septembre : « Les contrats aidés sont, hélas, de faux emplois et de vrais impôts en plus ».

Du côté du PS, on est bien sûr conscient de la limite à long terme du processus, si bien que la question qui doit être posée est davantage la suivante : que faire quand on ne peut s’appuyer sur la croissance pour endiguer la montée du chômage ? Pour Michel Sapin, il n’est pas possible de rester sans réagir : « « Personne ne pense qu’on ne résoudra le chômage à moyen ou long terme qu’avec des emplois aidés ! Ce qui permet de créer de l’emploi durable, c’est la croissance, l’activité des entreprises. Mais pendant que la croissance est en panne on fait quoi ? On compte les chômeurs sans rien faire ? ». Il s’agit davantage d’un soutien temporaire qu’une réelle solution de long terme.

Les statistiques plutôt favorables à ce type de mesures

La direction statistique du ministère du Travail (Dares) a publié en novembre des données relatives aux emplois aidés. Les chiffres dévoilés vont plutôt dans le sens du gouvernement. Le rapport montre en effet, que six mois après, 40,2% des personnes ayant bénéficié d’un emploi aidé dans le secteur non marchand disposent toujours un emploi. Dans le secteur marchand, cette proportion monte à 70,2%. Cela montre clairement que les personnes aidées ne sont pas destinées à retrouver le chômage une fois le contrat terminé.

La différence entre les secteurs marchand et non marchand s’explique, de plus, aisément. Les personnes bénéficiant d’un emploi aidé dans une entreprise, sont en général moins en difficulté, moins éloigné de l’emploi. Elles se maintiennent donc plus facilement sur le marché du travail.

Que dit la théorie économique des politiques de l’emploi ?  

Pour apporter un élément de réponse, il est indispensable de se poser la question suivante : les politiques de l’emploi (mesures pour créer des emplois et faire en sorte de maintenir ceux qui existent) permettent-elles réellement de lutter contre le chômage ?

La théorie économique souligne plusieurs limites de ces dispositifs. Tout d’abord, l’importance du coût pour les finances publiques. La réduction des cotisations sociales sur les bas salaires, mise ne place pour inciter la substitution du travail au capital, en est l’illustration. Les cotisations patronales servent normalement à financer la protection sociale. Si l’Etat intervient, ce sont, de fait, les citoyens prendront en charge le manque à gagner pour l’Etat. Le problème de « l’effet d’aubaine » est également régulièrement cité. En d’autres termes, certains employeurs, bénéficient des mesures du gouvernement alors qu’ils allaient de toute manière créer l’emploi ou les emplois concernés.

Pour les néoclassiques, l’action de l’Etat sur le marché du travail n’est pas fondée. Le travail est un bien qui peut s’échanger comme les autres marchandises, grâce à la flexibilité des salaires.Toute intervention de l’Etat nuit donc nécessairement au bon fonctionnement du marché du travail.

Pour les économistes keynésiens, ce dernier s’adapte au marché des biens et services. C’est la demande effective, la demande anticipée par les entreprises, qui détermine le niveau de l’investissement et des embauches. L’intervention de l’Etat est infondée puisqu’elle ne permet pas de réduire durablement le chômage et de créer de vrais emplois.Pour illustrer cela, la métaphore du pêcheur à qui l’on apprend à mieux pêcher, alors qu’il n’y a justement aucun poissons à pêcher, est souvent évoqués.

Mais le problème vient du fait que ces théories considèrent que le marché du travail fonctionne parfaitement, ce qui est loin d’être le cas. Le fait que beaucoup d’offres d’emplois ne soient pas pourvues, alors que des chômeurs seraient prêts à effectuer les missions et possèdent les compétences nécessaires, en est la preuve. Les nouvelles théories économiques sont plus favorables à l’intervention de l’Etat par des politiques de l’emploi. Il est en effet nécessaires, pour ces dernières, d’assurer l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi, ce dont le marché est incapable.

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