Les révélations de l’ancien analyste de la National Security Agency (NSA), Edward Snowden, n’ont pas uniquement ébranlé les relations diplomatiques entre la première puissance mondiale et ses « partenaires ». Elles ont conduit, à l’intérieur même du territoire américain, à une prise de conscience de l’exposition des données personnelles sur Internet. Pour que les citoyens retrouvent confiance en le web, huit géants des nouvelles technologies en appellent à une modification de la législation pour encadrer davantage les pratiques de renseignement.
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La confiance des citoyens dans la protection de leurs données personnelles sur Internet est sévèrement touchée. Pour tenter d’inverser la donne, huit géants du net viennent de lancer une campagne pour réformer le système de surveillance aux Etats-Unis.
Une initiative commune des géants de la high tech
Huit multinationales du secteur des nouvelles technologies ont adressé, ce lundi 9 décembre, une lettre à la Maison Blanche, pour qu’une surveillance accrue des agences de renseignement, dans leur collecte de données, soit engagée. Un site internet, a également été mis en place pour appuyer la campagne. Les signataires (Microsoft, Google, Apple, Facebook, LindedIn, Yahoo, AOL et Twitter) espèrent en cela parvenir à restaurer la confiance du grand public en Internet.
Il faut dire que l’onde de choc provoquée par les révélations de l’ancien analyste de la NSA, Edward Snowden, a été considérable. Face à l’ampleur du programme de l’agence américaine, l’indignation a été partagée par tous les pays espionnées. En Allemagne, l’annonce de la mise sur écoute de la chancelière Angela Merkel a engendré un tollé.
Les citoyens américains ont également réalisé que du fait de l’existence du Patriot act, les agences de renseignement avaient accès quasi librement à la masse colossale de données personnelles des géants du web comme Facebook ou Google. Même si la loi les contraignait à fournir les informations demandées, ces entreprises se sont retrouvées accusées d’avoir participé au programme d’espionnage, et donc de ne pas avoir été capables de protéger les informations personnelles qu’elles détenaient.
« Il est temps que les choses changent »
La lettre adressée au Président américain et aux membres du Congrès insiste sur la nécessité de renforcer la supervision judiciaire des agences de renseignement et de créer un système plus transparent.
« Nous comprenons que les gouvernements ont le devoir de protéger leurs citoyens. Mais les révélations de cet été ont mis en relief le besoin urgent de réformer les pratiques de surveillance à l’échelle mondiale. Dans beaucoup de pays, l’équilibre a basculé en faveur des Etats, au détriment des droits des individus – droits inscrits dans notre Constitution. Cela ébranle la liberté que nous chérissons tous. Il est temps que les choses changent. ».
« Nous encourageons les Etats-Unis à prendre l’initiative et mettre en place les réformes pour assurer que les efforts de surveillance du gouvernement soient clairement encadrés par la loi. Un contrôle proportionné aux risques, transparent, et faisant l’objet d’une surveillance indépendante. ».
Plusieurs dirigeants de ces entreprises s’étaient déjà montrés particulièrement critiques à l’égard des autorités sur la question, à l’image du patron de Facebook, Mark Zuckerberg : « Je crois que le gouvernement s’est planté ».
Il est évident qu’une poursuite des pratiques actuelles de collecte massive de données ne peut que nuire aux entreprises du net, comme le souligne Brad Smith, vice-président de Microsoft : « Les gens ne vont pas utiliser une technologie dans laquelle ils n’ont pas confiance. Les gouvernements ont mis cette confiance en danger et doivent aider à ce qu’elle soit retrouvée ».
Analyse évidemment partagée par Marissa Mayer, PDG de Yahoo : « Les révélations récentes sur les activités de surveillance des gouvernements ont ébranlé la confiance de nos utilisateurs ».
Il reste maintenant à savoir si Barack Obama osera s’attaquer au problème et imposer un cadre juridique plus strict pour les agences de renseignement. Il en va de la confiance des utilisateurs des services proposés par les géants du net, mais également des relations displomatiques entre Wahington et ses partenaires commerciaux.
