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Les jeunes Sud-Africains craignent l’après-Mandela

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Ils seront nombreux, rassemblés dans le stade de Soweto mardi 10 décembre à l’occasion de l’hommage national qui sera rendu à l’ancien président Nelson Mandela, décédé quelques jours auparavant.

Les Sud-Africains remercient Nelson Mandela

De nombreux chefs d’Etat, qui auront fait le voyage spécialement – on en attend près d’une centaine parmi les plus importants de la planète –, seront présents, mais aussi plusieurs milliers de Sud-Africains en deuil depuis le 5 décembre.

Parmi eux, Daryl Bartkunsky. Ce Sud-Africain de 20 ans a grandi avec l’image de Nelson Mandela. Aujourd’hui, c’est bien plus qu’un ancien président qui meurt, mais bel et bien une icône et un modèle comme en témoigne l’ambiance qui règne dans les rues de Johannesburg, où il vit.

« Depuis l’annonce de la mort de Madiba, l’ambiance ici est assez paradoxale »,  explique-t-il à la veille de l’hommage organisé dans le stade de Soweto, là où Nelson Mandela a fait sa dernière apparition publique, à l’occasion de la Coupe du monde de football en 2010. « Bien entendu, tout le monde est triste. En même temps, dans cette atmosphère de deuil, tous les Sud-Africains se réjouissent d’avoir vécu en même temps que lui et c’est comme si tout le monde voulait le remercier pour tout ce qu’il a fait pour nous ».

Un nouveau chapitre vient de s’ouvrir

« Nelson Mandela demeure un véritable héros », explique encore Daryl Bartkunsky, qui a grandi avec la chute de l’Apartheid. « Il est et restera l’illustration parfaite de l’espoir, de la foi, de la paix et de l’amour. Il a été la personne qui a prouvé que les actes pouvaient être plus forts que les mots en faisant le bien pour les autres et en menant notre pays de l’obscurité vers la lumière ».

Pour décrire ce « héros », Daryl Bartkunsky n’est pas avare en mots et, en chœur avec de nombreux Sud-Africains en deuil, il décrit cet homme dont la mort semble faire entrer l’Afrique du Sud dans une nouvelle ère.

« Depuis la mort de Madiba, j’ai vraiment l’impression que l’Afrique du Sud ouvre un nouveau chapitre de son histoire », explique-t-il. « J’imagine que ce chapitre sera celui durant lequel nous arrêterons de parler de Nelson Mandela et de ce qu’il a fait pour nous pour finalement tous parvenir à agir comme lui, tout simplement ».

« Nous ne formons qu’un seul peuple »

Mais aujourd’hui, et alors que même la presse sud-africaine est unanime pour qualifier Nelson Mandela de « saint » canonisé avant sa mort, le portrait dressé de l’Afrique du Sud est loin de ressembler à celui de son libérateur. Un pays hanté par la criminalité, par l’épidémie du Sida. Un pays dirigé par un parti dont les dirigeants, tous des amis de Nelson Mandela, s’entredéchirent désormais, laissant craindre l’après-Mandela.

Pour Daryl Bartkunsky néanmoins, l’héritage de Nelson Mandela va bien au-delà de cette image. « L’Afrique du Sud va aujourd’hui nettement mieux », estime-t-il. « Depuis le début des années 90, l’Afrique du Sud a emprunté une bonne voie et personne ne peut le nier ».

« Nelson Mandela laisse un héritage qui prouve aux Sud-Africains qu’ils sont tous des hommes égaux, qu’importe leur couleur de peau, leur âge, leur religion etc. », ajoute-t-il encore. « Nous sommes tous égaux, nous ne formons qu’un seul peuple ».

C’est alors avec appréhension que ce jeune Sud-Africain attend l’après-Mandela. « J’ai un peu peur », affirme-t-il. « Et en fait, j’adorerais que Nelson Mandela soit de nouveau président ».

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