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Les réseaux sociaux, stars de la révolte ukrainienne

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Créée le 21 novembre 2013, la page Facebook EuroMaidan compte déjà 151 000 soutiens. On y trouve les militants de la première heure, qui ont bien compris le succès des Printemps arabes. Il est donc peu surprenant de voir que les premiers appels à manifester furent diffusés par les réseaux sociaux.

Simplifier l’organisation

En 2004, lors de l’historique Révolution Orange, des hommes montaient sur la tribune pour diffuser à la foule, haranguée par une heure de discours enflammés, des détails pratiques, d’organisation. L’hébergement des militants venant de province se faisait à l’amiable, au dernier moment. On citait quelques restaurateurs et petits commerçants sympathisants de la cause. Et puis c’était la bousculade, déjà sur la Place de l’Indépendance.

En novembre 2013, la « génération Y » utilise ses moyens. Ceux dont les Egyptiens se servaient pour se retrouver Place Tahrir. En Ukraine, Twitter cristallise de nouveau les velléités militantes. Le hashtag #EuroMaidan est au centre de la twittosphère ukrainienne. Littéralement « Square de l’Europe », il rebaptise de fait la Place de l’Indépendance, où se font face manifestants et forces de l’ordre. Une place redécorée aux couleurs de l’Europe, et de l’Ukraine.

L’utilité des réseaux sociaux tient aussi à leur capacité à créer des solutions pratiques. Une page Facebook permet ainsi aux militants venus de villes éloignées de Kiev, de trouver un hébergement économique dans la capitale. Les sandwicheries, pubs locaux et chambres d’hôte y sont également répertoriés. La vocation première d’Internet est bien là, à savoir faciliter l’accès à l’info.

Propagande et surveillance 2.0

Bien loin des petites phrases légères des étoiles d’Hollywood, fleurissent sur Twitter des messages de mobilisation. D’encouragements. De propagande. Tout le monde s’improvise en dénicheur de slogans. De simples passants filment : grâce à Twitter ou Facebook ils sont cameramen. Les manifestants deviennent acteurs et réalisateurs d’une scène, auteurs et scandeurs de bons mots polémiques.

Sur les réseaux sociaux, il y a ce côté « Anonymous », ce sentiment d’impunité du fait qu’on écrit derrière un pseudonyme. La liberté de ton qui s’y dégage fait fantasmer les militants. L’un des tweets populaires de la semaine, posté par un manifestant en milieu de soirée, dit sobrement : « Le métro de Kiev ferme à minuit, Facebook ne ferme jamais ».

A l’inverse, quel meilleur vecteur de surveillance pour les pouvoirs publics ? L’outil est à double tranchant, car s’il transmet les lieux et horaires des manifestations, il les communique aussi aux forces de l’ordre. Pas de partialité chez Twitter, fournisseur d’infos pour les deux camps. Le hashtag #EuroMaidan a lui aussi été détourné de sa fin initiale : de plus en plus de messages le reprennent, mais pour dire partager des idées telles que « Je suis bien mieux avec ma famille devant la télé qu’à l’EuroMaidan ».

Le géant américain Twitter peut même se frotter les mains, en pleine période de tensions russo-américaines : la révolte de l’ancienne République soviétique lui a fait gagner des milliers d’utilisateurs, qui ne surfaient auparavant que sur des réseaux sociaux…russes !

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