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L’Islande va réduire les dettes immobilières des ménages

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L’endettement est une question centrale en Islande, largement débattue lors des élections législatives d’avril 2013. Sur ce point, le gouvernement a pu bénéficier d’une situation économique en constante amélioration depuis 2008, avec une croissance qui pourrait dépasser les 2% cette année, pour lancer son initiative d’allègement de la dette immobilière des ménages.

Le gouvernement annulera jusqu’à 24 000 euros de dettes immobilières par ménage

Alors que les pays européens multiplient les annonces de nouvelles mesures d’austérité pour redresser des comptes publics fortement dégradés par le sauvetage du système bancaire, l’initiative du gouvernement islandais détonne.

Reikyavick a en effet annoncé, samedi 30 novembre, la mise en place d’un programme visant à alléger la dette des ménages ayant contracté un emprunt immobilier indexé sur l’inflation. La remise sur la somme empruntée pourra aller jusqu’à 24 000 euros par famille et dépendra du montant emprunté, sans qu’aucune condition de revenu n’intervienne. Une exemption d’impôt a, par ailleurs, été prévue pour les ménages devant puiser dans leur épargne-retraite  pour embourser leur emprunt immobilier.

Pour rappel, il s’agissait d’une mesure de campagne du Parti du Progrès (parti du Premier ministre centriste Sigmundur David Gunnlaugsson), qui forme depuis les élections législatives d’avril 2013, un gouvernement de coalition avec son allié conservateur, le Parti de l’indépendance.

Un coût de plus de 900 millions d’euros

Le programme devrait coûter 150 milliards de couronnes sur quatre ans (plus de 900 millions d’euros), un montant  à relativiser, dans la mesure où, d’après le gouvernement, cela devrait aussi « doper le revenu disponible des ménages et encourager l’épargne ».

Si de nombreux éléments restent à préciser, il semblerait que les banques et fonds qui gèrent les actifs des banques ayant fait faillite avec la crise en 2008, supportent le poids de la mesure. L’exécutif a simplement indiqué que le programme ne conduirait pas à l’accroissement de la dette publique.

Pour le chef du gouvernement « environ 80% dez ménages vont être directement touchés », pour un entrée en vigueur « vers la mi-novembre ».

Une conséquence directe de la crise de 2008

Les difficultés éprouvées par les ménages islandais à rembourser leur emprunt immobilier indexé sur l’inflation est une conséquence directe de la crise de 2008. Il est important de se rappeler le contexte d’avant crise. L’inflation est faible dans le pays et l’immense majorité des prêts immobiliers sont indexés sur cette variable, ce qui, à l’époque, ne pose pas de problème.

Mais suite au déclenchement de la crise, et à l’effondrement du système bancaire qui en découle, la couronne s’effondre. La chute de la monnaie entraîne alors une explosion de l’inflation, qui provoque une très forte tension des taux d’intérêt des emprunts bancaires. Les ménages islandais, quand ils peuvent encore faire face à leurs engagement financiers, sont obligés de puiser dans leurs réserves ou leur épargne-retraite.

L’endettement atteint désormais un niveau inquiétant en Islande, comme l’a souligné le gouvernement dans un communiqué : « Actuellement, la dette des ménages équivaut à 108% du PIB, ce qui est élevé au plan international ».

Un mécanisme difficilement reproductible

Au regard de la décision du gouvernement islandais, il est légitime de s’interroger sur la possibilité d’une reproduction de ce mécanisme dans d’autres nations, plus importantes. Mais si une telle éventualité est attirante en théorie, elle n’est que difficilement envisageable, du fait des spécificités islandaises.

L’aspect démographique est déterminant, puisque le pays est l’un des moins peuplés d’Europe (320 000 habitants) avec les micro-États comme Monaco ou le Liechtenstein. De plus, s’il a payé au prix fort l’effondrement de son système bancaire, le pays reste riche (le PIB par habitant était plus important en Islande qu’en France avant la crise).

Par ailleurs, la reprise est bien présente, avec un taux de croissance qui devrait dépasser les 2% en 2013. La réponse du gouvernement à la crise, à savoir, l’application du plan d’austérité et la baisse de la monnaie pour favoriser les exportations, a fonctionné. Naturellement, la contraction des salaires et de la dépense publique ont fait chuté la consommation, ce qui a également participé au rééquilibrage de la balance commerciale.

Dans le plupart des pays développés susceptibles d’être marqués par un surendettement des ménages, les gouvernements ne disposent tout simplement pas de marges de manœuvre suffisantes pour mettre en place un tel programme.

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