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Madagascar: deux candidats «d’État» pour la présidence

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Les Malgaches ont voté, vendredi 20 décembre, à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle. Depuis, la commission électorale qui reçoit les procès-verbaux et publie les résultats n’a laissé filtré que peu d’informations et les résultats officiels se font attendre, si bien que les deux candidats en lice au second tour ont décidé chacun de s’autoproclamer vainqueur du scrutin.

Une lutte acharnée pour la victoire

Cette situation ne fera sans doute que conforter les prévisions de nombreux experts qui prédisaient un tel scénario au lendemain des élections.

« À Madagascar, le pouvoir donne tout. D’énormes dépenses électorales sont faites pour soudoyer les électeurs et les candidats ont procédé à un investissement important à l’occasion de ces élections, pour s’exposer, ils n’ont pas l’intention de perdre leur mise », expliquait Jean Frémigacci, historien et spécialiste de Madagascar à l’occasion du premier tour de l’élection.

Pour ce second tour, la situation est d’autant plus complexe que les deux candidats en lice ne se présentent pas vraiment pour eux mais pour leurs mentors respectifs, deux figures éminentes de la vie politique malgache qui ont été priées par la communauté internationale de ne pas se présenter pour cette édition.

Les deux hypothétiques futurs présidents ne seraient-ils alors que deux simples marionnettes ?

Le candidat « Hery », futur président ?

Selon les premiers résultats partiels, le candidat du pouvoir Hery Rajaonarimampianina serait en tête du scrutin. Un résultat qui va à l’encontre des résultats du premier tour durant lequel son principal adversaire, Jean-Louis Robinson, s’était assuré une large victoire face à la trentaine de candidats en lice.

Hery Rajaonarimampianina, plus simplement appelé « Hery » est le candidat d’Etat, soutenu par un « poids-lourd » de la vie politique malgache.

Son mentor n’est autre que le président par intérim Andry Rajoelina, ancien disc-jokey, maire de la capitale malgache, qui a été placé à la tête du pays et s’est, depuis, illustré en gouvernant comme un dictateur.

« Les chiffres le disent, c’est moi, il n’y a pas d’ambiguïté, j’ai gagné! C’est vrai, ce n’est pas officiel, je parle de tendances, et sur la base de ces tendances, j’ai gagné », clamait ce candidat dès dimanche soir.

Né en 1958 à Antsofonondry dans la banlieue nord d’Antananarivo, « Hery » est diplômé en économie à l’université d’Antananarivo, puis en finance et comptabilité à l’université de Trois-Rivières, au Québec. D’abord directeur d’études à l’Institut national de sciences comptables et de l’administration d’entreprise, puis créateur d’un cabinet d’expertise comptable et commissariat aux comptes, Hery Rajaonarimampianina devient ministre des Finances et du budget du gouvernement de la transition mené par Andry Rajoelina qui le soutient directement pour ce scrutin.

Jean-Louis Robinson dénonce des fraudes massives

Face à lui, le docteur Jean-Louis Robinson. Ce dernier ne se présente pas seul non plus puisqu’il est soutenu par le deuxième acteur principal de la vie politique à Madagascar en la personne de Marc Ravalomanana. Ancien président, accusé d’incompétence, ce dernier s’est mis à dos la population qui a montré son mécontentement par des manifestations violemment réprimées. En 2009, il a été renversé par un coup d’Etat.

Jean-Louis Robinson a également proclamé sa victoire et a dénoncé des « fraudes massives » et des « bourrages d’urnes », lui qui était en tête au premier tour.

À 61 ans, le docteur Jean-Louis Robinson Richard se présente pour le parti Antoko ny Vahoaka Aloha No Andrianina (AVANA).

Il défend les couleurs de l’ancien président dont il a été ministre à deux reprises, à la Santé publique, au planning familial et à la protection sociale de 2004 à 2008 et aux Sports et à la culture en 2009.

Actuellement, Jean-Louis Robinson est expert médical auprès des tribunaux de Madagascar, médecin agréé des Nations unies et membre de la Société Française de Médecine Aérospatiale, en tant qu’expert.

Si la communauté internationale pouvait voir en lui le futur président de bonne réputation pour reprendre les rênes de Madagascar, certains électeurs lui reprochent néanmoins sa double nationalité française et son appartenance au parti socialiste français.

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