Site icon La Revue Internationale

Noël: Philippe, 60 ans, profession «barbe blanche»

1398388_4945989147452_573844710_o.jpg1398388_4945989147452_573844710_o.jpg

[image:1,l]

Rues, restaurants, grands magasins, entreprises privées…Les domaines d’action de Philippe sont divers et variés. C’est dans les années 90 que ce père Noël débute dans la profession, en déambulant dans les rues de Châtelet dans le but de se faire prendre en photos. Mais le résultat n’est pas très florissant. Il décide donc de passer par des agences d’intérim pour trouver des missions plus rentables.

Cette année, c’est l’agence Monica Médias qui lui trouve du travail : « Nous avons recours à de vrais comédiens de théâtre. C’est un vrai métier, ce n’est pas de la figuration. Il faut qu’ils rentrent dans le rôle. Il y a des Père Noël parachutistes, d’autres jongleurs…Ils sont d’ailleurs payés comme des comédiens » explique Sylvain Raucaz, directeur de l’agence. « Pour avoir une vraie tête de père Noël, il faut prendre des personnes qui ont un certain âge, qui aient du ventre et qui possèdent un très beau costume » poursuit-il.

Philippe, un père Noël «biker» 

Pour ses prestations, Philippe, qu’on surnomme souvent le « biker », troque son blouson en cuir pour son long manteau rouge et se blanchit la moustache. Son costume, qu’il a fait réaliser sur mesure,  sa grande barbe blanche « qui descend jusqu’au milieu du ventre », les cloches à ses bottes, ses gants blancs, et sa hotte forment la parfaite panoplie du père Noël. Son physique impressionnant – 1,82 pour 115 kilos – et son beau costume lui valent souvent d’être nommé « Père Noël en chef » lors de ses missions, quitte à susciter parfois la jalousie de certains de ses collègues.

Quatre mois avant la période des fêtes, il ressort son déguisement et se prépare, tout excité, tel un enfant. « C’est une passion. Je le fais pour la magie, la féérie, pour voir les étoiles dans les yeux des petits. C’est un métier fabuleux » explique-t-il. Ce qu’il préfère dans sa profession, ce sont  les réflexions spontanées des enfants. Il se souvient par exemple d’une petite fille qui lui a un jour timidement tiré la main  pour lui glisser à l’oreille un « père Noël, père Noël, je t’ai préparé un verre de lait et une carotte pour tes rennes ». Ou une autre fois, lorsqu’ un enfant l’a aperçu de l’autre côté de la galerie et s’est précipité vers lui pour se jeter dans ses bras.

Un traîneau à pédales

S’il joue régulièrement au loto, ce n’est pas dans l’espoir de quitter un jour son métier, mais pour créer une vraie maison de Père Noël et ce fameux traîneau à pédales dont il rêve depuis des années. Rémunéré 150 euros la journée pour « vivre la vie du Père Noël », Philippe doit multiplier les petits boulots à côté pour joindre les deux bouts. Après avoir passé quelques journées dans le mois à distribuer des cadeaux, il change de casquette pour devenir animateur commercial ou musicien.

Un syndicat du père Noël

Philippe est un père Noël engagé. Pour ce « monsieur cadeaux », qui prend son métier très au sérieux, il ne faut surtout pas dénaturer la magie qui entoure ce personnage vieux de 700 ans, avec la prolifération de toutes ces publicités et objets dérivés qui vulgarisent l’esprit de Noël. « Il ne faut pas raconter n’importe quoi sur lui : le Père Noël, c’est sacré ! ». Philippe a d’ailleurs songé à créer un « syndicat des père Noël » pour conserver le mystère et la féerie qui entourent ce personnage légendaire. « Au fond, les enfants savent inconsciemment que c’est un Monsieur déguisé, mais c’est important de les laisser se mentir à eux-mêmes, de leur laisser ce rêve éphémère » estime-t-il, car pour les enfants « le père Noël c’est un Dieu ».

Pour la parité aux pays des jouets

Philippe a également proposé un concept aux grandes surfaces : des performances du Père Noël avec la Mère Noël, une sorte de kit, parce que «  le père Noël tout seul peut parfois effrayer les enfants ». Une manière également d’instaurer la parité aux pays des jouets. Mais les grandes surfaces ont pour l’instant décliné la proposition, jugeant son idée trop coûteuse : en période de crise, un père Noël c’est déjà amplement suffisant.

Solitaire

Son métier, il ne le quitterait pour rien au monde : « Je continuerai jusqu’à ce que je ne puisse plus marcher. Pour moi c’est un sacerdoce » confie-t-il. « Si je n’enfilais pas mon manteau et mes bottes au mois de décembre, je serai très malheureux » explique-t-il encore. Pourtant, ironie du sort, ce passionné solitaire ne fête jamais Noël… Une fois qu’il a ôté son grand manteau, Philippe rentre dans sa chambre de bonne dans le 9e arrondissement de Paris, où il vit seul: « comme quoi le père Noël n’est pas si bien loti ». 

Quitter la version mobile