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Plus de 400 morts au Soudan du Sud: un combat ethnique et politique

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Depuis quelques jours, Juba, capitale du Soudan du Sud, vit de nouveau au rythme des affrontements, des coups de feu et des morts. Entre 400 et 500 personnes ont perdu la vie ces derniers jours, selon un responsable local de l’ONU. Si le nombre des porte-voix des autorités locales et nationales à Juba empêche d’y voir clair, l’état des lieux est quand même inquiétant.

Les militaires ne sont plus les seules victimes. Les civils affluent dans les hôpitaux de la capitale sud-soudanaise, théâtre d’affrontements entre factions rivales de l’armée. De quoi y voir une simple opposition de miliciens ? La réalité est plus complexe…

Dinkas contre Nuers, le conflit ethnique

A l’instar de la guerre civile pluri-décennale entre le Soudan du Sud et son remuant voisin du Nord, les frictions à Juba résultent d’une opposition ethnique.

Salva Kiir Mayardit, président de la ROSS (Republic of South-Sudan), est un Dinka, l’une des plus importantes ethnies des peuples « nilotiques ». Son ancien vice-président et actuel opposant Riek Machar, lui, est un Nuer. La rivalité entre ces deux groupes ethniques, qui ne partagent pas la même langue, s’est accrue dans les années 1990. Riek Machar et ses subsides nuers s’étaient alliés à Khartoum durant la longue guerre civile opposant les deux entités soudanaises.

Salva Kiir, qui a limogé son vice-président en juillet dernier, l’accuse d’avoir fomenté une tentative de coup d’état en début de semaine, à l’occasion d’un congrès du SPLM (Sudan People Liberation Movement), le parti au pouvoir. Il est d’ailleurs indiqué comme « en fuite » par le gouvernement sud-soudanais.

Ce mardi, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a appelé le Président Kiir à « faire une offre de dialogue » à ses opposants, afin de mettre un terme aux affrontements.

Un État déchiré

Le Soudan du Sud se passerait bien de ces énièmes combats dans les rues de Juba. La capitale de plus jeune État du monde (indépendant depuis le 9 juillet 2011) subit un couvre-feu vespéral depuis deux ans. Surtout, le Soudan du Sud est déjà miné par ses relations extrêmement tendues avec Khartoum (Soudan). Omar el-Béchir, qui n’a pas vraiment dirigé la sécession de 2011, est inflexible dans sa politique avec le Sud depuis lors.

La vie tourne au ralenti dans ce nouvel État. Dépendant du pétrole, qui assure plus de 90 % de ses revenus, il a déjà dû subir une interruption de sa production de brut durant 15 mois, jusqu’en avril dernier. Les accords de paix avec le Soudan sont aussi nombreux qu’éphémères. Cette instabilité paralyse un pays qui a en outre du mal à se réconcilier avec lui-même. La sécession d’avec le Soudan a mis en lumière la fracture ethnique, politique et sociale du Sud. Une fracture qui se traduit ces jours-ci, dans les rues de Juba, armes à la main.

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