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Pourquoi le Rafale est-il si cher?

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La France semble être passée à côté d’un contrat de quelque 5 milliards d’euros. Le Brésil, longtemps attiré par le Rafale du français Dassault, a finalement opté pour une marque suédoise et c’est au Gripen NG de Saab que les autorités ont décidé de faire confiance.

« Le meilleur avion du monde »

Même si la France a voulu se montrer optimiste, affirmant que le Brésil n’était en fait pas la cible parfaite de la vente d’un Rafale français, il convient de revenir sur les défauts qui font de cet avion un engin des plus difficiles à vendre.

Des défauts qui ont été largement étalés dans la presse. Le Rafale de Dassault serait « trop cher », « invendable », peu compétitif etc.

En effet, le Rafale est cher. Le coût budgétaire d’un appareil représente environ une centaine de millions d’euros, sans compter les frais d’entretien et les frais de fonctionnement. Olivier Dassault, administrateur du groupe fabriquant de l’avion est le premier à le dire, le Rafale est cher. « Mais il est quatre fois meilleur ! La qualité a un prix ! », rétorquait-t-il néanmoins sur LCI. « Le Rafale, c’est le meilleur avion du monde », ajoutait-il encore.

Le Brésil n’était pas la cible

Le Rafale est un bon avion, mais sans doute trop. La France s’est peut-être trompée en laissant reposer quelques espoirs sur les achats brésiliens.

« C’est un très bon avion. Dans sa catégorie, c’est un des meilleurs. Mais le problème c’est que c’est un avion extrêmement sophistiqué donc cher », notait ainsi Louis Gallois, commissaire général à l’investissement, au micro de BFM TV, jeudi 19 décembre. « S’il n’a pas été choisi, ce n’est pas parce qu’il n’est pas bon, c’est parce que les Brésiliens ont considéré qu’il leur fallait un avion qui ait des caractéristiques, des qualités, nettement inférieures ».

Une analyse partagée par Vincent Lamigeon, journaliste pour le magazine Challenge. Le Rafale est «  inadapté aux critères finalement adoptés par le Brésil. Brasilia voulait, après avoir longtemps tergiversé, un avion bon marché plutôt qu’une bête de course », estime le journaliste.

Un avion « excellent » et « fragile »

Cette défaite est comparable au revers qu’avait connu la France en Suisse en 2012. En effet, cette année-là, les Suisses avaient eux-aussi opté pour l’avion suédois, renonçant à la qualité pour se concentrer sur le prix.

Deux ans plus tôt, le quotidien suisse Le Matin révélait un document confidentiel de l’armée suisse comparant les capacités des deux avions, mis à l’épreuve dans une opération de « police du ciel ». Selon ce document, l’avion suédois était arrivé largement derrière le Rafale français. « Il n’a atteint que 5,33 points sur 10, soit bien au-dessous de la limite minimale de 6,0 décidée au début du processus d’évaluation. L’Eurofighter atteint 6,48 et le Rafale 6,98 », annonçait alors le journal.

Jean-Dominique Mercher, spécialiste reconnu des questions militaires et auteur du blog Secret Défense, avait répondu aux questions du quotidien lorsque les trois avions étaient encore en lice pour convaincre la Suisse. Du Rafale français, ce spécialiste estimait alors qu’il était véritablement un « excellent » avion, bien que « moderne » et donc « fragile ».

C’est au regard de l’intervention du Rafale en Libye que Jean-Dominique Mercher notait ainsi que le Rafale avait « rempli toutes les missions pour lesquelles il a été conçu ».

« Il a fait de la chasse, de la reconnaissance, de l’attaque au sol et du bombardement stratégique. Le Rafale a opéré aussi bien depuis la terre que la mer. Pas de perte. Pas de pannes. Enthousiasme très fort des militaires qui ont opéré avec le système Rafale. Il a eu certes beaucoup d’heures de maintenance comme avec tous les avions modernes de cette génération, qui sont fragiles comme des F1. Mais au moins on gagne les courses ».

Le Gripen, un avion low-cost

L’avion suédois serait en effet plus économique sur le long terme. Pour Vincent Lamigeon, journaliste pour le magazine Challenge, le Gripen est « un appareil léger, rustique, économique à l’achat mais aussi à l’usage, sans être au top de la technologie ».

C’est ainsi que ce type d’avion a pu se vendre dans certains pays aux ressources moins élevées, ajoute encore le journaliste : « L’avion suédois avait d’ailleurs connu ses succès à l’export dans des pays où le facteur prix est primordial (Hongrie, République tchèque, Thaïlande, Afrique du Sud) ».

Tous les espoirs ne sont cependant pas perdus, et c’est ce qu’a assuré le ministre français de la Défense, jeudi 19 décembre. « Même si je dois décevoir les Brésiliens, le Brésil, ce n’est pas la cible prioritaire du Rafale, nous avons d’autres prospects plus importants. Nous avons de bonne raisons de croire que sur l’Inde et sur le Golfe, il y aura bientôt des résultats », a estimé le ministre.

En effet, la France compte actuellement sur une commande de 36 avions, pour une première tranche, au Qatar, 126 avions en Inde et, peut-être, 18 engins en Malaisie.

Un avion polyvalent

Le Rafale est le résultat d’un programme, lancé au milieu des années 1980, d’uniformisation des forces armées françaises. Il vise à remplacer, à l’horizon 2025-2030, les sept types d’aéronefs en service jusque-là dans l’armée de l’air et la marine nationale. C’est un avion militaire omnirôle, capable notamment d’effectuer une frappe nucléaire.

Avion de chasse à aile delta avec empennage canard rapproché, propulsé par deux moteurs de la Snecma, il est décliné en trois versions : le Rafale-M pour les missions depuis un porte-avions, le Rafale C et rafale B, respectivement monoplace et biplace, pour les missions depuis une base terrestre.

Il peut voler à une vitesse maximale de 2 203 km/h, soit Mach 1,8. Son coût unitaire est de l’ordre de 150 millions d’euros. Mis en service le 18 mai 2001, il a été commandé à 286 exemplaires par le gouvernement français. 

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