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Pourquoi se prive-t-on du savoir-faire des anciens présidents en France?

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On apprenait lundi 9 décembre que Nicolas Sarkozy avait accepté l’invitation de François Hollande de se rendre à l’hommage de l’ancien président sud-africain, Nelson Mandela, qui se déroule ce mardi dans un stade de la banlieue de Johannesburg. Mais « pour des raisons pratiques, techniques et économiques », deux Falcon conduiront respectivement les deux hommes, précisait ce lundi l’entourage du président de la République. Leur inimitié est connue de tous, pourtant l’invitation du président a été saluée unanimement.

« Américanisation » de la vie politique ?

De droite, comme de gauche, la classe politique a unanimement salué l’invitation du chef de l’Etat et y a vu un comportement républicain, proche de ce qui se fait aux Etats-Unis « Je trouve que c’est bien ce qui se passe, là », a commenté Laurent Fabius, lundi, sur France Inter. « Il y a une tradition, pas en France, mais aux États-Unis ou dans d’autres pays, où quand il y a un très grand événement de ce type, la majorité et l’opposition sont présentes ». « C’est bien que la France, dans sa diversité, soit rassemblée pour les funérailles de cet homme qui était un combattant magnifique et un rassembleur extraordinaire », a ajouté le ministre des Affaires étrangères.

Un avis partagé par l’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire : « C’est très bien que la République se réunisse pour des manifestations de cette importance », a-t-il expliqué, sur France 2. « C’est naturel puisqu’on voit que d’autres pays le font ; Barack Obama vient avec quatre de ses prédécesseurs. Et puis c’est républicain, Nicolas Sarkozy l’avait fait en son temps pour l’enterrement de M. Bongo ». Marine Le Pen, présidente du FN, y a vu, quant à elle, une marque « d’américanisation ».

Comment cela se passe-t-il aux Etats-Unis ?

En janvier 2009, quelques jours avant la passation de pouvoir, à l’initiative du président fraîchement élu, Barack Obama, Jimmy Carter (1977-1981), George H. W. Bush (1989-1993), Bill Clinton (1993-2001) et George W. Bush (2001-2009) s’étaient retrouvés à la Maison Blanche pour évoquer les détails de la passation de pouvoir et les grands dossiers du moment, dont le Proche-Orient et la crise économique. Une réunion qu’il est difficile d’imaginer en France.

Iront par ailleurs rendre hommage à Nelson Mandela : le président des Etats-Unis, Barack Obama, et deux de ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton. George W. Bush et son épouse Laura « ont accepté avec reconnaissance l’invitation du président et de Mme Obama à les accompagner en Afrique du Sud dans Air Force One, et à assister à l’hommage au président Nelson Mandela la semaine prochaine », a fait savoir un porte-parole de l’ancien président. Là encore, les différends politiques ne semblent pas affecter la relation des deux hommes qui partageront le même avion.

Exception française

Comment expliquer qu’en France les relations ne soient pas aussi simples entre le chef de l’Etat et ses prédécesseurs ? Il faut avouer que la question ne s’est pas encore posée de façon si évidente. En France, depuis le début de la Ve République, soit les présidents ont quitté le pouvoir très malades, soit leur mandat unique a laissé entrevoir un éventuel retour qui ne favorisait pas la bonne entente avec un chef de l’Etat en exercice. Valéry Giscard d’Estaing attendra de voir son destin présidentiel définitivement enterré pour se lancer dans l’aventure européenne.

A l’heure actuelle, Nicolas Sarkozy ne cesse d’envoyer des signes d’un éventuel retour. Il est donc légitime que François Hollande garde ses distances avec son potentiel concurrent en 2017. Le quinquennat a rendu de plus en plus compliquées les réélections. Le cas de Nicolas Sarkozy ne sera donc bientôt plus un cas isolé. Dans une vingtaine d’années quatre présidents pourraient se retrouver dans cette situation. Si c’est le cas, que vont-ils faire ?

Depuis son départ de la Maison Blanche, Jimmy Carter a joué le rôle de médiateur de conflits internationaux et a mis son prestige au service de causes caritatives. En 2002, il recevait le Prix Nobel de la paix en récompense de ses « efforts pour résoudre les conflits internationaux par des solutions pacifiques, pour faire progresser la démocratie et les droits de l’Homme, et pour promouvoir le développement économique et social ». Une voie que pourrait bien prendre Nicolas Sarkozy si tout ne se passait pas comme il le prévoit en 2017…

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