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Présidentielle: Michelle Bachelet reprend les rênes du Chili

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Présidente déchue en 2010 à l’issue de quatre années de mandat, Michelle Bachelet est de retour sur le devant de la scène politique chilienne.

62% des voix mais une forte abstention

Fin juin, elle signait un succès retentissant lors du scrutin des primaires de gauche. Une victoire qui lui a permis de mener le front de coalition opposé au pouvoir de Sebastián Piñera, le président sortant, pendant toute la campagne pour les élections présidentielles de 2013.

Dimanche 15 décembre, le second scrutin a rendu à l’ex-présidente du Chili son siège à la tête de la République, avec un peu plus de 62 % des voix, devançant de loin son opposante de droite, Evelyn Matthei, qui n’a obtenu que 38% des voix. Le second tour a cependant été marqué par un fort taux d’abstention.

« Le Chili s’est regardé lui-même, sa trajectoire, son passé récent, ses blessures, ses gestes, le travail encore à faire. Et il a décidé qu’il était temps de mener des changements de fond », a déclaré la nouvelle présidente dimanche soir, devant des milliers de Chiliens venus l’acclamer à Santiago, la capitale. « Ça ne va pas être facile, mais quand a-t-il été facile de changer le monde pour l’améliorer ? », a-t-elle ajouté.

Fervente démocrate

Fille du général de l’armée de l’air Alberto Bachelet – un ancien proche du président socialiste Salvador Allende, qui fut incarcéré, torturé et mort en prison après le coup d’État du général Augusto Pinochet – Michelle a connu l’horreur de la dictature. Après des études de médecine, elle s’exile en Australie en 1975 avec sa mère, puis part en Allemagne pour y étudier la langue.

Elle rentre finalement dans son pays natal en 1979, achève ses études et obtient son diplôme de médecin, se spécialisant dans la pédiatrie. C’est dans les années 80, quelques temps avant la fin de la dictature, que Michelle Bachelet s’engage politiquement, après avoir rejoint les rangs du Parti socialiste. Elle milite pour la démocratie et dirige une organisation de protection des enfants de personnes torturées ou disparues pendant le régime de Pinochet.

Santé et Défense

Elle s’engage auprès du ministère de la Santé et de l’Organisation mondiale de la Santé, entreprend des études de stratégie militaire, part un temps aux États-Unis puis revient en 1998 au Chili comme conseillère auprès du ministre de la Défense.

En 2000, elle obtient le poste de ministre de la Santé, nommée par le président de gauche Ricardo Lagos, puis occupe le siège de ministre de la Défense deux ans plus tard.

Première femme présidente en Amérique du Sud

Les années 2000 signent le début d’une popularité grandissante, qui la pousse à se présenter à l’élection présidentielle de 2006, encouragée par le président Lagos. Face à Sebastián Piñera (parti de la Rénovation nationale), elle l’emporte avec 53,5% des voix. C’est la première fois qu’une femme est élue présidente au suffrage universel direct en Amérique du Sud.

Ne pouvant pas, selon la Constitution chilienne, se représenter pour un mandat successif, Michelle Bachelet laisse la présidence en 2010 à son ancien opposant Sebastián Piñera. Elle prend alors la tête de l’ONU Femmes, l’organisation de défense des droits des femmes, avant de se lancer en 2013 dans la campagne pour la présidentielle.

Réduire les inégalités sociales et économiques

Le programme de Michelle Bachelet est dans la continuité de ce qu’elle avait instauré lors de sa première période présidentielle entre 2006 et 2010, à savoir une réduction des inégalités sociales et économiques.

Elle prône notamment la gratuité des études universitaires, un point fermement défendu par les étudiants chiliens et les jeunes députés récemment élus au Parlement, qui l’attendent de pied ferme sur cette question et espèrent un changement de la Constitution héritée de la dictature.

Elle souhaite également la légalisation du mariage homosexuel et de l’avortement sous certaines conditions, ce qui marquerait un profond bouleversement dans ce pays fortement conservateur.

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