Le 10 mai 2013, le Front Polisario, mouvement politique opposé au contrôle marocain du Sahara occidental, célébrait les quarante ans de son existence. Quelques jours avant, une grande manifestation pro-indépendance s’était déroulée à Laâyoune, la plus grande ville de la région. Six mois après, malgré la visite de l’envoyé spécial de l’ONU dans la région, les tensions restent vives. Retour, en six dates, sur quarante années d’existence du Front Polisario.
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En 1958, l’Espagne, qui occupe le sud du Maroc, crée le Sahara espagnol en rassemblant les territoires de Río de Oro et Saguia el-Hamra – qui donneront par la suite leur nom au Front Polisario – puis fait de Laâyoune la capitale du Sahara espagnol. Quinze ans plus tard, après plusieurs années de mobilisations indépendantistes éparses, le Polisario est créé.
1973 : la création
Le 10 mai 1973, le « Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro », ou Front Polisario en abrégé, est fondé en Mauritanie afin d’obliger l’Espagne, par la force, à renoncer à la colonisation du Sahara occidental. Il est également créé en opposition au rattachement de la région au Maroc et à la Mauritanie.
1975 : le Maroc reprend le contrôle
Après plusieurs mois de négociations autour de la question du Sahara occidental – dont une proposition de référendum auprès de la population sahraouie sur l’autodétermination et un accord secret entre la Mauritanie et le Maroc pour se partager le Sahara occidental – la Cour internationale de Justice rend un rapport le 16 octobre 1975.
Après la demande de l’ONU faite à la Cour internationale de Justice d’émettre cet avis consultatif, la Cour déclare que les liens juridiques d’allégeance avec le Maroc et la Mauritanie ne sont pas de nature à entraver « l’application du principe d’autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire ».
Mais la « marche Verte » organisée par le Maroc sous le régime d’Hassan II, qui vise à reprendre le contrôle de la région, pousse l’Espagne à se retirer. Commence alors une longue lutte entre les troupes marocaines et le Front Polisario, qui s’oppose aux accords conclus entre le Maroc et la Mauritanie qui prévoient de se partager la région (deux tiers pour le Maroc et un tiers pour la Mauritanie).
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1976-1979 : le conflit armé
Le Front Polisario annonce la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en février 1976, reconnue quelques jours plus tard par l’Algérie. Le début des tensions algéro-marocaines commence.
Après plusieurs attaques du Polisario en Mauritanie, celle-ci finit par capituler en 1979, fragilisée par la présence de nombreux nationalistes sahraouis dans le pays et par la désertion, dans les rangs de son armée, de soldats partis rejoindre le Polisario. Un traité de paix est signé entre les deux parties et la Mauritanie renonce à toute revendication sur le tiers du Sahara occidental qui devait lui revenir selon l’accord passé avec le Maroc.
1980 : le Mur
La construction à partir de 1980, par le Maroc, d’un mur de sable de plus de 2700 kilomètres, doté de plusieurs outils de surveillance, vise à affirmer la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en opposition aux revendications d’indépendance du Polisario. Il est achevé d’être construit en 1987. En rejetant le Front Polisario à l’extérieur du mur, le conflit s’enlise.
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1991 : le cessez-le-feu
Après l’intégration de la RASD dans l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et sa reconnaissance par 75 États – mais non par l’ONU –, d’âpres négociations entre le Maroc et le Sahara occidental ont lieu pendant les années 80.
Elles aboutissent, après une dernière offensive du Polisario contre le Mur, à un cessez-le-feu organisé par l’ONU en 1991, après que le Conseil de sécurité a donné son accord pour la création d’une Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
2010 : l’affrontement à Gdim Izik
Le 10 novembre 2010, des affrontements violents ont lieu dans le campement de protestation de Gdim Izik, près de Laâyoune, installé un mois plus tôt par les Sahraouis pour protester contre leurs conditions de vie. L’affrontement oppose les manifestants sahraouis aux forces de l’ordre marocaines, venues pour démanteler le campement.
Les tensions étaient montées d’un cran quelques jours plus tôt après la mort d’un jeune tué par la gendarmerie marocaine, alors qu’il voulait entrer dans le camp.
Le Polisario et les indépendantistes ont été accusés par les autorités marocaines d’avoir pris la main sur le campement. Selon les autorités marocaines, 13 personnes ont trouvé la mort dans les affrontements, dont deux civils. Le représentant du Polisario, Ahmed Boukhari, parle de son côté de 36 Sahraouis tués, sans que les chiffres ne soient pour autant vérifiés.