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Sommet de l’Elysée, entre absents de marque et invités infréquentables

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Annoncé par François Hollande lors du sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en mai dernier, le sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique se tient à Paris les 6 et 7 décembre. Tous les chefs d’Etat Africains y siègent. Tous ? Non…

Certains ne sont pas invités, car mis au ban de la communauté internationale. Omar El-Béchir, qui a accueilli par le passé des terroristes d’envergure tels qu’Oussama Ben Laden, et dont le pays, le Soudan, est mis sur liste noire par les Etats-Unis depuis des années. Robert Mugabe (Zimbabwe), le doyen des chefs d’État africains, ne l’est pas davantage, tout comme Andry Rajoelina (Madagascar) et Adli Mansour (Egypte). Pour des raisons évidentes, accrues par l’actualité conflictuelle, Michel Djotodia (Centrafrique) n’est pas non plus sur la liste.

Les absents ont toujours tort, dit un vieil adage. En l’occurrence, il ne peut s’appliquer à Abdelaziz Bouteflika qui, pour des raisons de santé, mandate son premier ministre.

Les pays phares aux abonnés absents

Uhuru Kenyatta, Président du Kenya élu en mars dernier, manquera également à l’appel. Inculpé par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité, il a néanmoins été officiellement convié. Sa coopération avec la CPI – où il est attendu pour être jugé de l’instigation de violences post-électorales en 2007 – a sans doute pesé dans la balance. Son absence demeure regrettable : le Kenya est l’un des pays les plus dynamiques (plus de 7% de croissance) d’Afrique, et qui attire le plus les Investissements directs à l’étranger.

Quant à Jacob Zuma, il est LE grand absent de ce sommet. Le Président de l’Afrique du Sud a inexplicablement décliné l’invitation de François Hollande, qu’il avait pourtant assuré de sa présence en octobre dernier. En pleine tourmente politique dans son pays, décrié jusque dans son propre camp, accusé de toutes parts de corruption et de népotisme, le moment serait malvenu pour lui. Le sommet franco-africain devra donc faire sans le Président de la plus grande puissance africaine.

Les « infréquentables »

La réception en France de Mouammar Kadhafi, en décembre 2007, par Nicolas Sarkozy, avait généré un tollé de réactions. L’incontrôlable dictateur libyen s’était pavané dans les rues de Paris, provoquant l’ire du monde politique, des associations de défense des droits de l’homme et de maintes organisations, nationales et internationales. La diplomatie a ainsi son lot de réceptions bancales, difficiles à assumer.

Ce sommet franco-africain ne déroge pas à la règle, puisque s’y montreront des chefs d’État dont les casseroles, si elles ne sont pas toujours prouvées, jettent l’opprobre sur leur visite. Pierre Nkurunziza, Président burundais, en fait partie. Condamné à mort par la justice du Burundi en 1996 pour la pose de mines ayant tué des dizaines de civils à Bujumbura, il est finalement amnistié, suite aux accords d’Arusha en 2003. Après une campagne émaillée d’incidents et de violences, il est réélu pour un second mandat présidentiel en 2010, avec un score historique de 91 % des voix. Il était seul candidat à ce scrutin…

Bisbilles avec la France

Pour Denis Sassou N’Guesso, c’est une autre histoire. Accusé par la justice française de « biens mal acquis » et de « recel de détournements de fonds publics », le Président congolais entretient des relations tendues avec la France, bien que la tendance soit à l’apaisement depuis 2012. L’entreprise française Total exploite en effet une grande partie du pétrole congolais. Visé par la même plainte, Teodoro Obiang (Guinée Equatoriale) sera là, lui aussi.

Tout comme Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), dont l’implication dans l’affaire Borrel n’a jamais été confirmée…ni infirmée. Le juge français Bernard Borrel avait été découvert mort en 1995 à Djibouti. Son épouse avait rapidement accusé le président djiboutien d’avoir commandité cette action.

Dernier « invité de marque », Idriss Déby ne peut passer inaperçu en France. Le Président tchadien aurait envoyé des troupes aider Mouammar Kadhafi, lors de la guerre civile durant laquelle le « Colonel » fut renversé, avec le soutien de la France, et tué.

Quinze ans après le Sommet du Louvre (1998), déjà sur le thème de l’insécurité, plusieurs chefs d’État africains sont toujours là, et l’enjeu sécuritaire tracasse toujours autant.

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