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S&P: le triple A de l’union européenne était de toute manière une anomalie

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Si les négociations sur l’union bancaire ont, de fait, abouti à un accord, elles ont une nouvelle fois apporté la preuve de l’existence de lourdes divergences en Europe. L’Allemagne a tout fait pour éviter la mutualisation totale du risque bancaire, ce qu’elle a obtenu. Les intérêts particuliers continuent de primer sur l’intérêt collectif. Les discutions sur la mise en place d’une éventuelle stratégie commune de défense et de sécurité poussent évidemment au même constat.

L’Union européenne perd le fameux triple A auprès de Standard & Poor’s

L’agence de notation Standard & Poor’s a annoncé, ce vendredi 20 décembre, la dégradation de la note de l’Union européenne (UE) dans son ensemble. Cette dernière passe de « AAA » à « AA+ », la deuxième meilleure notation. Cette note est assortie d’une perspective stable, signifiant que l’agence ne compte ni l’abaisser ni la relever à moyen terme.

Rappelons que la note de l’union européenne avait été placée sous perspective négative en janvier 2012, ouvrant ainsi la voie à une possible dégradation.

La qualité de la signature des pays de l’UE a diminué ces derniers mois

Une telle décision était bien sûr difficile à anticiper. Mais, en réalité, c’est un non événement tant le triple A ne reflétait plus la qualité de la signature des pays formant le socle de l’UE.

Au cours des derniers mois, l’agence américaine a en effet dégradé la note de pas moins de sept pays membres : France, Italie, Espagne, Malte, Slovénie, Chypre et Pays-Bas. Si bien qu’aujourd’hui, seuls six pays de l’union européenne (l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg, le Danemark, la Suède et la Norvège) bénéficient encore du triple A chez au moins une des trois grandes agences de notation que sont Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch.

S&P souligne dans le communiqué que la note moyenne des contributeurs nets au budget européen n’est plus que de « AA », un cran inférieur au « AA+ » de l’Union européenne.

La décision sanctionne également le manque de cohésion en Europe

En plus de l’argument lié à la situation économique de chaque pays membre, s’ajoute celui de la cohésion de l’ensembre. S&P explique que cette cohésion a diminué, notamment sur la question budgétaire : « Les négociations budgétaires de l’UE sont devenues plus tendues, attestant, de notre point de vue, d’une montée des risques concernant le soutien à l’UE de la part de certains Etats membres ». 

Sur ce point, les contradictions de l’Europe sont éclatantes. Pour poursuivre son développement, il est indispensable que le budget européen soit augmenté, pourtant, les plus gros contributeurs multiplient les efforts pour réduire leur participation. De ce fait, pour l’agence : « la qualité de la signature d’ensemble des 28 membres de l’UE a baissé ».

Pourquoi l’UE est-elle notée ?

Les agences de notation évalue la solvabilité, la capacité à rembourser, des organismes empruntant. Et l’Union europénne emprunte effectivement en son nom, que ce soit pour prêter à des Etats ou financer certains programmes communs comme Euratom (la Communauté européenne de l’énergie atomique), l’organisme public européen coordonnant les programmes de recherche sur le nucléaire.

Le montant de sa dette reste toutefois extrèmement faible, environ 56 milliards d’euros, à comparer, par exemple, aux presque 2000 milliards d’euros de dettes de la France.

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