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Venezuela: Nicolas Maduro affronte sa première crise économique

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JOL Press : Nicolas Maduro a été élu à la tête du Venezuela le 14 avril dernier. Quel bilan pouvez-vous tirer de ses premiers mois de mandat ?
 

Jean-Jacques Kourliandsky : Cela a été une année très agitée pour tout le pays. La situation économique n’est pas bonne, l’opposition est restée très mobilisée, très active et très offensive. Pour les Vénézuéliens, ces premiers mois de mandat ont donc été passablement difficiles.

JOL Press : Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Nicolas Maduro a largement misé sur l’héritage Chavez pour fonder sa légitimité. Qu’en est-il aujourd’hui, est-il parvenu à se libérer de cette succession ?
 

Jean-Jacques Kourliandsky : Oui et non. On reprochait à Nicolas Maduro, tant du côté de l’opposition que dans son propre camp, de ne pas être Hugo Chavez, de ne pas savoir où il allait, de ne pas avoir l’autorité nécessaire ni le charisme.

De son côté, le président a vraiment joué sur l’héritage Chavez. Il a notamment décrété que le 8 décembre – la dernière fois où Hugo Chavez s’est exprimé en public – serait une date anniversaire. Ainsi, il a voulu continuer à s’identifier à l’image de son prédécesseur.<!–jolstore–>

Mais compte tenu de l’approche des élections municipales, et de l’aggravation de la crise économique qui se traduit par une forte inflation et par la pénurie de certains produits, Nicolas Maduro a pris des mesures assez fortes, pour enrayer la crise dans un premier temps, mais aussi pour se donner l’image de quelqu’un capable de prendre des décisions d’autorité et faire preuve de fermeté en montrant un cap.

Il a mobilisé l’armée et a demandé au Parlement le vote d’une loi-cadre lui permettant d’avoir tous les pouvoirs économiques pendant une année, ce qui a d’ailleurs permis l’adoption d’un certain nombre de mesures allégeant les difficultés de son électorat, des gens parmi les plus défavorisés du Venezuela. Toutes ces décisions lui ont sans doute donné une autre image mais dont on mesure mal aujourd’hui l’effet.

JOL Press : Après la mort d’Hugo Chavez, le monde a assisté à un véritable élan patriotique au Venezuela. Quelques mois plus tard, les esprits sont-ils toujours aussi enthousiastes ?
 

Jean-Jacques Kourliandsky : La population est toujours aussi polarisée. Une grande partie des Vénézuéliens reste fidèle à l’héritier d’Hugo Chavez, l’actuel président, et une autre partie se retrouve derrière celui qui les a représentés contre Hugo Chavez et contre Nicolas Maduro lors de la dernière élection présidentielle, Henrique Capriles.

Ces deux blocs sont très mobilisés. La seule chose que certains observateurs ont remarqué c’est qu’il semblerait qu’un certain nombre de Vénézuéliens se fatiguent de ces affrontements qui durent depuis des années. Lors des dernières élections municipales, il y a quelques jours, on a assisté à une recrudescence de candidatures indépendantes, qui ne se veulent ni d’un côté ni de l’autre.

JOL Press : Compte tenu de la situation économique, l’opposition d’Henrique Capriles a-t-elle désormais plus de chances de percer ?
 

Jean-Jacques Kourliandsky : Lors des élections municipales du 8 décembre dernier, Henrique Capriles a tenté de transformer ce scrutin local en un vote test pour le gouvernement. C’est sans doute pour cela qu’un mois avant le scrutin, le président Nicolas Maduro avait décidé de prendre plusieurs mesures d’autorité en vue d’affronter les difficultés du quotidien des Vénézuéliens.

Selon les résultats publiés récemment, le parti au pouvoir a finalement remporté 54% des voix contre 44% pour l’opposition.

JOL Press : La crise économique semble de plus en plus forte. Nicolas Maduro pourrait-il devenir l’homme qui ouvrira l’économie de son pays vers le monde ?
 

Jean-Jacques Kourliandsky : Pour l’instant, les enjeux fondamentaux se résument à la lutte contre les pénuries et contre l’inflation. Il ne s’agit donc pas d’ouverture ni de fermeture de l’économie mais plutôt de la prise de mesures d’urgence provoquée par l’acuité de la crise.

Les problèmes de pénurie ont été réglés de façon assez musclée, le gouvernement a envoyé l’armée dans les magasins pour obliger les commerçants à déstocker car il semblerait qu’un certain nombre d’entre eux aient provoqué des phénomènes de hausse des prix artificiels en retenant la vente de produits. Cela a permis de donner un peu d’air à la consommation et aux consommateurs.

Il y a eu également des mesures prises en vue de réduire à 30% les profits qui, sur certains produits parait-il, atteignaient plus de 1 000% avec un jeu sur le double système de change du dollar. Cette mesure a également eu pour objet d’alléger les dépenses de la part des consommateurs populaires du Venezuela.

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