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Afrique: comment devenir un chef rebelle en cinq leçons

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En République démocratique du Congo, la paix a été signée avec le Mouvement du 23 Mars qui a déposé les armes. Pour autant, la paix n’est pas revenue sur le territoire et la population civile doit faire face à de nombreux autres mouvements rebelles bien connus pour leurs exactions.

Une cinquantaine de groupes rebelles en RDC

Ces groupes seraient au nombre d’une cinquantaine, répartis sur tout le territoire et luttant chacun pour leurs propres intérêts. Des groupes tous différents ? Pas tant que ça pour ce journaliste du site Mondoblo, habitué des reportages sur différents groupes armés comme le M23 mais aussi l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) ou encore les différents groupes Maï Maï dans le Grand Nord.

L’assassinat récent du colonel Mamadou Ndala, membre des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et qui était en charge de la lutte contre ces groupes insurgés, témoigne de la violence et de la détermination de ces groupes.

Or pour Gaius Kowene, qui s’exprime sur la plateforme Mondoblog, si tous ces mouvements rebelles n’agissent que pour leurs intérêts, ils ont néanmoins un point commun : leur mode opératoire et le parcours de leurs leaders. Ces derniers doivent, selon lui, passer par quatre étapes successives afin de se faire un nom.

Apprendre son histoire

« Connaitre l’histoire de votre tribu vous permettra de la manipuler pour vos intérêts », estime Gaius Kowene. « Consultez les vieux sages et ils ne manqueront pas de trouver une mésentente avec les voisins (ce qui est normal) ».

Devenir une victime

La victimisation est une étape importante du processus qui « permet de montrer aux ‘notables’ de la communauté que votre tribu est une espèce en voie d’extinction ».

« Vous avez automatiquement leur soutien », prédit Gaius Kowene.

Former sa garde rapprochée

Un chef rebelle n’est ni vu ni entendu, il reste dans l’ombre et dirige ses ouailles. Les dirigeants des rebellions semblent avoir tous fonctionné de la même manière. Ils ont permis aux jeunes de leur village de partir étudier à l’étranger afin de revenir formés et de constituer l’élite à la tête de la future rébellion.

« Comme ça, vous faites qu’ils se retrouvent avec une dette morale envers vous. Ils n’hésiteront pas à utiliser ces connaissances pour ‘sauver’ la tribu qui a fait d’eux ce qu’ils sont ».

Toujours une base évangélisatrice

Comme le pensait déjà Nicolas Machiavel, la religion est source de pouvoir et de crédibilité, rappelle Gaius Kowene. Ainsi, tous les chefs rebelles qui sévissent en République démocratique du Congo ont tous un jour été de grands pasteurs.

« Il suffit de trouver quelques versets dans la Bible ou le Coran », note-t-il. « Quand vous êtes évangélistes, même de grands décideurs du pays ou du monde n’hésiteront pas à vous recevoir facilement ».

L’économie donne le pouvoir

Une fois que le chef rebelle en herbe a acquis la sagesse de l’histoire et de la religion, il ne lui manque plus que le rôle politique. Pour cela, l’étape économique est fondamentale.

« Soit vous contrôlez des carrières de minerais ou vous influencez les grands commerçants de la région », note Gaius Kowene. « Il suffit de se trouver un argument, convaincant ou pas, montrez-leur que votre tribu est en danger. Comme leurs intérêts en dépendent, ils vous rejoindront ! »

« Et quand vous avez l’économie, la politique ne peut que venir vers vous », conclut finalement l’auteur.

> Lu sur Mondoblog

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