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Afrique: les Casques bleus de l’ONU, nombreux mais inefficaces?

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Huit missions. Les Casques bleus sont déployés en huit points chauds d’Afrique en ce début d’année 2014. Utiles ou non, pas toujours efficaces, les missions onusiennes n’en demeurent pas moins souvent attendues comme le messie, au beau milieu de conflits inextricables.  

Les missions onusiennes au cœur de l’actualité

En République démocratique du Congo (RDC), la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC) doit désormais faire face à un second ennemi. Constitué en 2010, le contingent de Casques bleus a participé, jusqu’en novembre 2013, au démantèlement du mouvement rebelle du M23. Il est aujourd’hui enjoint à intensifier son action contre d’autres groupes armés sévissant dans Congo belge. A commencer par les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui déstabilisent la zone sur fond de vieille guerre entre ethnies tutsi et hutu.

Au Soudan du Sud, déchiré aujourd’hui par des violences interethniques, deux missions mandatées par l’ONU sont en place, depuis 2011 et la sécession– acquise laborieusement et encore controversée – d’avec le Soudan. L’État le plus jeune de la planète, dont les ressources pétrolières font autant d’envieux que d’heureux, est constamment en proie aux guerres civiles, religieuses ou ethniques. La FISNUA (Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei) participe au maintien d’une paix relative dans la région d’Abyei, hautement pétrolifère et dont la souveraineté est revendiquée par les deux Soudan. Quant à la MINUSS (Mission des Nations Unies au Soudan du Sud), sa voix peine à se faire entendre dans la cacophonie qui règne à Juba actuellement.

Enfin, au Mali, la MINUSMA (Mission multidmensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) agit en complément de l’opération Serval menée par l’armée française. Effective au 1er juillet 2013, elle mobilise actuellement plus de 6 000 hommes (civils et militaires) pour assurer le maintien de la paix, et œuvre dans des domaines aussi divers que la sauvegarde du patrimoine culturel, le soutien aux actions humanitaires ou la sécurité urbaine.

Des situations qui s’enlisent

Le maintien de la paix n’est pas chose aisée dans certains territoires d’Afrique. Certaines missions de l’ONU, bien qu’établies depuis longtemps, demeurent mobilisées, la situation étant loin d’être réglée sur place. Ainsi, plus de 10 ans après sa mise en place, en 2003, lors des accords de cessez-le-feu signés à Monrovia, la MINUL (Mission des Nations Unies au Libéria) n’est pas prête d’être démantelée.

Au Sud du Maroc est établie la plus ancienne mission onusienne actuelle en Afrique. Initialement prévue pour organiser un référendum statuant sur la souveraineté du territoire, la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) s’y est embourbée depuis…1991 ! L’objectif initial était de questionner les habitants sur leur volonté d’être indépendants, ou au contraire d’appartenir au Maroc. Si la première mission est globalement maîtrisée (à savoir contrôler les mouvements de population), l’organisation du référendum est, pour l’instant, un échec total. Faute d’un consensus entre les parties, il ne cesse d’être repoussé. A se demander si la mission onusienne est, en l’occurrence, d’une vraie utilité.

Des opérations de long terme, sans grande visibilité

Quant aux opérations de l’ONU en Côte d’Ivoire depuis 2004 (ONUCI), et celle menée conjointement avec l’Union africaine au Darfour (MINUAD), elles n’ont pas vraiment de visibilité sur l’avenir.

En Côte d’Ivoire, la mission ONUCI est chargée de veiller au respect des accords de Marcoussis, en parallèle de la surveillance militaire française de l’opération Licorne. Initialement prévue pour une durée d’un an, elle a été régulièrement prorogée par des résolutions de l’ONU, du fait du caractère incertain de la paix civile.

Quant au Darfour, la MINUAD est tout simplement la plus importante organisée par les Nations Unies, avec plus de 27 000 hommes engagés afin d’endiguer les violences ethniques, les affrontements militaires et les déplacements de population, et maintenir une sécurité acceptable sur le territoire. L’année 2013 ayant été catastrophique pour le Darfour (plus de 460 000 personnes déplacées), le mandat de la MINUAD a été, une fois de plus, prolongé le 31 juillet dernier. Et il y a fort à parier sur une nouvelle reconduction l’an prochain, tant l’incertitude demeure quant à l’avenir de cette zone tampon.

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