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Alain Vivien appelle à la vigilance face au lobby iranien

L’ancien ministre Alain Vivien a appelé à la vigilance face au lobby iranien en France et à la fermeté dans l’application de l’accord sur le nucléaire, rappelant que la question des droits de l’homme dans ce pays ne devait pas être éclipsée. « Tant qu’il y a en Iran tant de gens persécutés, martyrisés, dans des conditions effroyables, tant que le dernier ne sera pas mis en liberté, et les droits rétablis, il faudra bien que nous nous battions’, a déclaré l’ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangère lors d’une conférence organisée la semaine dernière au Sénat.  

Les participants a ce colloque, organisé par le Comité français pour un Iran démocratique (CFID), ont évoqué la vaste campagne de lobbying du régime iranien pour attirer les personnalisés et parlementaires français en Iran afin de redorer son blason et se donner  une façade de légitimité. Alain Vivien a développé cette question dans un article dont nous proposons ici la lecture. Cet article a été rédigé avant le voyage controversé de Régis Debray en Iran en compagnie d’un lobbyiste peu recommandable au service du régime iranien.

Ne baissons pas la garde

Par Alain Vivien

Le lobby pro-iranien s’agite beaucoup depuis l’élection d’Hassan Rohani à la présidence du gouvernement de la République islamique. Particulièrement en France. Les acteurs de ce regain imprévu de sympathie sont tantôt quelques universitaires retraités qui par le passé n’ont jamais eu beaucoup de difficultés à obtenir des visas pour leurs séjours d’études en Iran, tantôt des hauts fonctionnaires, naguère en poste au Moyen-Orient, qui ne devraient pas ignorer – et moins encore négliger – les ficelles de la diplomatie des mollahs.

Leurs déclarations ne sauraient faire oublier les exactions du régime qui persistent à l’encontre du peuple iranien lui-même dès lors que ce dernier regimbe contre les diktats des religieux ou qu’il proteste contre le désastre économique et social d’un pays livré depuis des décennies à l’impéritie de la caste des ayatollahs grands et petits.

Ni laisser ignorer l’ingérence permanente du régime aussi bien dans un Irak vassalisé qu’une Syrie déchirée par la guerre civile.

Les choses auraient-elles changé depuis l’avènement d’Hassan Rohani? On peut raisonnablement en douter. Plus de 660 exécutions ont eu lieu en 2013, souvent par la méthode barbare de la strangulation publique. Ce n’est pas l’élargissement très médiatisé de quelques personnalités appartenant à la classe aisée qui doit faire illusion. Elles sont libres mais interdites de parole.

Face à ces réalités peu encourageantes, la prudence manifestée par le président François Hollande se justifie pleinement. Le comportement amène d’Hassan Rohani, qui rappelle la courtoisie affichée jadis par son prédécesseur Khatami, n’augure pas nécessairement d’une réelle volonté de calmer le jeu. Au demeurant, la direction de la République islamique reste concentrée entre les mains du guide suprême, l’ayatollah Khamenei et son Conseil de Gardiens de la constitution, appuyé par les Gardiens de la révolution (le Corps des Pasdarans).

La dictature iranienne n’en reste pas moins confrontée aux effets des sanctions décidées par les nations démocratiques et au mécontentement croissant de la population. Les récentes destructions d’antennes paraboliques par les commandos de la milice des Pasdaran témoignent d’un nouveau raidissement du régime. Elles ne suffiront pas à éteindre l’aspiration des Iraniens à un régime démocratique.

Ne pas céder au cants des sirènes entrepreniales

Pour tenter de sortir des impasses  dans lesquels les mollahs ont enfermé leur pays, Hassan Rohani a été autorisé à formuler des propositions. En sollicitant le desserrement des sanctions internationales, il suggère que des progrès pourraient être faits dans le domaine hypersensible du nucléaire. C’était déjà ce que suggérait Khamenei avant les sanctions! Mais les années ont passé, pendant lesquels les négociations piétinant, puis étant suspendu, la militarisation du régime n’a pas perdu du temps. De quelques dizaines, les centrifugeuses indispensables pour produire de l’uranium enrichi à 20 %, sont passées à plusieurs milliers.

Les nations démocratiques ont eu raison, cependant d’accepter le redémarrage des pourparlers avec Téhéran. Mais elles manqueraient de sagacité si elles tenaient pour négligeable, l’action à revers des pressions que le régime exerce, dans la plus pure confusion (car nul en Occident ne refuse à l’Iran le droit au nucléaire civil), sur les gouvernements par le biais des milieux économiques. De cette offensive, il y a lieu de tout craindre car elle vise à dissocier les nations démocratiques trop souvent rivales en ce qui concerne les affaires, et à faire jouer contre les responsables gouvernementaux les intérêts de quelques grandes entreprises qui sont d’ores et déjà dans leurs starting-blocks, à la conquête d’un Iran qui sera à reconstruire. N’attendons pas une expression publique de cette guerre politique. Redoutons en revanche que certains politiques, à défaut de donner un feu vert, détournent pudiquement les yeux, les affaires reprenant et l’Iran poursuivant ses activités nucléaires clandestines.

Il ne faut pas céder au cants des sirènes entrepreniales ni au chantage exercé sur l’emploi et le commerce international. Car l’abandon par Téhéran de son projet d’arsenal nucléaire n’intéresse pas seulement le destin de la nation iranienne, son équilibre interne et la place qu’elle en appelle à jouir comme puissance régionale au proche et Moyen-Orient. Il conditionne la solution du problème plus général de la prolifération nucléaire dans une zone dévastée par la guerre et l’angoisse du lendemain.

On y mettra un terme que par la fermeté et des accords négociés garantissant à chacune des nations la paix par la fermeté.

 

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