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Attentats à Mogadiscio: les inquiétants vœux du Shebab

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Après la sanglante attaque du centre commercial Westgate à Nairobi (Kenya), le Shebab somalien a encore frappé. L’une des milices terroristes les plus actives d’Afrique a revendiqué deux attentats qui ont meurtri la capitale somalienne, Mogadiscio, ce jeudi.

« C’est le début de 2014 (…) le sort des étrangers et des mercenaires locaux restera le même jusqu’à ce qu’ils quittent le pays (…) ils n’auront pas de refuge sûr en Somalie », a déclaré le porte-parole des shebab Ali Mohamud Rage dans un message de Nouvel An. Ou comment publier les vœux les plus menaçants de l’année.

L’attentat s’est déroulé en deux phases. Une voiture piégée a tout d’abord explosé devant l’hôtel Djazira. Proche de l’aéroport, l’hôtel abrite des voyageurs de toutes nationalités, et surtout les diplomates étrangers, qui y retrouvent fréquemment les responsables politiques somaliens. La seconde explosion a eu lieu au moment où les forces militaires et les secours médicaux venaient en aide aux victimes de la première.

Plusieurs attaques par an

La milice islamique Al-Shebab est coutumière du fait. Depuis 2011 et son éradication de Mogadiscio par une force somalo-kenyane, le groupe terroriste a juré, par la voix de ses différents porte-paroles, de mener des actions punitives. Et il ne cesse de tenir ses promesses.

Après l’attentat suicide au camion piégé le 4 octobre 2011 à Mogadiscio (70 morts) ; l’attaque à la grenade dans une discothèque de Nairobi le 24 octobre 2011 (15 morts) ; le raid contre un tribunal de Mogadiscio le 14 avril 2013 (29 morts) ; ou encore la prise d’otages achevée dans un bain de sang le 23 septembre 2013 dans le centre commercial de Westgate de Nairobi, le groupe Al-Shebab signe là une nouvelle démonstration de force – et de sa détermination.

Comme toujours avec cette milice, la communication rondement menée de ses chefs ne laisse pas de place aux doutes quant à l’instigation de l’attentat. Ali Mohamud Rage affirme d’ailleurs que son groupe « assume l’entière responsabilité de l’attaque de la nuit dernière qui visait un rassemblement de hauts responsables apostats du renseignement à Mogadiscio ».

Un combat religieux contre les « apostats »

« Les apostats sont les yeux et les oreilles des envahisseurs, et ces attaques sont un châtiment bien mérité pour leur rôle dans (…) l’aide aux forces d’invasion dans leur croisade contre l’islam et les musulmans de Somalie ». La violence verbale du propos est froide, déterminée. Une manière de dire que le Shebab ne s’arrêtera pas.

D’autant plus que la situation politique somalienne n’est pas sans favoriser la nidification de ce type de groupes. Sans véritable gouvernement, devant faire face à une volonté de sécession du Somaliland, l’Etat somalien est en pleine décrépitude. L’anarchie règne dans l’État de la Corne de l’Afrique. La côte est contrôlée par les islamistes, qui s’activent jusque dans le port de Mombasa, au sud du littoral kenyan.

C’est dire l’influence d’un groupe qui a, depuis longtemps, dépassé le stade de la petite organisation régionale.

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