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Birmanie: les derniers prisonniers politiques ont été libérés

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Les derniers prisonniers politiques du régime birman devraient quitter les murs de leurs prisons. Selon deux ordres d’amnistie, publiés par l’actuel président Thein Sein, tous les prisonniers politiques ont été libérés avant la fin de l’année 2013.

Plus de prisonniers politique au 1er janvier 2014

Le président birman commence l’année 2014 en respectant une de ses promesses, celle d’avoir libéré tous les détenus du régime avant la fin 2013. Cependant, si le nombre de prisonniers n’a pas été précisé, la date de libération de ces derniers ne l’a pas non plus été.

Emprisonnés pour trahison, sédition ou encore manifestation illégale, ces détenus ont toujours été difficiles à comptabiliser. Lorsque la junte militaire a été dissoute, en mars 2011, les organisations de défense des droits de l’homme estimaient à 2 000 le nombre de détenus de conscience dans le pays.

Depuis, des libérations ont été décidées, en plusieurs vagues successives, de plusieurs centaines d’opposants et selon les calculs ils seraient aujourd’hui une quarantaine derrière les barreaux. Ils seraient également plus de 200 en attente d’un procès.

La Birmanie a son opposition politique

Le président Thein Sein, par ces ordres d’amnistie, semble faire un pas de plus vers l’ouverture. Depuis deux ans et demi, Thein Sein a multiplié les gestes d’apaisement tant demandés par la communauté internationale et la Birmanie paraît désormais prête à intégrer le collège des nations.

Ce rapide processus d’ouverture a débuté en novembre 2010 par la libération de l’opposante Aung San Suu Kyi. Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi est aujourd’hui chef de file de l’opposition au Parlement.

Cette dernière a par ailleurs annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle birmane, qui devra se dérouler en 2015. Cependant, l’actuelle constitution interdit à tout Birman marié à un étranger de briguer la magistrature suprême, or Aung San Suu Kyi est mariée à Michael Aris, de nationalité britannique. Elle tentera donc de faire modifier le texte de la loi fondamentale pour se présenter devant les électeurs.

Libération de la presse

L’ouverture de la Birmanie est également passée par la libération de la presse. En avril dernier, et pour la première fois depuis cinquante ans, les Birmans ont pu feuilleter les pages de quatre quotidiens privés dans les kiosques. Au total, seize journaux ont obtenu le feu vert des autorités pour publier un quotidien.

Après des années de censure, les Birmans se sont réjouis de la publication de ces quatre quotidiens privés, interdits par la junte militaire jusqu’à sa dissolution en mars 2011. Le régime militaire avait en effet nationalisé les quotidiens il y a cinquante ans, exerçant un contrôle sur la presse qui faisait de la Birmanie l’un des pays les plus répressifs au monde en matière de censure. 

La libéralisation des médias faisait partie du programme de réformes prises par le nouveau gouvernement. En août 2012, la Birmanie avait décrété l’abolition de la censure sur les médias, permettant aux journalistes de ne plus soumettre leur travail avant publication aux censeurs d’Etat, the Press Scrutiny and Registration Division, PSRD.

Ce vent de liberté qui souffle sur la presse birmane a permis au pays passer de la 179e à la 151e place dans le classement 2013 de Reporters sans frontières.

Grave crise religieuse entre bouddhistes et musulmans

Derrière ces mesures, c’est l’économie birmane qui est au cœur des préoccupations des autorités. En effet, accablée par de lourdes sanctions économiques pendant des années, le gouvernement veut satisfaire aux exigences occidentales pour donner un peu d’air à son pays en permettant, notamment, aux entreprises étrangères de s’installer sur son territoire.

Certaines autorisations ont été données, les Birmans attendent désormais le retour la croissance. Ces beaux projets restent cependant ternis par la crise religieuse qui accable le pays. La Birmanie est devenue le théâtre de violences religieuses meurtrières entre bouddhistes et musulmans. Parmi eux, les Rohingyas, dont les ONG estiment qu’ils forment la tribu la plus persécutée au monde.

En mars dernier, une simple altercation entre un vendeur musulman et des clients bouddhistes dans la ville de Meiktila avait suffi à mettre le feu au pays. Attisée par des moines ultra-nationalistes, une vague de violences s’est abattue sur toutes les minorités musulmanes, et notamment d’autres ethnies musulmanes qui, jusqu’à présent, cohabitaient bien avec le reste de la population birmane bouddhiste.

Sur ce sujet, le silence de l’opposante Aung San Suu Kyi interpelle la communauté internationale et la tournure qu’on pris les événements ces derniers mois font planer le doute sur les réelles capacités de la Birmanie de sortir de la crise.

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