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Comment appréhender cette année électorale qui s’ouvre?

02.01.2014 par La Rédaction
Comment appréhender cette année électorale qui s’ouvre?

En 2014, les électeurs sont appelés à voter pour les élections municipales (23 et 30 mars) et les élections européennes (25 mai). Mais à quoi faut-il s’attendre ? 2013 a vu l’émergence de mouvements de contestation, indépendants des partis et déterminés à se faire entendre. Leur colère se traduira-t-elle dans les urnes ? A qui la colère fiscale peut-elle bénéficier ? A l’abstention ou au FN, comme semblent l’annoncer les sondages ?

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Au 1er mars 2013, 44,1 millions de Français sont inscrits sur les listes électorales en France, auxquels il faut ajouter 53 000 électeurs de Mayotte. Par rapport à 2012, le nombre d’électeurs, hors Mayotte, a diminué de 0,8% (44,3 millions d’électeurs au 1er mars 2012). L’abstention sera-t-elle au rendez-vous de cette année électorale ? Face à l’émergence de mouvements sociaux contestataires, les partis politiques vont-ils réussir à convaincre les électeurs ? Eléments de réponse avec Guillaume Bernard, maître de conférences en histoire contemporaine. Entretien.

JOL Press : Comment analyser l’émergence de ces mouvements sociaux contestataires qui se sont fait connaître cette année ? On pense à la Manif pour tous, aux Bonnets rouges, aux Pigeons, aux Travailleurs du dimanche…

Guillaume Bernard : L’exaspération de nombre de Français repose, en grande partie, sur la distorsion entre le peuple et l’essentiel de ses élites qui le méprisent ostensiblement : ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, le traité de Lisbonne a-t-il repris l’essentiel des dispositions qui avaient été rejetées par référendum en 2005. La démocratie du peuple et des élites n’est pas la même.

Pour les citoyens, la démocratie consiste en un processus décisionnel : elle est un moyen permettant d’identifier l’assentiment du plus grand nombre. Mais la démocratie moderne, celle des élites, n’est pas neutre : elle ne saurait se réduire à une « simple » technique de prise de décision. Cette démocratie a pour finalité de réaliser un programme « progressiste ».

En vertu de la théorie de la souveraineté nationale, les citoyens n’expriment pas, en votant, leurs opinons mais ne font que désigner des représentants du corps social. En produisant des textes normatifs, les élus n’expriment donc pas la volonté de leurs électeurs mais celle du corps politique qu’eux seuls incarnent. S’il y a concordance entre la volonté (formatée ?) des électeurs et des élus, tant mieux, les textes n’en seront que plus facilement appliqués. S’il y a divergence, tant pis : c’est que le peuple n’a pas encore compris le sens inéluctable du progrès.

En refusant le mandat impératif et en méprisant la démocratie directe, les élites politiques reconnaissent ouvertement que leur démocratie n’est pas celle du peuple. D’ailleurs, pour tenter d’éviter que cela ne se voit trop, les élites intellectuelles, gardiennes de la démocratie moderne, s’efforcent de rejeter hors du débat légitime les positions considérées comme dépassées ou rétrogrades.

JOL Press : Comment expliquer la si faible popularité d’un parti comme l’UMP, à l’heure où l’exécutif est au plus bas dans les sondages ? Les Français n’ont-ils pas oublié la querelle fratricide de novembre 2012 ?

Guillaume Bernard : L’angoisse des Français sur leur avenir et celui de leurs enfants est telle que les querelles des personnalités politiques leurs apparaissent pitoyables : elles leur répugnent. Même s’ils en ont oublié les termes précis, le souvenir de l’affrontement de l’automne 2012 a marqué les esprits (tout comme d’ailleurs l’ « affaire Léonarda » a ridiculisé l’exécutif). L’UMP ne profite pas de la désaffection des Français envers l’exécutif parce que (tout simplement, si j’ose dire), il n’apparaît pas crédible.

Si le PS se révèle incapable de résorber les crises qui frappent la France, il a hérité d’une situation léguée par l’UMP. Le rejet de l’un n’entraîne donc pas une adhésion à l’autre. Cela est d’autant plus vrai que les électeurs se rendent de plus en plus compte que les lignes de fracture idéologiques (et donc programmatiques) passent plus au sein de la droite et de la gauche qu’entre elles : l’UMP ne peut donc pas apparaître comme l’exacte antithèse du PS et donc comme un évident recours puisqu’ils partagent certaines (pas toutes) positions.

Plus globalement, l’opinion publique (il suffit de constater les taux d’abstention) aspire à un renouvellement de la classe politique, non dans le seul but de changer le personnel élu mais afin que la politique, elle-même, cesse d’être confuse. Ce qui détourne les citoyens de leurs élus (et des institutions), c’est le sentiment que les promesses électorales ne sont pas tenues et que les mesures sont prises de manière désordonnée, sans plan ni vision d’ensemble, parfois même pour répondre à des intérêts particuliers. Dans l’ensemble, les Français sont prêts à des réformes, mais à la condition que les enjeux soient loyalement présentés et que les efforts soient équitablement répartis.

JOL Press : Quel est l’impact des élections intermédiaires dans un mandat présidentiel ?

Guillaume Bernard : Chaque élection a un objet et un ressort particuliers. Cela dit, un certain nombre d’électeurs peuvent se servir d’une convocation aux urnes non pour désigner des élus mais pour sanctionner un autre échelon politique. Si cela peut avoir un impact quant à l’atmosphère politique, les prochaines élections municipales et européennes ne peuvent institutionnellement pas remettre en cause la légitimité (d’origine) de l’exécutif.

Cependant, une défaite vraiment trop importante pourrait conduire à un remaniement du gouvernement. Si les conditions devenaient extrêmement graves (contestation par la rue), une dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas à exclure (même si elle assez peu probable dans l’état actuel des choses).

Cette décision du président de la République serait sans aucun doute suicidaire pour le PS, mais elle conduirait très vraisemblablement à une cohabitation ou, peut-être, à un gouvernement de grande coalition sur le modèle allemand, deux solutions qui « mouilleraient » la droite dans la gestion publique. Une telle décision ne pourrait qu’accélérer la recomposition du système partisan qui, jusqu’ici, est resté bipolaire mais qui semble en train de devenir tripolaire (gauche, droite, FN).

JOL Press : A qui la contestation ambiante et la colère fiscale peuvent-elles bénéficier ? A l’abstention ou au FN, comme semblent l’annoncer les sondages ?

Guillaume Bernard : La logique voudrait que la perte de confiance envers l’exécutif national se traduise par une progression de l’opposition et ce d’autant plus que l’effet de balancier (victoire au niveau local de l’opposition au niveau national) devrait jouer en sa faveur. Cela dit, l’exaspération des électeurs est, pour l’instant, plus susceptible de se manifester par de l’abstention et une progression du FN.

Cela dit, le calendrier électoral (les municipales précédant les européennes) ne lui est pas le plus favorable. En effet, ce parti ne présentera pas de listes dans toutes les grandes communes et ses résultats nationaux seront vraisemblablement minorés par rapport à ce qu’ils auraient pu être lors d’une élection nationale (en particulier présidentielle). Toutefois, pour établir le véritable impact du FN, il faudra regarder les résultats non pas au seul niveau national, mais au cas par cas : quelle est sa progression là où il est présent, peut-il arriver en tête au soir du second tour ?

Ayant récemment été ou étant au pouvoir, la droite et la gauche modérées sont handicapées par le fait qu’elles apparaissent comme les responsables directs de la situation actuelle. Il ne faudrait donc pas négliger la capacité du centre (qui apparaît, peut-être à tort, comme plus neuf) à progresser en raison, d’une part, du déplacement sur la gauche de certains électeurs de l’UMP qui refusent la droitisation du discours de ceux qui entendent rester sur le même créneau électoral et, d’autre part, à cause d’un empiètement du centre sur l’aile droite du PS par le glissement du libéralisme poussé vers la gauche en raison de ce que j’ai appelé le mouvement dextrogyre. Des électeurs déçus par le PS pourraient se reporter sur le centre parce que, modérés, ils n’envisagent pas de voter à l’extrême gauche.

Enfin, l’incapacité de l’extrême gauche à tirer bénéfice de la crise et de l’impopularité de l’exécutif PS mérite d’être relevée. De manière globale, son discours internationaliste, en des temps de recherche d’une protection, ne convainc pas. De manière plus ponctuelle, elle n’a pas compris que le visage de la lutte des classes avait changé : elle n’est plus une opposition entre employeurs et employés, mais entre centre et périphérie, entre déracinés (la sociologie politique dirait « ouverts ») et enracinés (l’analyse intellectuelle dirait « fermés »).

L’interprétation purement économique de la lutte des classes est dépassée. Les nouvelles classes sociales sont bien plus culturelles que matérielles. Ce que les hommes politiques ont négligé, c’est que le patrimoine n’est pas qu’individuel, il est aussi collectif, n’est pas seulement économique mais aussi identitaire. L’alliance des patrons et des salariés est incompréhensible pour un néo-marxiste ; et pourtant, elle est une réalité : ils peuvent avoir des intérêts partiels divergents mais un bien commun peut les unir.

JOL Press : La classe politique traverse actuellement une crise de confiance de grande ampleur. Comment cette confiance peut-elle être rétablie ?

Guillaume Bernard : La légitimité politique est soit d’origine (processus de désignation : Dieu, la coutume, les élections) soit d’exercice (manière et finalité avec lesquelles le pouvoir est exercé). Les institutions ne semblent pas être, pour l’instant, rejetées encore que l’abstention soit le signe d’une réelle désaffection. La légitimité d’origine semble toujours fonctionner ; mais elle ne dure qu’à la condition que les résultats soient là (l’état de grâce est de plus en plus court).

La confiance des gouvernés envers les gouvernants est indispensable pour que le pouvoir puisse s’exercer sans le recours à la force. Le risque c’est que, lorsque le pouvoir ne contrôle plus la situation du pays, la défiance se transforme en affrontements voire dégénère en guerre civile. Que se passera-t-il si, d’aventure, les épargnants étaient, dans un proche avenir, ponctionnés pour renflouer les banques ?

Etant donné que la légitimité d’origine est de plus en plus discutée, pour que le pouvoir ne soit pas contesté, il faut qu’il fasse la preuve de sa capacité à œuvrer pour le bien commun, autrement dit qu’il endosse une légitimité d’exercice. C’est tout, si j’ose dire…

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Guillaume Bernard est maître de conférences (HDR) à l’ICES (Institut catholique d’études supérieures). Il a enseigné ou enseigne dans les établissements suivants : Institut Catholique de Paris, Sciences Po Paris, l’IPC, la FACO… Il a rédigé ou codirigé un certain nombre d’ouvrages dont : Les forces politiques françaises (PUF, 2007), Les forces syndicales françaises (PUF, 2010), le Dictionnaire de la politique et de l’administration (PUF, 2011) ou encore une Introduction à l’histoire du droit et des institutions (Studyrama, 2e éd., 2011).

La Rédaction


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