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Corruption: le scandale va-t-il contraindre Juan Carlos à abdiquer?

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L’année 2014 sera-t-elle encore une annus horribilis pour la monarchie espagnole ? La couronne d’Espagne accuse en tout cas deux nouveaux coups durs en ce début d’année, dans un pays déjà essoufflé par la crise économique et gangrené par la corruption.

Popularité en chute libre

Selon un sondage publié dimanche 5 janvier par le quotidien espagnol de centre-droit El Mundo, le soutien au règne du roi Juan Carlos, qui souffre d’une santé fragile, a chuté de neuf points au cours des douze derniers mois, tombant à seulement 41,3%.

Les Espagnols sont désormais 62% à vouloir l’abdication du roi – qui fêtait dimanche ses 76 ans – en faveur de son fils, le prince Felipe. Et un Espagnol sur deux ne soutient plus le système monarchique.

Le safari du roi, premier scandale

Lundi 6 janvier, le roi est apparu avec sa femme, la reine Sofia, s’appuyant sur des béquilles. C’était sa première sortie officielle à l’occasion de la célébration de la Pâque militaire, depuis sa dernière opération de la hanche à la fin du mois de novembre.

Opération qui fait notamment suite à la chute du roi, en avril 2012, lors d’une partie de chasse à l’éléphant au cours d’un safari au Botswana censé rester secret.

Alors que la crise économique frappait l’Espagne de plein fouet, le coûteux voyage du roi – selon la presse espagnole, tuer un éléphant revenait en moyenne à  37 000 euros – avait choqué les Espagnols.

L’« affaire Noos »

Affaibli physiquement, le roi Juan Carlos est aussi au cœur de scandales familiaux. Son gendre, Iñaki Urdangarin, le mari de l’infante Cristina, est empêtré dans des affaires de corruption.

L’ancien champion olympique de handball, reconverti en homme d’affaires, est notamment soupçonné d’avoir détourné 6,1 millions d’euros d’argent public avec Diego Torres, son ancien associé au sein de l’institut Noos, chargé d’organiser des événements sportifs.

Cette affaire de corruption politique surgie en 2010, plus connue sous le nom d’« affaire Noos », a connu plusieurs rebondissements, notamment début 2013 lorsque Diego Torres a lancé quelques « bombes », accusant l’infante Cristina et même le roi d’être au courant des détournements de fonds. Cristina, ancienne membre du comité de direction de l’institut Noos, est par ailleurs soupçonnée d’avoir utilisé une autre société, Aizoon, comme société-écran pour détourner l’argent.

L’infante inculpée

Mardi 7 janvier, un juge espagnol a inculpé la fille de Juan Carlos pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux présumés. Elle est convoquée le 8 mars prochain au tribunal de Palma de Majorque, aux Baléares.

Cette inculpation, qui vient ternir un peu plus la couronne espagnole, pose la question d’une possible abdication du roi en faveur du prince Felipe, qui jouit au contraire d’une grande popularité auprès de la population.

Selon le sondage d’El Mundo, le prince héritier recueille 66% d’avis favorables et 57% des sondés pensent même qu’il est capable de redorer le blason espagnol.

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