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Des bières en guise de salaire pour les travailleurs alcooliques

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Le système de rémunération de la fondation Regenboog – « arc en ciel » en néerlandais – a de quoi surprendre… L’assiociation, financée principalement par l’État et des dons, distribue dix euros, un demi-paquet de tabac à rouler et cinq bières par jour, aux nettoyeurs alcooliques pour nettoyer les rues d’Amsterdam.

Trois jours par semaine, de 9h à 15h, deux groupes, chacun composé de neuf personnes, balaient les rues d’un quartier d’Amsterdam en échange de 5 canettes de bière. Deux sont distribuées en début de matinée, deux au repas de midi et une dernière pour terminer la journée.

Contre la marginalisation des alcooliques

Pour Hans Wijnands, le directeur de la fondation Regenboog, ce programme « pragmatique » a été développé pour lutter contre la marginalisation des alcooliques : « Nous n’exigeons pas qu’ils suivent des cures de désintoxication, mais nous les aidons s’ils le demandent. Ce n’est pas parce qu’une personne ne peut pas arrêter de boire qu’elle doit être exclue de la société » explique le directeur au quotidien El Pais.

Pour les participants, ce projet permet de structurer leurs vies : « Cela me permet d’avoir un horaire et de garder une certaine  discipline. Avant 2002, je travaillais 40 heures par semaine et j’ai finalement décidé de retourner travailler en extérieur. Et les riverains ont l’air satisfait de notre travail » explique encore l’un des travailleurs au quotidien espagnol, gilet orange fluo sur le dos.

Un projet adapté d’une initiative canadienne

Le projet de Regenboog découle d’une initiative similaire menée avec des personnes sans-abri au Canada. Seule différence, le salaire était distribué sous forme de verre de vin.

Pour Gerrie Holterman, la personne en charge du projet, une telle initiative permet également d’éviter les troubles à l’ordre public causés par certains des travailleurs avant qu’ils ne rejoignent l’association: « Ce groupe d’alcooliques chroniques causait une gêne dans l’Oosterpark [ndlr : un parc situé dans l’est d’Amsterdam] : bagarres, bruit, commentaires désobligeants pour les femmes. (…) L’objectif est de les tenir occupés, les amener à faire quelque chose afin qu’ils ne causent pas de problème dans le parc ».

Gerrie Holterman note soigneusement sur son carnet ce que chaque participant consomme comme alcool. Et lorsqu’elle doit s’absenter, ce sont les alcooliques eux-mêmes qui enregistrent le nombre de canettes ingérées.

 

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