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Des listes dissidentes face à NKM: les explications de «Paris libéré»

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« Nous voulons libérer Paris de son clientélisme, de sa fiscalité oppressante. Les impôts ont augmenté de 40 % en 12 ans. La dette a été multipliée par 4 », expliquait Charles Beigbeder, mardi 7 janvier, à l’occasion de ses listes « Paris Libéré ». « Notre liste se fonde sur la société civile, le non cumul des mandats, l’ancrage local. Nous avons une tête de liste dans 11 arrondissements. » L’un d’eux, Serge Federbusch, conseiller du Xe arrondissement, a choisi de se présenter face à Déborah Pawlik, investie par l’UMP.

JOL Press : Qu’est-ce qui vous a poussé à entrer en dissidence ?

Serge Federbusch : Je récuse totalement le terme de dissidence, nous avons formé une liste indépendante du centre et de droite qui réunit des candidats qui ne souhaitaient pas forcément, au départ, se joindre à Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce qui nous a poussés à constituer cette liste c’est cette idée selon laquelle les jeux seraient faits. Nombreux sont ceux qui considèrent qu’Anne Hidalgo va remporter ces municipales à Paris de manière triomphale à cause de l’enlisement de la campagne de NKM. Nous refusons cette idée. Nous refusons de voir, le 30 mars prochain, François Hollande se gargariser à l’idée que les Parisiens, et à travers eux les Français, sont satisfaits de sa politique.

Nous pensons que la politique permet de conjurer les situations qui semblent apparemment perdues, de créer des surprises. Nous voulons lutter contre le fatalisme qui s’est emparé de la droite. Nous ne sommes absolument pas responsables des déboires de Nathalie Kosciusko-Morizet.

JOL Press : Que reprochez-vous à Nathalie Kosciusko-Morizet ?

Serge Federbusch : Nathalie Kosciusko-Morizet a un projet qui ne se distingue absolument pas de celui d’Anne Hidalgo. Elle est un peu gagné par l’esprit festif et artificiel qui est caractéristique de la façon dont la mairie est gérée depuis une dizaine d’année par Bertrand Delanoë : elle souhaite doter Paris d’équipements un peu anecdotiques mais qui coûteront très cher comme un pont qui enjamberait la Seine pour permettre à une piste cyclable de la traverser. Son projet est, par ailleurs, mal chiffré. Quand elle promet de « doubler chaque euro investi » par les investisseurs dans une PME ou une start-up parisienne, on se demande quel effet cela pourrait avoir sur les finances alors même que les finances de la ville sont extrêmement fragiles. Le projet de Nathalie Kosciusko-Morizet  est inaudible.

Par ailleurs sa campagne est semée d’erreurs stratégiques. L’idée de s’allier avec le MoDem  de François Bayrou est, selon nous, une erreur. Les choix de pur appareil n’étaient pas nécessaires car dans une élection de listes à deux tours, ce sont aux électeurs de faire le tri au premier tour. En voulant faire une offre politique, dès le premier tour, avec des élus du MoDem, NKM a privilégié la tactique au détriment des militants. Et elle s’est fait des ennemis dans son propre camp car elle a dû éliminer des candidats. Elle porte seule ce choix.

 Enfin, elle a des méthodes extrêmement autoritaires et archaïques de désignation et de parachutage  au mépris du travail militant qui a été réalisé dans un certain nombre d’arrondissements. Tout cela, sans compter ses erreurs de communication…

JOL Press : Mais la victoire ne nécessite-elle pas obligatoirement l’union ?

Serge Federbusch : L’union ne se fait pas nécessairement au premier tour. Nous verrons qui arrivera en tête entre le 23 mars et je pense que nous pouvons créer la surprise, nous sentons déjà un engouement très fort pour nos listes. C’est la logique des institutions, les deux tours sont faits pour que chaque citoyen puisse avoir une offre diversifiée et innovante au premier tour, les compromis électoraux ne se font qu’au deuxième tour. La liste d’Anne Hidalgo ne fait pas alliance avec le Front de gauche et les Ecologistes.

JOL Press : Mais pourquoi n’avoir pas négocié des places sur des listes de NKM, pour pouvoir ensuite exposer vos idées ?

Serge Federbusch : Ce n’est pas possible puisque nous avons affaire à des gens qui sont des dictats qui n’entendent rien aux suggestions programmatiques que nous proposons. Le scénario que vous proposez n’avait pas lieu d’être parce qu’il n’était pas du tout celui que Nathalie Kosciusko-Morizet  avait en tête ni qu’elle pratiquait.

JOL Press : Que proposez-vous d’innovant dans votre programme ?

Serge Federbusch : Notre objectif est de battre Anne Hidalgo en défendant un programme fondé sur le développement de la démocratie directe où les citoyens ont véritablement leur mot à dire dans les choix urbains dans les décisions importantes d’organisation des services publiques.  Il faut régler le problème de la circulation dans Paris autrement que par des mesures démagogiques, extrêmement coûteuses et inefficaces, en créant, par exemple, des parkings aux entrées de Paris.

Nous proposons aussi de vendre les HLM à leurs occupants, à un niveau de remboursement qui corresponde à leur loyer. Ce qui entraînerait plus de responsabilisation pour les occupants de ces HLM et la fin du clientélisme entre les locataires de HLM et la mairie, car il est particulièrement malsain d’être locataire et électeur. On proposera, dans le domaine de la sécurité, que les fonctionnaires de police restent au minimum trois ans dans la ville avant d’être mutés ailleurs afin de renforcer les liens entre la police et la ville dans laquelle elle évolue. Et la liste des propositions est encore logue…

JOL Press : Quel est le regard de l’UMP sur votre action ?

Serge Federbusch : J’ai contesté ma suspension, je contesterai mon exclusion, à mon avis elle n’est pas statutaire. De toute façon, je pense que l’UMP est dans une logique de défaite et de refus de prise en compte des réalités. Malheureusement.

Propos recueillis par Marine Tertrais

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du Xème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d’informations en ligne sur l’actualité politique parisienne. Il a été successivement magistrat administratif, conseiller commercial en Asie, conseiller du maire du Paris pour l’urbanisme et les transports, directeur général de la Société d’économie mixte du Centre de Paris (Halles).

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