Site icon La Revue Internationale

Dialogue social à la suédoise: état des lieux

[image:1,l]

Une administration décentralisée

Par rapport aux autres pays européens, la structure de l’administration suédoise est extrêmement décentralisée. Des agences gouvernementales, pour la plupart indépendantes du gouvernement, gèrent les affaires publiques.

Ces agences, au nombre de 240, sont chargées de mettre en œuvre la politique décidée au niveau central, bénéficiant d’une grande autonomie et d’une importante marge de manœuvre en matière de fonctionnement et de budget. Informées des grandes lignes d’action du gouvernement, elles sont ensuite libres de les appliquer selon les modalités qu’elles souhaitent. Chaque année, elles doivent informer le gouvernement de leurs actions et de leurs performances financières.

Esprit de coopération

« Depuis la fin des années 1930, dans le monde du travail suédois, la tradition veut qu’une gestion saine et la liberté des décisions de gestion soient favorables tant aux partenaires sociaux, qu’aux employeurs et ouvriers », indique un rapport du ministère français du Budget.

« Cet aspect […] a fortement contribué à une culture de la coopération dans le domaine des relations sociales. Lorsque les négociations ont été autorisées dans le secteur de l’administration centrale en 1965, « l’esprit de coopération » du secteur privé a eu des retombées sur le secteur public ».

Le taux d’adhésion syndicale, relativement élevé en Suède – environ 80% – permet ainsi aux trois syndicats de fonctionnaires [LO, TCO et SACO] « de disposer d’un mandat légitime de représentation des employés », note le ministère. « La force des partenaires sociaux des deux camps permet de maintenir des relations harmonieuses et dignes de confiance ».

Ces points qui font consensus en Suède

Dans un article publié en juillet 2013 par le think tank français « La Fabrique de l’Industrie », intitulé « Les leçons de l’expérience suédoise pour le dialogue social français », Jean-Paul Bouchet, Secrétaire général CFDT-Cadres, relève plusieurs points sur lesquels il y a consensus en Suède, et qui pourraient servir de modèle pour la France, comme la recherche permanente d’efficacité de la part des acteurs sociaux, ou encore la prise en compte du temps long du dialogue et donc la nécessité d’anticiper.

« En Suède, dès qu’une question qui peut affecter l’économie ou la société se pose, les Suédois ont pour habitude de s’inscrire dans un travail préparatoire, de faire appel à des experts, de mettre en quelque sorte sur la place publique les projets de réforme et d’en débattre », explique à JOL Press Emilie Bourdu, également membre du think tank. « Cela prend donc un peu plus de temps, puisque c’est un long processus d’expertise et de négociation démocratique ».

Jean-Paul Bouchet pointe également l’importance de la compétitivité suédoise, qui mise sur le haut-de-gamme, l’innovation, la redistribution de la valeur ajoutée vers l’entreprise et la stabilité du capital. La Suède, petit pays de 9 millions d’habitants, mise également sur l’ouverture sur le monde, « matérialisée par une forte orientation à l’export, et qui témoigne d’un haut niveau de confiance en l’avenir », note-t-il.

La Suède a également « une certaine éthique de la responsabilité, qui incite à l’exemplarité et à la coopération ». Enfin, « le rôle des organisations syndicales, qui combinent revendications, négociations collectives (nationales et décentralisées), services professionnels et appui aux salariés », ainsi que « la forte prégnance du syndicalisme parmi les managers, les cadres et les personnels qualifiés » sont également des points facilitant le dialogue social.

Quitter la version mobile