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Du délicat choix d’un nouveau président en Centrafrique

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Il n’aura fallu qu’une semaine entre la démission du président Michel Djotodia et l’élection de son successeur. Entre-temps, c’est le président du Conseil national de transition (CNT), Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui aura assuré l’intérim au pouvoir. Un intérim aussi court que possible face à la gravité de la situation en Centrafrique.

Quel président pour gérer le chaos centrafricain ?

Mais alors que les membres du CNT, qui auront la charge de nommer le prochain président de transition, sont réunis depuis quelques jours pour étudier les différentes candidatures, l’attention de la communauté internationale et de la population centrafricaine se porte sur les caractéristiques qui devront être celles du prochain président qui, selon le programme officiel, devrait prêter serment samedi 18 janvier.

Michel Djotodia en a fait les frais la semaine dernière, la crise centrafricaine réclame un homme fort à la tête du pays. Un homme capable de rétablir un semblant de calme et de préparer la reconstruction de l’Etat en vue des prochaines élections qui devront se tenir début 2015, selon un agenda conclu entre le président démissionnaire et les autorités françaises.

Ce constat semble partagé par le président par intérim qui, dans une interview accordée à RFI déclarait : « Aujourd’hui le pays a besoin d’un compatriote qui a le sens élevé de l’Etat, un rassembleur qui peut fédérer toutes les tendances, pour permettre au pays de retrouver la paix, l’unité et la concorde nationale ».

« En très peu de mots, ce sont ces qualités qui doivent servir de repère pour la future élection dans les prochains jours », a encore estimé Alexandre-Ferdinand Nguendet.

La paix et la sécurité comme priorité

« La première chose qu’attendent les Centrafricains, c’est la paix, et avec elle, la sécurité », a pour sa part estimé Sylvain Demangho, président du Collectif des Centrafricains de France, dans une interview accordée à JOL Press. « Il faut que la sécurité puisse être assurée sur l’ensemble du territoire : d’abord à Bangui, qui est la capitale politique, mais aussi dans l’arrière-pays. Il faut que l’on puisse désarmer les milices et les forces militaires conventionnelles et non conventionnelles, recréer une nouvelle armée nationale et que la gendarmerie et la police puissent travailler ».

Comme le président par intérim l’a également affirmé, le président de transition devra tout faire pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel, estiment encore les Centrafricains de France. « Le problème, avant d’être ethnique ou confessionnel, est avant tout politique. Il faut donc résoudre le problème politique au travers d’élections, libres et transparentes, pour qu’enfin un nouveau pouvoir légitime et populaire puisse se mettre en place et reconstruire le pays ».

Un président neutre

Or dans un pays durablement et violemment polarisé, trouver un président qui représente toutes les factions et qui incarne en même temps la neutralité nécessaire à une sortie de crise relève déjà du défi pour les membres du CNT.

En effet, alors que la République centrafricaine est le théâtre de violences ethniques et confessionnelles qui font chaque jour plus de morts, le président doit être capable de défendre l’unité du pays. Pour cela, il doit être reconnu par la majorité, à savoir les chrétiens, dont certains se sont regroupés en milices d’auto-défense, désormais connues sous le nom d’anti-balakas, mais aussi, voire même surtout, par les minorités et notamment les musulmans et les anciens rebelles de la Séléka. Ce sont eux qui avaient porté Michel Djotodia au pouvoir.

Le CNT fera-t-il le bon choix ?

Parmi les quelques candidatures qu’étudient actuellement les hommes du Conseil national de transition, un homme aussi neutre et consensuel se dégagera-t-il ? Difficile de le dire tant les personnalités potentielles sont pour le moment inconnues.

En revanche, certains doutes planent quant à la réelle objectivité de la commission chargée de nommer le président. En effet, tous les membres du Conseil national de transition ont été nommés à la suite du coup d’Etat de mars dernier et donc ont été choisis par le régime issu de la rébellion de la Séléka.

Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président par intérim et éventuel candidat à sa propre succession, est lui-même considéré comme un proche de l’ancienne rébellion putschiste et de l’ancien président Michel Djotodia. Il a notamment été le premier à organiser une marche de soutien au coup d’Etat qui a renversé François Bozizé. 

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