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Engagée sur la voie de la démocratie, la Tunisie entre dans l’histoire

28.01.2014 par Mickael Lecarpentier

La Tunisie est désormais dotée d’une constitution. Après des mois de débats houleux à l’Assemblée, les Tunisiens se sont prononcés quasiment à l’unanimité pour le texte fondamental qui régira la Tunisie post-révolutionnaire. Une avancée qui ne préservera pas forcément le pays de futures crises politiques mais qui fait de la Tunisie le bon élève des révolutions arabes. Explications avec Pierre Vermeren, historien et spécialiste du Maghreb.

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Avenue Habib Bourguiba, à Tunis. (Crédit Shutterstock)

JOL Press : La constitution tunisienne a été adoptée avec une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions. Comment expliquez-vous un tel consensus après de nombreux mois de divergences à l’Assemblée constituante ?
 

Pierre Vermeren : Deux blocs principaux se sont opposés à l’Assemblée : la Troïka, soutien du gouvernement, et l’opposition. De nombreux débats ont opposé ces deux blocs et des compromis ont été faits de chaque côté.

Le processus a été très long puisqu’il a mis deux ans à aboutir. Cette Constitution est le fruit d’un compromis nécessaire où chaque article, chaque mot ont fait l’objet d’une négociation et d’un accord pour une volonté commune d’aboutir.

Je pense également qu’il y a eu parmi les membres de l’Assemblée un sentiment très vif d’être en train d’écrire l’histoire de la première constitution démocratique tunisienne. Dans l’histoire du monde arabe, c’est la première fois qu’un Parlement écrit sa propre constitution, et à l’unanimité.

Cette conscience de l’événement en cours a ajouté des voix à cette majorité impressionnante et inattendue.

JOL Press : Trois ans après la révolution, la Tunisie a désormais un gouvernement, une constitution, un agenda électoral. Peut-on dire que les Tunisiens sont sortis de leur crise ?
 

Pierre Vermeren : Ce serait certainement excessif. L’opposition est encore fragmentée. Elle est représentée par un parti dominant, Nidaa Tounes, qui est dirigé par Béji Caïd Essebsi, un vieux chef qui n’a pas le profil du jeune leader capable de remettre de l’ordre dans une opposition libérale très éclatée.

Quant au camp islamiste, il est plus uni mais des tensions ne sont pas à exclure entre ses composantes.

Dans la perspective des élections, il y aura des oppositions internes dans chaque camp et, entre les deux blocs, des différences d’interprétation inévitables sont à prévoir sur un certain nombre d’articles de la constitution. 

En outre, nous restons dans un contexte économique et social très difficile, avec également un environnement régional catastrophique, notamment avec la crise libyenne et la persistance de groupes terroristes. Je ne suis d’ailleurs pas certain que les gouvernements étrangers voisins regardent l’expérience tunisienne d’un bon œil.

JOL Press : Pour quelles raisons ?
 

Pierre Vermeren : Les Tunisiens sont en train d’essuyer les plâtres de la démocratisation dans le monde arabe et au Maghreb. Ils l’avaient déjà fait il y a trois ans et tout le monde avait prédit un échec. Or, pour le moment, cela semble fonctionner.

Pour certains pays de la région, cette démocratisation est également perçue comme une menace. Les régimes autoritaires restent dominants dans la région. Il y a une reprise en main de l’armée en Egypte, les pays du Golfe et du Moyen-Orient restent sur des modèles autoritaires, comme dans quasiment tout le Maghreb.

Dans tous les pays arabes de la région, des tensions extrêmement fortes persistent entre les islamistes et les libéraux. Chacun des groupes refuse souvent de faire le moindre compromis. Aujourd’hui, les Tunisiens viennent de prouver qu’il est possible de faire de tels compromis.

JOL Press : Vous estimez alors que la Tunisie est un bon élève du Printemps arabe ?
 

Pierre Vermeren : C’est en tout cas le principal ! Il y a peu de comparaisons possibles avec les autres pays issus des révolutions arabes. Peut-être que la Libye, après de multiples tourments, finira par aboutir à un tel processus, mais elle n’en prend certainement pas le chemin pour l’instant.

JOL Press : Ne peut-on pas craindre, lors des prochaines élections, que toute cette construction démocratique n’échoue si les islamistes d’Ennahda remportent le scrutin, provoquant une nouvelle fois la formation d’un front libéral d’opposition ?
 

Pierre Vermeren : La constitution prévoit que la majorité qui sera élue ne pourra pas retoucher le texte. Les gardes-fous de ce texte satisfont les exigences minimales des islamistes comme des libéraux et de la gauche.

Sur la question de la charia par exemple, un sujet essentiel pour les islamistes, ces derniers ne pourront pas s’appuyer sur la constitution pour interdire, par exemple, la liberté de conscience. Les islamistes peuvent très bien remporter les futures élections, ce qu’ils espèrent, mais l’opposition sera protégée par la constitution, et laissera donc les islamistes gouverner jusqu’aux prochaines élections. D’autant que les électeurs peuvent choisir un président non-islamiste.

Certes, il n’y a pas de précédents dans la région et on peut s’attendre à n’importe quel scénario, même une prise de pouvoir par la force, mais la Tunisie a toujours cultivé cependant une certaine forme de légalisme. Et son armée n’est jamais intervenue sur la scène politique intérieure, un cas régional unique.

 

Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

Mickael Lecarpentier


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