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Féministes et musulmanes: elles expriment leur ras-le-bol sur Twitter

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La notion de féminisme islamique n’est pas nouvelle. Mais elle trouve un nouveau canal de diffusion sur les réseaux sociaux, et en particulier sur Twitter, où le phénomène fait du bruit depuis quelques jours.

Le 10 janvier, Nour al-Aïn Chahed, étudiante à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, a lancé sur Twitter le hashtag (« mot-dièse ») #lifeofamuslimfeminist, soit « la vie d’une féministe musulmane » en français.

Alors que « les féministes blanches veulent enlever ton hijab [voile islamique qui couvre les cheveux] et te « libérer », les Musulmans te disent que tu n’as pas besoin du féminisme », déplore la jeune internaute dans ce tweet.

« Les féministes musulmanes ont beaucoup à dire »

En quelques minutes, le message est retweeté des dizaines de fois et des centaines d’internautes musulmanes reprennent le hashtag afin de faire entendre leurs revendications. Nour elle-même explique dans un autre tweet qu’elle ne pensait pas que le hashtag connaîtrait un tel succès sur Twitter. « Quand j’ai créé le hashtag, honnêtement, je ne pensais vraiment pas qu’il exploserait comme cela. Cela prouve juste que les féministes musulmanes ont BEAUCOUP à dire »

Le phénomène a été repris par le site BuzzFeed, qui publie une trentaine de ces tweets « personnels et honnêtes » qui « donnent une perspective convaincante sur le féminisme musulman » en 140 caractères.

« La vie d’une féministe musulmane c’est passer son temps à expliquer qu’être musulmane et féministe à la fois n’est pas un oxymore ».

« Nous sommes traitées comme des citoyennes de seconde zone par les hommes musulmans, alors que l’islam élève le statut des femmes ».

« Comment une femme doit-elle s’habiller ? »

Le phénomène coïncide également avec la publication d’une enquête menée par l’Institut pour la recherche sociale de l’Université du Michigan aux États-Unis et intitulée « Lieu de naissance du « printemps arabe »: valeurs et perceptions de l’opinion publique tunisienne ».

L’étude fait notamment une comparaison entre la perception du voile islamique en Tunisie et dans six autres pays – Arabie saoudite, Égypte, Irak, Liban, Pakistan et Turquie. À la question : « Comment une femme doit-elle s’habiller en public ? », les personnes interrogées dans ces sept pays devaient choisir entre plusieurs images de visages féminins, couverts par une burqa afghane, un niqab, un hijab ou la tête nue.

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Si le Liban, la Tunisie ou la Turquie choisissent les visages les moins voilés, l’Arabie saoudite et le Pakistan, pays réputés pour être plus conservateurs, optent plutôt pour le voile intégral.

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Mipsterz : des musulmanes à la pointe de la mode

Dans un autre registre, la publication en novembre 2013 d’une vidéo intitulée « Somewhere in America » avait suscité la polémique aux Etats-Unis. On y voit des jeunes musulmanes se revendiquant du mouvement « Mipsterz » (néologisme né en 2012 et construit sur les mots « muslim » et « hipster »), habillées à la pointe de la mode, déambuler en talons aiguilles et sur des skateboards dans des endroits « cool ».

Sur la page Facebook de ce petit « mouvement », on peut lire qu’« un(e) Mipster est quelqu’un au fait des dernières musiques, modes, mouvances artistiques, pensées critiques, nourritures, créativité », qui en même temps « cherche l’inspiration dans la tradition islamique et les écritures divines ».

« Attends, ils nous détestent parce qu’on est musulmans ? Ou ils nous détestent parce qu’on est des hipsters ? », écrivent les administrateurs de la page Facebook avec ironie. La vidéo, controversée, a eu le mérite de susciter le débat sur les stéréotypes qui entourent encore les femmes voilées.

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