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Folles rumeurs et infos sérieuses: l’insaisissable Corée du Nord

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Mercredi 8 janvier, le leader nord-coréen Kim Jong-Un fêtait ses 31 ans – ou 30, ou 32, puisque l’année de naissance du jeune chef suprême, à la tête du pays depuis deux ans, fait toujours débat.

Happy Birthday, mister dictator

À cette occasion, la star de basket américain, Dennis Rodman, a entonné un « happy birthday » pour son « ami pour la vie » Kim Jong-un, avant un match défendu à Pyongyang, la capitale nord-coréenne. L’ancien défenseur des Chicago Bulls, connu pour être un proche du leader nord-coréen, lui-même fan de basketball, n’en est pas à sa première sortie médiatique.

La veille, il s’était d’ailleurs attiré les foudres américaines après s’être accroché avec un journaliste de CNN. Celui-ci avait interrogé l’ancien joueur de basket sur sa volonté ou non de demander au leader nord-coréen des nouvelles du sort réservé à Kenneth Bae. Cet Américain, accusé d’avoir voulu renverser le régime nord-coréen, a été condamné en avril 2013 à quinze ans de camp de travail.

Visiblement en colère, Dennis Rodman a répondu sans plus s’étendre : « Vous savez ce qu’il a fait dans ce pays ? Pourquoi il est détenu dans ce pays ? J’adorerais en parler », après avoir déclaré qu’il n’avait « rien à foutre » de ce que le journaliste pouvait penser de cette condamnation.

Le basketteur a avoué par la suite avoir bu avant l’interview, et s’est excusé de cet échange houleux avec le journaliste. C’est la quatrième fois que l’ex-star de la NBA se rend en Corée du Nord, où il entretient des lieux amicaux avec le jeune dictateur.

L’oncle de Kim Jong-un exécuté…

Kim Jong-un, qui dirige depuis deux ans d’une main de fer le pays – l’expression est presque douce – fait régulièrement l’objet de rumeurs et d’informations hasardeuses, nourries par un manque de transparence critique au sein des arènes du pouvoir nord-coréen.

On se souvient, en décembre dernier, de l’annonce faite par le régime du limogeage et de l’exécution de Jang Song-thaek, l’oncle et mentor officieux de Kim Jong-un. Accusé de trahison et de corruption, l’ancien numéro deux du pouvoir nord-coréen a fait les frais du pouvoir dictatorial de son neveu. Une épuration qui a entraîné par la suite une purge au sein de ses proches.

Si le jeune « chef suprême » a profité de l’entrée dans la nouvelle année pour déclarer que son parti avait pris, en 2013, « des mesures décisives pour éliminer des éléments pourris en son sein », indiquant que cette purge avait « grandement contribué à consolider l’unité du parti », les rumeurs les plus folles avaient déjà circulé sur la mort de Jang Song-thaek, interrogeant la communauté internationale sur le degré d’absurdité du régime dictatorial.

… par une meute de chiens affamés ?

Après avoir appris la mort de l’oncle de Kim Jong-un, on apprenait en effet que celui-ci avait été jeté en pâture, nu, à 120 chiens affamés qui aurait dévoré son corps, sous les yeux du leader nord-coréen et de 300 hauts responsables.

Une fausse information qui a largement circulé sur les réseaux sociaux et dans les journaux étrangers, mais qui proviendrait en fait d’un message posté par un blogueur et satiriste taïwanais sur Weibo – le Twitter chinois. Un scénario digne des pires films d’horreur, qui a cependant contribué à alimenter les rumeurs les plus sordides concernant le pays le plus fermé du monde.

Le problème, avec la Corée du Nord, c’est qu’il est souvent difficile de distinguer le vrai du faux, tant certaines nouvelles paraissent invraisemblables. L’exécution de l’ex-petite amie du dirigeant nord-coréen pour une « sextape » – il s’agissait en fait d’une vidéo montrant la jeune femme dansant sur scène en robe fendue, les épaules dénudées – avait notamment alimenté la presse étrangère qui s’interrogeait, en août dernier, sur le bien-fondé de cette information.

Deux mois après, un chef des services secrets sud-coréens confirmait l’information, cependant démentie par le gouvernement et les médias nord-coréens.

2014, l’année de toutes les menaces ?

L’entrée en 2014 a déjà été marquée par les annonces fracassantes de Kim Jong-un qui fait une fois de plus planer la menace nucléaire sur ses proches voisins sud-coréens et ses plus lointains ennemis américains.

Dans un message diffusé par la télévision nationale le 1er janvier 2014, le dirigeant nord-coréen a en effet déclaré que « si la guerre éclate à nouveau [dans la péninsule coréenne], elle engendrera un désastre nucléaire massif et les Etats-Unis ne seront jamais indemnes », ajoutant que le pays se trouvait « face à une situation dans laquelle un petit incident militaire accidentel peut conduire à une guerre totale ». Ces nouvelles menaces ne sont-elles qu’un feu de paille ? Onze ans après le retrait de la Corée du Nord du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le 10 janvier 2003, rien n’est moins sûr.

Des images satellite, récemment analysées par l’Institut américano-coréen de l’université Johns Hopkins, basée aux États-Unis, montrent que le pays redoublerait d’efforts pour réactiver le site atomique de Yongbyon, à 100 kilomètres au nord de Pyongyang. Des barres de combustible, nécessaires à l’activation des réacteurs au plutonium, seraient même en cours de fabrication. Des informations encore une fois difficilement vérifiables en détails, à cause du manque d’informations crédibles sur le programme nucléaire de la Corée du Nord délivrées par le régime.

Le 8 janvier, l’Initiative contre la menace nucléaire (NTI), groupe basé à Washington, a par ailleurs placé le pays communiste à la dernière place de son classement sur la sécurité des matières nucléaires dans 25 pays.

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