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France-Chine: 50 ans de relations diplomatiques en six dates-clés

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« Avant d’être communiste, la Chine est la Chine », déclarait le général de Gaulle le 22 janvier 1964, quelques jours avant l’annonce officielle de la reconnaissance de la Chine populaire par la France. Une annonce qui avait ouvert la voie aux relations diplomatiques entre les deux pays, dans un monde encore partagé en deux blocs antagonistes.

27 janvier 1964 : l’annonce du général

C’est dans un communiqué qu’il avait voulu sobre que le général de Gaulle déclare, le 27 janvier 1964, que « le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d’un commun accord, d’établir des relations diplomatiques. Ils sont convenus à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois ».

Dans un monde alors bipolaire, l’annonce du général de Gaulle fait l’objet d’un véritable « coup de tonnerre » dans le ciel de la diplomatie. Lors du Conseil des ministres du 22 janvier, le général de Gaulle déclarait même que les réactions suscitées par les rumeurs d’une reprise des relations sino-françaises étaient « passionnelles, et même assez hystériques du côté américain ».

Les États-Unis voient en effet d’un mauvais œil l’établissement de ce nouveau pont diplomatique entre la Chine et la France qui cherche à prendre son indépendance vis-à-vis du pouvoir américain. Deux ans plus tard, Washington essuie un nouvel affront lorsque le général de Gaulle annonce la sortie de la France de l’OTAN.

Septembre 1973 : Pompidou en Chine

Selon la Fondation Charles de Gaulle, « l’acte du général de Gaulle conserve une aura qui ne s’est pas démentie dans la mémoire chinoise ». La Chine associe d’ailleurs toujours le général de Gaulle à l’idée d’une « Grande France » visionnaire, puisqu’elle avait prédit l’émergence de la puissance chinoise.

L’échec du référendum en 1969 et la mort rapide du général de Gaulle le 10 novembre 1970 freinera cependant les appels du pied de Pékin qui espérait pouvoir organiser le voyage du général français en Chine. Le jour de sa mort, le drapeau est dailleurs mis en berne à l’entrée de la Cité interdite, à Pékin.

C’est finalement son successeur Georges Pompidou qui, en septembre 1973, sera le premier chef d’État français et du monde occidental à se rendre en République de Chine populaire, où il rencontre le président Mao Tsé-Toung.

1980 – 1989 : Les premiers accords

Après Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing attend 1980 et les derniers mois de son mandat pour effectuer la deuxième visite officielle d’un président français en Chine. Il rencontre le successeur de Mao, Deng Xiaoping, qui mène alors une politique d’ouverture après l’annonce de la fin de la Révolution culturelle. La rencontre est marquée par la signature d’un accord sur la construction de deux réacteurs nucléaires en Chine.

En mai 1983, François Mitterrand effectue sa première et unique visite officielle en Chine en quatorze ans. La visite est essentiellement culturelle : le président français inaugure une exposition sur Picasso, visite le tombeau de l’empereur Qin Shi Huang, et remet la Légion d’honneur à l’écrivain chinois Pa Kin. Mais il montre également sa volonté de renforcer ses échanges commerciaux avec la Chine, dans un contexte de concurrence avec la République fédérale d’Allemagne.

1994 – 2007 : Jacques Chirac le sinophile

Après un refroidissement des relations franco-chinoises, dû notamment à la répression sanglante de la place Tiananmen en 1989, Jacques Chirac le sinophile entame une nouvelle ère diplomatique. La première visite du président français est marquée par la signature d’une « déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global » avec son homologue Jiang Zemin.

En cette période post-guerre froide, la France souhaite avant tout « accompagner le retour de la grande Chine sur la scène mondiale ». En 2004, la France et la Chine célèbrent en grande pompe les quarante ans de leurs relations diplomatiques, marquées par lorganisation de lannée de la Chine en France, mais également par quelques crises, comme la vente d’un satellite français à Taïwan.

Jacques Chirac, qui souhaite la levée de l’embargo sur les livraisons d’armes à la Chine décrété en 1989, se heurte dans les années 2000 à la méfiance de ses homologues européens. Il multiplie cependant les visites officielles dans l’« empire du Milieu », réaffirmant à chaque fois la volonté de renforcer le « partenariat global » avec la Chine.

2008 : la reprise des tensions

La présidence de Nicolas Sarkozy est marquée par la reprise des tensions entre les deux pays, malgré la volonté affichée de la France de renforcer les échanges commerciaux avec la Chine. La question de la lutte contre la pollution et les gaz à effets de serre et celle, épineuse, du respect des droits de l’Homme en Chine sont autant de sujets abordés par le président français, qui font grincer des dents le gouvernement chinois.

L’organisation des Jeux olympiques à Pékin en août 2008 intervient dans ce contexte de crise. Nicolas Sarkozy ne reste d’ailleurs que quelques heures sur place pour assister à la cérémonie d’ouverture. Il faut attendre 2010 et la troisième visite du président français, essentiellement culturelle, pour entrevoir un léger dégel des relations. Sa quatrième et dernière visite officielle en mars 2011 empêche encore un réchauffement total des liens diplomatiques, alors que la Chine d’Hu Jinato désapprouve les frappes aériennes françaises en Libye.

2014 : le retour à la normalisation des relations bilatérales ?

Si les dernières visites officielles des chefs d’État en Chine se sont accélérées – les enjeux d’ordre économique prenant souvent le pas sur les questions politiques et d’ordre intérieur – 2014 pourrait marquer l’entrée dans une nouvelle ère diplomatique.

Les célébrations du cinquantenaire des relations bilatérales, symbolisées par l’exposition de la vieille Citroën DS noire du général de Gaulle sur la place Tiananmen, ouvrent la voie dune normalisation des relations qui, selon certains observateurs, s’attachent désormais plus aux enjeux commerciaux quaux questions gênantes.

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